Terrorisme - Abi Nasr critique l’absence de l’État L’enquête piétine dans l’affaire de l’attentat de Dora

L’attentat de samedi dernier contre le restaurant McDonald’s à Dora continue de susciter les réactions indignées des milieux politiques libanais. L’explosion d’une charge de quatre cents grammes de dynamite dissimulée dans les toilettes de l’établissement n’a fait que quatre blessés. Mais une véritable catastrophe a été évitée de justesse, le détonateur d’une charge de 55 kilogrammes de TNT reliée à des bonbonnes de gaz et dissimulée dans une voiture garée dans le parking du restaurant ayant fait long feu. Selon notre correspondant Bahjat Jaber, l’enquête qui se poursuit en étroite collaboration avec le commissaire adjoint du gouvernement près le tribunal militaire, Ahmed Oueidate, semble piétiner, car les plaques d’immatriculation, les numéros du châssis et du moteur, ainsi que les papiers du véhicule piégé sont faux. Le député Nehmetallah Abi Nasr a mis en garde contre la persistance de « la paralysie qui frappe le gouvernement et qui incite les ennemis de la patrie à torpiller la stabilité du pays ». « Nous appelons l’État non seulement à veiller à la sécurité mais également à aider la justice à châtier toutes les personnes jugées coupables d’actes terroristes similaires à ceux dont ont été victimes des sociétés libanaises exploitant une franchise internationale », a-t-il ajouté dans une déclaration faite hier. « Tout en respectant la liberté de chacun de boycotter les produits américains en signe de protestation contre l’agression américaine contre l’Irak, nous mettons en garde contre la transformation de l’appel au boycott en une incitation à la discrimination aveugle, à la violence et au terrorisme, comme dans le cas du récent attentat contre la chaîne de restauration rapide McDonald’s », a-t-il poursuivi. Et de conclure : « Nous estimons qu’il est du devoir des institutions étatiques, Parlement et gouvernement en tête, de relancer la vie politique et de s’occuper des affaires courantes pour ne pas demeurer “un État en vacances” qui se contente de suivre les développements de la guerre en Irak sur le petit écran au lieu de penser sérieusement à faire face à ses retombées sur le Liban. » Des réseaux organisés Pour les Kataëb, cet attentat « prouve l’existence de réseaux terroristes organisés qui cherchent à porter atteinte aux intérêts du Liban et à la stabilité dont jouit le pays ». « Cet attentat est un acte terroriste par excellence, planifié contre un établissement libanais dont le propriétaire, les employés et les clients sont exclusivement libanais. La voiture piégée était étudiée pour infliger le plus grand nombre de pertes en vies humaines, dans les rangs des personnes qui se trouvaient à l’intérieur du restaurant, des passants et des habitants des immeubles avoisinants. C’est donc le Liban qui était visé à travers cet attentat et non les États-Unis », a ajouté le bureau politique dans un communiqué publié hier. « Cet attentat terroriste ne sert en aucune manière le boycottage des produits américains, surtout que celui-ci est, par définition, un acte libre et donc non imposé, émanant de la conviction profonde du peuple libanais. Imposer un boycottage par la violence le fait dévier de son objectif initial qui est le refus de la politique pratiquée par Washington à l’égard de l’Irak, le cas échéant », poursuit le communiqué. En conclusion, le bureau politique a estimé qu’« il est impossible qu’il s’agisse d’un acte individuel, car le fait de piéger une voiture avec 55 kilogrammes de TNT et de la garer dans le parking de l’établissement visé dénote de l’existence de réseaux actifs qui cherchent à semer la terreur et à généraliser l’instabilité dans le pays. Il est donc du devoir de l’État de se mobiliser en vue d’identifier et de démanteler ces réseaux. Et si les informations qui circulent autour d’un début de piste sur cet attentat sont réelles, il est impérieux d’en dévoiler le mécanisme et d’arrêter les coupables et leurs commanditaires le plus rapidement possible ».