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Tourisme - Guerre d’Irak, pneumonie atypique et crise économique Espoir d’une reprise, malgré la morosité qui paralyse le secteur des voyages(photo)

La guerre d’Irak et la pneumonie atypique, le tout sur un fond de crise économique, ont porté un coup dur au secteur des voyages. En effet, cette période de vacances, supposée être bonne pour les agences de voyages locales, s’annonce plutôt morose, malgré la sensible reprise qui a accompagné la fin de la guerre en Irak. Une reprise qui s’est traduite par un rush de dernière minute sur la destination de Charm el-Cheikh et une demande pour l’Europe, vu la baisse des tarifs de certaines compagnies aériennes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les voyagistes estiment la baisse à 40, 50 ou même 60 % par rapport à l’année passée. Quant aux stratégies, elles sont toutes à revoir, vu les bouleversements occasionnés tant par la guerre que par l’apparition du SARS. Les premiers jours de la guerre sont qualifiés de « noirs et désastreux » par la majorité des voyagistes : annulations à la pelle, mais aussi arrêt total des ventes ont été constatés à l’unanimité. Et pour cause, la peur et l’expectative ont gagné l’ensemble des candidats au voyage durant près de trois semaines. « Les deux premiers jours, le téléphone n’a pratiquement pas sonné, car les gens étaient rivés devant leur poste de télévision », raconte Lina Ghazi, propriétaire de l’agence Ghazi Travel. « Les gens ne pouvaient envisager d’aller s’amuser alors que d’autres subissaient la guerre », renchérit Georges Pétrakian, PDG de Tania Travel. L’apparition du syndrôme de la pneumonie atypique en Extrême-Orient a, par ailleurs, sensiblement aggravé le problème. En effet, les destinations exotiques, comme la Thaïlande ou la Malaisie, très prisées par les jeunes couples depuis quelques années, n’ont subitement plus intéressé personne. La peur d’attraper la pneumonie atypique l’emporte désormais sur la curiosité et la soif d’exotisme. Même le Canada n’a plus la cote. Les voyagistes ont dû se résoudre à prendre moins de risques, à annuler certaines de leurs destinations jugées trop risquées ou à diminuer des vols charters ou des « allotements ». Charm el-Cheikh en vedette Ce n’est que depuis une semaine que les agences de voyage ont constaté une reprise de leurs activités ; reprise qui a coïncidé avec la fin des combats en Irak et l’imminence des vacances de Pâques, et qui s’est concentrée sur certaines destinations. En effet, si les courts séjours sont désormais très prisés, c’est Charm el-Cheikh qui est en tête du box-office des ventes pour la période des fêtes, suivie par l’incontournable Paris, puis par Rome, Madrid, Vienne et même Prague, alors que la cote de Dubaï continue de monter progressivement auprès des vacanciers libanais. « Cette dernière destination attire cette année davantage de nouveaux mariés qui y passent leur lune de miel, d’autant plus qu’ils ont peur d’aller en Extrême-Orient », constate Mme Ghazi. Quant à la Turquie, généralement très prisée à cette période de l’année, elle semble quelque peu mise entre parenthèse, même si Istanbul reçoit régulièrement son lot de visiteurs. Jugée trop proche de l’Irak par les uns, la destination n’est plus aussi concurrentielle aux dires des autres, depuis que de nombreuses compagnies d’aviation proposent des vols pour les villes européennes à partir de 249 dollars. « Les vacanciers préfèrent profiter de ces promotions pour visiter Paris, Rome ou Madrid, remarque Toufic Keyrouz, propriétaire de l’agence Lit Otul, d’autant plus que la Turquie n’a pas revu ses prix à la baisse ». « En effet, précise-t-il, il est aujourd’hui possible de passer 6 nuits à Paris dans un hôtel trois étoiles pour 550 dollars, petit déjeuner et billet d’avion inclus ». Et d’ajouter que c’est la première fois que les prix sont aussi bas à Pâques ; tarifs qui sont plus intéressants que ceux pratiqués durant la basse saison. « D’ailleurs, conclut-il, depuis quelques jours, nous