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13 avril - Commémoration de la « journée nationale de la mémoire » Conjurer les peurs pour mieux construire l’avenir (photo)

«Plus jamais la guerre » ; « S’en souvenir pour ne pas recommencer ». Deux grands calicots bleus, sur lesquels étaient marqués ces inscriptions, accueillaient les manifestants qui ont répondu nombreux à l’appel lancé par le Comité des familles des personnes enlevées ou disparues. Pour la quatrième année consécutive, « la journée nationale de la mémoire » a mobilisé hier tous ceux qui croient qu’en souvenir du 13 avril, les Libanais ont le devoir de se rappeler pour mieux construire l’avenir. Organisée à la place des Martyrs, l’un des rares espaces aconfessionnels, la célébration de cette journée a permis à une large frange de la société civile – à laquelle se joindront plusieurs personnalités politiques – de venir exprimer son refus « d’une autre guerre » et sa solidarité avec les parents des personnes disparues qui poursuivent avec obstination leur combat. « Libérez le rapport », pouvait-on lire sur une autre banderole brandie par les manifestants. Assises en demi-cercle au milieu de la place, les familles des personnes enlevées ou disparues ont du mal à cacher leur amertume. « Bien sûr que nous apprécions le soutien des uns et des autres en cette journée symbolique. Encore faut-il que cela puisse avoir un impact sur l’État qui continue d’ignorer notre cause », commente Oum Mohammed, qui n’a plus revu son fils depuis 1975. Pour Paul Achkar, l’un des organisateurs de cette manifestation, le dossier des personnes enlevées ou disparues – 2 313 cas enregistrés auprès de l’État – doit être réglé au plus tôt. Il estime que le sort de ces personnes doit être déterminé au plus tôt, soit en les déclarant mortes si c’est le cas, soit en annonçant leur lieu de détention, en Israël ou en Syrie. « Nous ne sommes pas là pour ouvrir une blessure mais au contraire pour la cicatriser », dit-il. Pour M. Achkar, « il ne s’agit pas non plus d’être des nostalgiques du passé, mais de comprendre que la mémoire sert justement à mieux construire l’avenir, précisément parce que nous avons envie que nos enfants aient un futur. Commémorer la journée nationale signifie oublier les autres jours », affirme cet ancien journaliste. Entouré de quelques militants distribuant des fleurs, l’ancien chef du gouvernement, Sélim Hoss, était parmi les premiers présents. « Face au tourbillon qui frappe la région, les Libanais sont plus que jamais attachés à l’unité nationale. Rien d’autre ne pourrait mieux les protéger, les prémunir contre les dangers à venir » , affirme M. Hoss qui refuse toutefois de répondre à la question portant sur l’action des familles des disparus. C’est sous son gouvernement qu’une première commission d’enquête avait conclu à la mort de toutes les personnes dites disparues, un bilan que les familles n’ont jamais accepté. L’ancien ministre Béchara Merhej préconise pour sa part une solution légale à ce problème difficile. « Il faut que la justice se saisisse de ce dossier et émette un avis sur la base des résultats des enquêtes déjà effectuées », par les deux commissions successives, affirme M. Merhej. Critiquant la faible participation des partis politiques – « après tout, ce sont eux qui ont fait la guerre et non pas la société civile qui se trouve ici aujourd’hui en force » – Farès, un militant du mouvement des droits des gens (Harakit Houkouk an- Nass), estime que tout le monde doit se sentir concerné, pour pouvoir tourner la page. « Rien n’a encore été fait pour oublier le passé. On n’a jamais pu rien comprendre à cette guerre. Tout ce que l’on a réussi à faire jusque-là, c’est de pratiquer la politique de l’oubli », souligne à son tour Joe en faisant remarquer que la place des Martyrs, qu’on a embellie tout autour par des constructions sophistiquées, « reste un espace vide ». C’est afin de conjurer ces peurs et d’éloigner le spectre d’une seconde guerre que les organisateurs de cette campagne pour la mémoire ont demandé au gouvernement que cette journée soit déclarée journée nationale. Ils ont en outre demandé que soit adoptée l’idée d’un mémorial pour les victimes qui « serait édifié dans un endroit neutre, là où tous les Libanais pourront venir avec leurs enfants – non en tant que chrétiens ou musulmans, mais en tant qu’individus », a indiqué Paul Achkar. Autant d’initiatives que le journaliste espère voir adoptées par l’ensemble du peuple libanais en premier lieu et, dans une seconde phase, par l’État. Et M. Achkar de saluer les diverses initiatives privées qui ont eu lieu la veille de cette journée, où l’on a pu voir les jeunes de Aïn el-Remmaneh aussi bien que ceux de Nabatiyeh allumer des bougies, en souvenir de cette date douloureuse. Je. J.
«Plus jamais la guerre » ; « S’en souvenir pour ne pas recommencer ». Deux grands calicots bleus, sur lesquels étaient marqués ces inscriptions, accueillaient les manifestants qui ont répondu nombreux à l’appel lancé par le Comité des familles des personnes enlevées ou disparues. Pour la quatrième année consécutive, « la journée nationale de la mémoire » a...