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Dossier régional - Certains officiels parlent de simples pressions Les menaces US contre la Syrie inquiètent les milieux politiques locaux

Rumsfeld, relayé par Powell, avertit dangereusement la Syrie et l’Iran. Ces menaces inquiètent les milieux populaires et politiques locaux. À cause de la communauté de sort, notamment sécuritaire, avec la Syrie. Vue sous cet angle, la situation évolue et paraît même basculer. On sait en effet qu’au départ, le président Hariri s’était montré rassurant au possible. En soutenant que le Liban et la Syrie se ressentiraient moins que d’autres de la guerre en Irak. Cela n’est plus du tout évident, du moment que Damas et Téhéran, autre allié, sont dans le collimateur direct de Washington. Mais certains responsables d’ici ne veulent voir dans les sommations américaines qu’une forme de pression à caractère dissuasif. Ils estiment que les USA prennent des précautions oratoires afin que la Syrie et l’Iran restent effectivement neutres dans le conflit. En se contentant d’une dénonciation purement verbale de l’attaque américaine, sans aucune participation à la lutte directe, comme l’envoi de matériel militaire à l’Irak, ou indirecte, comme l’expédition de volontaires et de kamikazes ou la facilitation de leur passage. Les Américains ne veulent pas non plus que des brigades irakiennes viennent d’Iran, que cela soit pour soutenir Saddam ou pour le combattre. Sur le plan arabe global, il existe trois tranches. Il y a les pays qui offrent des facilités et des bases aux Américains. Il y a ceux qui se tiennent strictement sur la touche. Enfin, il y a les États qui ont nettement pris parti pour l’Irak contre les USA par leurs positions politiques. Ce qui leur vaut d’être accusés de ne pas hésiter à passer à l’acte. Les Américains apprécient qu’il se trouve des régimes arabes qui imputent la responsabilité à Saddam Hussein, en lui reprochant de ne pas avoir accepté de partir pour épargner son peuple. Ils peuvent admettre, à la rigueur, le rejet verbal par des gouvernements arabes d’une guerre illégale, menée sans la couverture de l’Onu ou de l’opinion populaire. Mais ils ne sont pas disposés à pardonner aux pays qui aideraient de fait l’Irak. Ils le leur font savoir, en soulignant qu’il y aurait un prix à payer pour de telles marques d’hostilité. Cela signifie quoi, au juste ? Selon des officiels libanais, redisons-le, il s’agit d’un avertissement sans frais, dénué de portée concrète. Car, à leur avis, les États-Unis n’ont pas intérêt à ouvrir de nouveaux fronts militaires, alors qu’ils sont empêtrés dans leur guerre irakienne. De plus, cela embraserait la région tout entière. En provoquant une guerre générale des peuples musulmans du monde contre les USA et Israël. Avec, à la clé, la propagation d’une anarchie, d’un extrémisme, d’un terrorisme dont les États-Unis ne sortiraient pas indemnes. Ces mêmes responsables libanais rappellent que l’Iran est plus visé en principe que la Syrie. D’abord, Bush le classe parmi les trois pays de l’axe du mal. Ensuite, il a des liens avec la majorité chiite en Irak et peut espérer un rôle politique dans ce pays. Quant à la Syrie, elle n’est pas incluse dans l’axe du mal. Sa position officielle est qu’il aurait fallu tenter de résoudre le problème irakien par les voies pacifiques. La majorité du monde partage cet avis. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh invite les USA et le Royaume-Uni à écouter la communauté internationale, en mettant fin à l’agression contre l’Irak. La Syrie, indique Damas dans sa réponse aux menaces US, se tient aux côtés du peuple irakien face à l’agression. Une solidarité humaine compréhensible, mais sans aucune allusion à une quelconque assistance militaire. Cependant, à Beyrouth, beaucoup ne partagent pas la quiétude relative affichée par les officiels cités. Des professionnels indiquent qu’il ne faut pas prendre les menaces US à la légère. D’abord, parce qu’elles peuvent avoir pour origine un téléguidage informationnel israélien. C’est-à-dire que c’est Israël qui aurait indiqué aux Américains des mouvements de matériel militaire entrant de Syrie en Irak. Cela, ajoutent ces sources, pour justifier une éventuelle agression israélienne contre la Syrie et le Liban, afin de frapper le Hezbollah ainsi que les organisations palestiniennes radicales installées à Damas ou au Liban-Sud. Selon ces observateurs, les États-Unis, gênés par les lenteurs de leurs opérations en Irak, pourraient être intéressés par une diversion, élargissant les hostilités à un plan régional. Et qui diviserait plus clairement le monde en deux camps, en obligeant l’Europe à se ranger derrière la bannière étoilée, même au prix d’une troisième guerre mondiale. En somme, par leurs déclarations actuelles, les USA se réservent la possibilité d’utiliser la carte israélienne, concluent ces sources. Émile KHOURY
Rumsfeld, relayé par Powell, avertit dangereusement la Syrie et l’Iran. Ces menaces inquiètent les milieux populaires et politiques locaux. À cause de la communauté de sort, notamment sécuritaire, avec la Syrie. Vue sous cet angle, la situation évolue et paraît même basculer. On sait en effet qu’au départ, le président Hariri s’était montré rassurant au possible. En...