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Se considérant provoquée, l’opposition se braque derechef

Bien qu’exclus une fois de plus, nombre d’opposants se sont montrés compréhensifs à l’égard des conditions, régionales surtout, qui ont imposé la mise en place d’un gouvernement ultrasyrianisé. À leur avis, en effet, il convient de ne pas titiller Damas à un moment où il se trouve confronté à de redoutables pressions US. Par cette attitude, ces pôles prouvent qu’ils ne sont pas hostiles à la Syrie et qu’ils tiennent à des relations vraiment privilégiées, mais assainies, avec elle. Changement de ton hier, avec l’uppercut reçu par l’Est en plein menton. Encore une fois à travers le cas-clé, typique et symbolique, de la MTV dont la fermeture se fait définitive. Donc non seulement on ne coopte pas Kornet Chehwane dans un cabinet qui ne fait aucune part à l’entente, mais on frappe encore le camp chrétien dans ses libertés et dans ses moyens d’expression. Ce qui signifie, comme la toute première fois, que les loyalistes claquent d’avance la porte de tout dialogue positif, rationnel, enclenché dans l’intérêt bien compris du pays. Partant de là, les opposants reprennent leurs billes et entreprennent de critiquer un pouvoir qu’ils avaient résolu de ménager. Ils lui reprochent de rechercher la confrontation et trouvent, soudain, que la mise en place du nouveau gouvernement est aussi une provocation agressive. Car elle trahit l’esprit de Taëf qui commande la réconciliation, la participation ouverte à tous, sur base d’un consensus général sans exclusion ni discrimination. Les opposants dénoncent dès lors le monochratisme accentué de la nouvelle équipe, les ministres se trouvant tous dépendant, à des degrés variables, d’une même ligne pour ne pas dire d’une même autorité. Les mêmes sources indiquent qu’à leur avis il y a eu erreur de choix. Dans ce sens que si la Syrie a souhaité être soutenue par une équipe forte, dont seraient écartés même les loyalistes qui suivent des cheminements par trop individuels ou indisciplinés, elle n’obtient finalement qu’une formation hétéroclite et molle. Pour les contestataires réveillés de l’Est, il paraît probable que c’est à dessein que le pouvoir a laissé échapper une occasion de réaliser l’entente et qu’il a enfoncé même le clou avec l’épilogue de l’affaire MTV. Dès lors, ces opposants affirment redouter de nouvelles tribulations. À leur sens, les tentatives de justifier le choix du nouveau ministère en soutenant qu’on ne pouvait faire mieux dans les circonstances présentes cachent en réalité une manœuvre délibérée, bien programmée, mûrement préparée, visant à réduire au silence toute objection interne. Selon certains d’entre eux, le plan a été élaboré dès février ; et selon d’autres, détail du reste peu important, juste après la chute de Bagdad. Ils s’accordent en tout cas à estimer que la mission politique « destroy » du nouveau cabinet est évidente. Et ils en citent pour preuve les déclarations fracassantes, d’entrée de jeu, de certains ministres ultras. Selon un député membre de Kornet Chehwane, le nouveau gouvernement aurait pour but de provoquer dans le pays un climat délétère de divisions. À seule fin que Damas puisse intervenir pour bien montrer à autrui, à l’Amérique notamment, l’importance constante de son rôle d’arbitre vigilant au Liban. Mais d’autres opposants sont encore plus sceptiques et doutent, paradoxalement, que l’on veuille faire monter la tension. Car cela signifierait, selon eux, que les décideurs devraient en fin de compte donner quelque chose à l’Est, pour équilibrer et prouver qu’ils sont de bons tuteurs impartiaux. Magnanimité éventuelle que ces pôles ne souhaitent pas concéder aux parrains. Au-delà de ces subtilités d’analyse préventive ou de casuistique, les opposants sont donc d’accord pour redouter le nouveau gouvernement et ses visées politiques. Ils s’appellent mutuellement à la vigilance. D’autant qu’à les en croire, certaines voix équivoques traitent de l’implantation ou de la cause palestinienne comme si elles cherchaient à provoquer des fissures confessionnalisées sur la scène locale. Ce qui profiterait, répètent ces opposants, à l’immixtionnisme des décideurs. En tout cas, l’Est se dit plus « mouhbat », plus déprimé que jamais. À cause de la MTV. Et du gouvernement, formé en base d’une émulation d’allégeance à autrui. Ainsi, relève-t-on, la compétence a été si peu prise en compte qu’un agronome s’est vu confier l’Industrie plutôt que l’Agriculture et un chef de diplomatie expérimenté nommé à l’Environnement. Tandis que l’on écartait un élément de la valeur de Ghassan Salamé, qui avait à son actif la réussite de deux sommets et s’était avéré comme un brillant ministre de la Culture. Toujours est-il que les haririens de leur côté indiquent que leur chef se propose de pallier le déficit politique manifeste du nouveau gouvernement en mettant les bouchées doubles sur le plan du travail sérieux et du redressement économique. Philippe ABI-AKL
Bien qu’exclus une fois de plus, nombre d’opposants se sont montrés compréhensifs à l’égard des conditions, régionales surtout, qui ont imposé la mise en place d’un gouvernement ultrasyrianisé. À leur avis, en effet, il convient de ne pas titiller Damas à un moment où il se trouve confronté à de redoutables pressions US. Par cette attitude, ces pôles prouvent...