sommes carrément débordés. » Un rush qualifié par l’agence Liban Loisirs de relatif, d’autant plus qu’il est possible de trouver des places, en dernière minute, pour n’importe quelle destination européenne. Pour les spécialistes de l’Égypte, la ruée sur Charm el-Cheikh constaté depuis près d’une semaine est inattendue, voire inespérée. Cet engouement s’explique par les prix relativement bas, la rapidité des formalités de visa (24 heures), la douceur du climat et la proximité de cette destination de vacances. Mais il reste bien en deçà des normales saisonnières et survient trop tard, alors que les voyagistes avaient déjà annulé les charters et les « allotements » réservés avant la guerre. « En effet, indique M. Keyrouz, au total, huit charters ont été affrétés pour les deux Pâques par diverses agences de voyage alors que l’année passée, ces charters se chiffraient à vingt. » Plus de couples que de familles Refusant de se laisser aller au découragement, les voyagistes accueillent ces demandes inattendues comme une manne venue du ciel. « Nous avions prévu un seul vol pour Charm el-Cheikh. Nous en avons rajouté un second vu la demande, d’autant que celle-ci est plus importante pour la Pâques orthodoxe », constate Liliane Daher, propriétaire de l’agence Nakhal. « Nous estimons avoir atteint notre objectif si nous réalisons 40 % du chiffre de l’année passée pour la même période, autrement dit, si nous réussissons à remplir ces deux charters », observe-t-elle, tout en précisant que l’année passée, l’agence en avait affrété huit. Et d’ajouter que malgré la guerre d’Irak, la demande pour la France et notamment pour Paris et Lourdes demeure très importante. De son côté, Georges Pétrakian espère pouvoir répondre au rush pour la même destination. « Les deux vols charters sont déjà complets. Nous envisageons de louer un avion plus grand pour ne pas refuser de demandes », dit-il, précisant par ailleurs que le voyage à Charm el-Cheikh, comprenant 4 nuitées dans un hôtel 5 étoiles, revenait au total à 385 dollars, taxes, assurance et transferts inclus. Quant à l’éventualité de répondre à une demande plus importante, les voyagistes l’envisagent, sans pour autant y croire : « On avisera en temps voulu si les clients se font plus nombreux », répond Mme Daher, avec une note d’humour. Certes, la saison de Pâques, généralement considérée comme une haute saison, reste bien en deçà des estimations, mais nombreux sont ceux qui espèrent encore compenser cette mauvaise période. « Depuis quelques jours, cela commence à bouger, constate Josyane Abou Merhi, directrice de Translebanon tours, mais nous nous attendons à plus de départs durant la seconde moitié du mois d’avril ainsi qu’en mai, d’autant plus que de nombreuses compagnies ont repris leurs vols à partir du Liban. » Une période durant laquelle les couples ou les étudiants partent en vacances, les nouveaux mariés en lune de miel et les femmes seules voyagent dans les capitales européennes pour y faire leurs achats. Et de préciser que la demande pour des voyages courts de la part de couples est nettement plus importante que celle pour les voyages en famille, en nette régression depuis la crise économique. Si certaines agences rechignent à donner leurs estimations, d’autres parlent sans hésiter d’une baisse de 40, 50, voire 60 % de leur chiffre d’affaires durant la période de Pâques. Il reste à souhaiter que la reprise qu’elles voient poindre soit réelle et leur permette d’espérer une bonne saison d’été. Pour cela, les voyagistes se déclarent prêts à modifier leur stratégie et à aller à la recherche de nouvelles destinations pour s’adapter à la situation. Anne-Marie EL-HAGE
La guerre d’Irak et la pneumonie atypique, le tout sur un fond de crise économique, ont porté un coup dur au secteur des voyages. En effet, cette période de vacances, supposée être bonne pour les agences de voyages locales, s’annonce plutôt morose, malgré la sensible reprise qui a accompagné la fin de la guerre en Irak. Une reprise qui s’est traduite par un rush de...