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Le commandement militaire US reconnaît des divergences sur sa gestion du conflit Un marché populaire bombardé à Bagdad : 55 civils tués Un premier navire chargé d’aide humanitaire arrive à Oum Qasr Pause dans l’offensive terrestre vers la capitale irakienne Les peshmergas avancent vers Kirkouk(ph

Alors que les critiques s’amplifiaient aux USA et au sein même du commandement militaire US contre la stratégie appliquée par le Pentagone, accusé d’avoir sous-estimé la résistance des Irakiens, de violents bombardements se poursuivaient hier soir à Bagdad et l’offensive terrestre américano-britannique vers la capitale irakienne marquait le pas. Au moins 55 civils irakiens ont été tués et 47 autres blessés dans le bombardement d’un marché populaire de Bagdad, selon une source hospitalière. « La plupart des victimes sont des femmes, des enfants et des vieillards », a déclaré le directeur de l’hôpital al-Nour, Hakki Razouki. Selon le médecin-chef, nombre de blessés étaient dans un état grave. Le bombardement a eu lieu sur le marché al-Nasser, proche de l’hôpital, dans le nord-ouest de la capitale irakienne. Un bâtiment du principal complexe présidentiel dans le centre de Bagdad a été visé dans la nuit de vendredi à samedi par des bombardements. L’alerte aérienne a été donnée vers 23h45 heure locale (20h45 GMT) et la DCA irakienne a commencé à riposter. Plus d’une heure plus tard, la périphérie sud de Bagdad était toujours soumise à un pilonnage intensif. Des déflagrations sourdes et lointaines étaient entendues depuis le centre de la capitale. La capitale irakienne avait déjà été touchée en fin de matinée par deux missiles qui ont tué 8 civils et fait 33 blessés, selon le régime irakien. Par ailleurs, la télévision d’État a montré trois Irakiens qui, selon elle, ont été arrêtés pour espionnage au profit des États-Unis. Selon des témoins, la DCA irakienne a abattu vendredi un avion américain de surveillance sans pilote au-dessus d’un quartier résidentiel de Bagdad. L’appareil a été vu sur le toit d’une petite maison du quartier Jihad situé dans le sud-ouest de la capitale irakienne, selon ces témoins. Les États-Unis ont accusé le président irakien Saddam Hussein de placer du matériel militaire dans des quartiers résidentiels. Les autorités irakiennes reprochent de leur côté aux Américains de bombarder des zones où aucune installation militaire n’est répertoriée. Divergences militaires Par ailleurs, le commandement américain a dû reconnaître hier des opinions divergentes sur le déroulement de la campagne en Irak après qu’un officier de haut rang a admis que la guerre ne se passait pas comme prévu, tout en réaffirmant n’avoir pas sous-estimé les difficultés. Plusieurs experts et militaires ont accusé le Pentagone et le Centcom de peiner à contenir leurs tactiques de guérilla et d’avoir mis en danger les lignes d’approvisionnement en laissant des « poches de résistance » ennemies sur les arrières. Ces critiques s’appuyaient notamment sur les informations des centaines de journalistes « incorporés » avec des unités sur le terrain, qui ont fait état de la surprise des troupes face à la résistance irakienne et de problèmes de ravitaillement, certaines unités s’étant par exemple trouvées à court d’eau. L’Administration et le Centcom rétorquaient inlassablement que tout se déroulait « conformément au plan », mais vendredi, le général William Wallace, commandant des forces terrestres en Irak, a reconnu dans un entretien au Washington Post que les choses ne se déroulaient pas exactement comme prévu (voir par ailleurs). Le général Vincent Brooks, porte-parole du Centcom a maintenu la ligne officielle, à savoir que les plans de bataille étaient « adaptables » et que seul comptait l’objectif final, « la libération de l’Irak ». Affirmant à la surprise générale ne pas être « parfaitement au courant » des propos de son collègue, il a dû toutefois reconnaître que des différences d’appréciation pouvaient exister avec les troupes au contact de l’ennemi... « sur la planète Terre ». À Washington, le président américain George W. Bush s’est, quant à lui, montré plus optimiste en estimant que la guerre avait fait de « grands progrès » et