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Aoun propose un congrès national, hors du Liban, pour préparer l’avenir

Paris - de Élie MASBOUNGI Le général Michel Aoun a invité tous les Libanais à tenir dans les plus brefs délais un congrès national hors du Liban pour réaffirmer les principes de base d’indépendance, de souveraineté et de liberté « loin de toute tutelle et de concubinage politique ». Il a précisé que les fractions libanaises dépendant de forces, d’instances et de courants non libanais devraient s’abstenir de participer à ce congrès dont les thèmes doivent se limiter au renouveau national et à l’adoption du Liban comme patrie définitive. L’ancien chef du gouvernement a estimé, par ailleurs, que ces assises devraient permettre de faire face au vide, au niveau de la sécurité, que laisserait un départ précipité des troupes syriennes suite aux dangers qui menacent le régime de Damas. Il a indiqué à cet égard que les forces armées libanaises présentes sur le terrain sont capables de maintenir l’ordre sans les troupes syriennes, mais qu’il s’agira à ce moment-là de renforcer la crédibilité et la légitimité du pouvoir libanais, justement par un soutien de toutes les composantes du pays. M. Aoun, qui s’adressait à L’Orient-Le Jour dans son appartement parisien, a expliqué que la crise entre Washington et Damas a atteint un degré de gravité inégalé et qu’elle découle logiquement de la véritable guerre que mènent les USA contre le terrorisme depuis l’attentat du 11 septembre, attentat qui a déclenché à Washington le réflexe des attaques préventives. L’ancien commandant en chef de l’armée a ajouté que les opérations militaires US en Afghanistan et la guerre contre l’Irak s’inscrivent dans cette nouvelle politique de Washington dont certains pays, tels que la Syrie, ne semblent pas encore avoir mesuré la portée. Interrogé sur la différence entre la situation en Irak et la conjoncture actuelle en Syrie, le général a répondu qu’entre Washington et Damas les choses évoluent et se détériorent de la même manière qu’entre les États-Unis et le régime irakien déchu. Il est possible, a-t-il dit, qu’il n’y ait pas de guerre américano-syrienne, mais il faut que les dirigeants syriens choisissent eux-mêmes entre les réformes démocratiques ou la confrontation, étant entendu que dans les deux cas, le régime de Damas sera politiquement ou militairement perdant, « la perte politique signifiant pour lui le recul et la capitulation, et la défaite militaire se traduisant par l’effondrement du régime ». À la question de savoir si la tension syro-américaine actuelle est due plus à des questions relevant du conflit israélo-arabe qu’à d’autres facteurs, le général Aoun a répondu : « On a souvent tendance à établir des similitudes avec des situations précédentes sans évaluer la gravité et l’acuité de la nouvelle stratégie américaine. Auparavant, il s’agissait de trouver des compromis, mais la nouvelle politique américaine fait ressortir nettement l’incompatibilité avec les régimes arabes dont certains, même dictatoriaux, étaient auparavant considérés par Washington comme étant un élément stabilisateur. Mais les USA se sont rendu compte par la suite que ces régimes étaient générateurs de terrorisme et d’intégrisme. » Quel ordre après le départ syrien ? Le général Aoun devait expliquer, en réponse à une autre question qu’il n’y a plus aucune possibilité que le régime syrien puisse s’accommoder de la nouvelle politique américaine, car Washington ne peut plus soutenir des régimes répressifs et que l’Administration US ne peut pas faire tomber le régime baassiste irakien et laisser faire le régime baassiste de Damas, même si celui-ci se montre disposé à faire des concessions comme la fermeture des bureaux d’organisations palestiniennes extrémistes à Damas et donne son accord au déploiement de forces armées régulières au Liban-Sud. Si Damas faisait cela, a poursuivi M. Aoun, il cesserait de tenir son rôle polarisateur et s’éliminerait lui-même. S’il y avait des élections en Syrie aujourd’hui, le régime actuel devrait choisir entre l’option Gorbatchev et l’option Eltsine et serait perdant dans les deux cas. Dans l’hypothèse d’un retrait syrien précipité du Liban et de craintes libanaises consécutives à un tel retrait, le général a estimé que les dangers seraient effectivement considérables. « J’ai déjà mis en garde contre une telle situation, a ajouté l’ancien chef du gouvernement, soulignant le risque d’une trop grande dépendance à l’égard de la Syrie, et c’est pour cela que j’invite tous les Libanais à se réunir en congrès pour discuter de ce qu’il convient de faire après un éventuel retrait syrien. » «Je peux affirmer ici, a encore dit le général Aoun, qu’il n’y a aucune ombrelle protectrice pour le Liban autre que l’armée libanaise et je suis persuadé qu’elle en est capable. Il faut que nos soldats restent unis, vigilants et qu’ils assument leurs responsabilités dans la défense du pays et le maintien de l’ordre après le départ des troupes syriennes, et il importe que les Libanais restent fermes et ne se laissent pas gagner par la peur en restant calmes et attachés à l’unité du Liban. » Sur l’échec d’autres rencontres nationales libanaises et le risque que cela ne se répète, M. Aoun a estimé que l’appel qu’il lance aujourd’hui pour la tenue d’un congrès national pourrait ne pas être entendu par certains, mais a mis en garde contre les risques d’absence d’une force politique cohérente à la tête du pays, une force représentative de l’ensemble du pays, capable de faire face à toute tentative de subversion, « car le régime actuel, a-t-il estimé, est un régime fantoche qui n’inspire aucune confiance ». Et l’ancien Premier ministre de poursuivre : « Je lance un appel pour la tenue d’un congrès national qui se tiendrait loin de toute tutelle et qui aurait lieu en dehors du Liban, en France par exemple, où il n’y a ni pressions ni contraintes, et chacun pourra ainsi assumer pleinement ses responsabilités et ses engagements. Si cela se faisait, nous pourrions assumer tous ensemble nos responsabilités historiques, sinon, que chacun assume les siennes, séparément, pour trouver son salut. » Enfin, en ce qui concerne l’ordre du jour de ce congrès, M. Aoun a indiqué qu’il s’agira d’abord de s’entendre sur un gouvernement transitoire et de préparer des élections libres en présence d’observateurs des Nations unies. « Un gouvernement libre qui refuserait toute tutelle et qui ne serait en concubinage avec personne. Qui ne tiendrait compte dans son action que de l’intérêt supérieur du Liban. » « Les Libanais, a conclu le général Aoun, ont atteint l’âge de la maturité et sont invités à préparer un régime qui préviendrait l’anarchie et assumerait pleinement ses responsabilités. »
Paris - de Élie MASBOUNGI Le général Michel Aoun a invité tous les Libanais à tenir dans les plus brefs délais un congrès national hors du Liban pour réaffirmer les principes de base d’indépendance, de souveraineté et de liberté « loin de toute tutelle et de concubinage politique ». Il a précisé que les fractions libanaises dépendant de forces, d’instances et de...