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Santé - Symposium de dermatologie organisé par l’Hôtel-Dieu Peau et psyché : une relation de cause à effet

C’est à ses hôtes français que s’est adressé en premier Roland Tomb, chef du service de dermatologie à l’Hôtel-Dieu de France, ceux-là mêmes qui s’étaient déplacés pour contribuer à assurer le succès du symposium, le sixième du genre, et cela « malgré les aléas de la situation ». Toutefois, l’originalité de l’événement réside dans le fait qu’il s’est placé le signe de la multidisciplinarité et de la rencontre entre spécialistes de tous bords, notamment psychiatres, psychanalystes, psychothérapeutes et dermatologues et des experts qui ont cumulé les deux spécialisations. Le thème, « Peau et psyché », est d’autant plus d’actualité qu’il est désormais indispensable de se pencher sur le rapport, parfois indécelable de prime abord, entre cette enveloppe fine et sensible qu’est la peau et ce « dedans » agité et perturbé qui fait irruption ou déteint violemment sur notre derme. Tour à tour, les spécialistes défileront sur l’estrade pour faire part de leurs expériences respectives et partager des compétences qui finiront par se rejoindre. Car quand la peau crie au secours, en rougissant, se boursouflant ou en s’écorchant, c’est souvent au niveau du psyché qu’il faut aller chercher l’explication profonde, affirment en substance les « psys ». Les dermatologues en conviendront. Marie-Thérèse Kheir Badawi, psychanalyste, illustre ce type de situation en donnant l’exemple de cette adolescente qui avait des poussées de poils sur le visage. Rien, ni traitement hormonal ni aucun autre soin dermatologique n’avait réussi à y remédier. « Ce n’est que lorsqu’elle est parvenue à accepter son identité de femme, après une thérapie analytique de face à face, que la poussée de poils s’est arrêtée », précise Mme Badawi. Forte d’une spécialisation plutôt rare – en tous les cas au Liban –, la dermatologue-psychanalyste Sylvie Consoli va dans le même sens en soulignant l’aspect psychosomatique des maladies cutanées. Elles sont « visibles » et même « affichantes », dit-elle. Dans un langage poétique, propre aux psychanalystes, elle parle de la peau avec tout le respect qu’on lui doit, en rappelant qu’elle n’est pas un organe comme un autre « que l’on répare quand il est malade et dont on attend un fonctionnement silencieux ». « La peau est un organe visible privilégié de la vie-relation. Elle participe de la séduction et de la vie amoureuse », affirme la psychanalyste. Se plaçant cette fois-ci dans la peau du dermatologue, elle explique comment le médecin traitant, outre les soins qu’il administre au patient, peut soulager ce dernier par son regard, en lui renvoyant une image de lui qui n’est pas aussi laide qu’il le croit. Liens privilégiés « Peau et psyché entretiennent des liens privilégiés », affirme le Dr Charles Baddoura, en parlant de « l’utilisation des psychotropes en dermatologie », un thème préparé conjointement avec le Dr Élie Maalouf. « Un tiers des patients qui vont en consultation de dermatologie présentent une composante psychologique déterminante ou tout au moins favorisante de leur dermatose », souligne le Dr Baddoura. Ces troubles vont des structures névrotiques aux psychoses les plus délirantes, dit-il. Confronté à ces troubles, le dermatologue doit savoir les gérer, d’où l’intérêt de se concerter avec le spécialiste, en l’occurrence le psychiatre. « Évidemment, le plus dur, c’est lorsqu’il faut convaincre le patient, qui souffre d’une lésion cutanée, qu’il a besoin d’un traitement psychiatrique alors qu’il est convaincu que c’est d’un simple problème dermatologique qu’il souffre », fait remarquer le Dr Baddoura. Intervenant sur le thème de la relation entre les lésions cutanées et la dépendance aux drogues et à l’alcool, les Drs Sami Richa et Élie Maalouf, respectivement psychiatre et dermatologue, ont effectué une présentation à deux d’une étude d’un échantillon de toxicomanes en post-cure, auprès du centre de réhabilitation à Oum Nour. Les résultats sont assez concluants, constatent les spécialistes. Alcoolisme et toxicomanie entraînent de nombreuses lésions cutanées, « essentiellement à type de cicatrices aux points d’injection ». Une hygiène bucco-dentaire défectueuse a été relevée dans la majorité des cas, malgré un bon niveau socio-économique. Par contre, ajoutent les intervenants, « un curieux constat » a été fait par les médecins : « Pratiquement toutes les personnes interrogées sont tatouées, du petit tatouage innocent, au plus grand, avec des représentations sataniques », affirme le Dr Maalouf. Du figuratif à la « signification cachée du tatouage », Paula Kallas Azzé, psychothérapeute, explique le rapport de l’adolescent au tatouage. « Il exprime à cet âge le besoin de s’affirmer à travers la recherche de l’originalité, de l’étrangeté, de la nouveauté apportée par la mode qui attire l’adolescent à la recherche de lui-même, du différent », dit-elle. Elle souligne que tout en étant un indice, le besoin de recourir au tatouage comme parure externe peut être une attitude passagère. Il peut constituer également un indice qu’il s’agit de déchiffrer. Je.J.
C’est à ses hôtes français que s’est adressé en premier Roland Tomb, chef du service de dermatologie à l’Hôtel-Dieu de France, ceux-là mêmes qui s’étaient déplacés pour contribuer à assurer le succès du symposium, le sixième du genre, et cela « malgré les aléas de la situation ». Toutefois, l’originalité de l’événement réside dans le fait qu’il...