que les troupes anglo-américaines infligeaient de « sérieux dégâts » aux forces irakiennes. Sur le plan humanitaire, un premier bateau de transport de la marine britannique, le RFA Sir Galahad, chargé de centaines de tonnes d’aide humanitaire a accosté vendredi à Oum Qasr, le seul port irakien en eaux profondes, désormais contrôlé par la coalition. Pause dans l’offensive L’offensive terrestre vers Bagdad a en revanche marqué le pas vendredi, tandis que des renforts américains étaient attendus dans le Golfe. La 3e division d’infanterie (3ID), dont l’avant-garde se trouvait jeudi soir à quelque 80 km de la capitale irakienne, ne semblait pas avoir significativement progressé et était toujours harcelée par des combattants irakiens près de Najaf, à 150 km au sud de Bagdad. Plus à l’est, les unités de Marines marquaient une pause dans leur progression pour se regrouper et se ravitailler, la tempête de sable qui a cloué les hélicoptères au sol mardi et mercredi ayant mis en lumière la fragilité de leurs lignes de ravitaillement. À Bassora, la grande métropole du sud irakien, les combats entre forces britanniques et miliciens irakiens se sont poursuivis vendredi où au moins huit civils ont été blessés alors qu’ils tentaient de quitter la ville. De nombreux habitants fuyant les combats ont souligné le manque d’eau et de nourriture frappant la population civile. Selon le ministre irakien de l’Information Mohammed Saïd al-Sahhaf, 346 Irakiens ont été tués et 1 495 blessés dans deux provinces du sud de l’Irak, depuis le début de l’offensive américano-britannique. Importante avancée kurde vers Kirkouk Au nord de l’Irak, les activités militaires se sont intensifiées, avec de nouveaux bombardements signalés contre Mossoul vendredi soir. Chamchamal, sous contrôle de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), a subi vendredi un bombardement d’artillerie, dans ce qui semble une riposte irakienne à l’avancée des Kurdes vers Kirkouk, ville stratégique dans une zone riche en pétrole, d’où ils ne seraient plus qu’à 20 km. Par ailleurs, quelque 8 000 combattants de l’UPK, soutenus par des forces spéciales américaines, ont annoncé avoir pris le contrôle de plusieurs villages tenus par le mouvement Ansar al-Islam, accusé d’être proche d’el-Qaëda, entre la ville kurde de Halabja et la frontière iranienne. De leur côté, les troupes américaines ont consolidé leurs positions dans la région d’Erbil où un millier de soldats sont arrivés jeudi. Le Pentagone a indiqué que certaines unités « reprenaient des forces », dans l’attente notamment de l’arrivée en renfort de la 4e division d’infanterie, dont les 12 000 hommes sont en route pour le Golfe. Les dépouilles mortelles des 18 premiers soldats américains tués au combat en Irak ont été rapatriées cette semaine aux États-Unis dans la discrétion la plus totale, hors de vue de la presse, contrastant avec la médiatisation ayant entouré le départ des troupes. Un missile tombe dans le centre de Koweït Un missile s’est abattu aux premières heures de samedi sur la capitale du Koweït, causant des dégâts à un cinéma du front de mer et à un centre commercial, mais ne faisant aucune victime. Des journalistes de Reuters ont vu sur place des débris de ce qui semble être un aileron de missile. Un peu plus tôt, des témoins avaient dit avoir vu un missile arriver en provenance de l’Irak. Le cinéma al-Charkiah, qui fait partie d’un centre commercial situé sur le front de mer dans le quartier de Souk Chark, a subi des dégâts à sa façade et à son toit. Plusieurs missiles irakiens ont été tirés contre le Koweït depuis le début de la guerre en Irak. Selon les autorités koweïtiennes, les précédents missiles ayant visé l’émirat ont tous été abattus par des missiles antimissiles Patriot ou ont chuté sur des zones inhabitées. Le Congrès appelle au jeûne et à la prière pour obtenir la protection divine Le Congrès américain a adopté jeudi soir une résolution recommandant « le jeûne » et « la prière » aux Américains pour assurer la protection divine à l’Amérique contre le terrorisme et pour les troupes combattant en Irak. La Chambre des représentants a adopté jeudi soir ce texte par 346 voix contre 49 et 23 abstentions, imitant le Sénat qui avait voté un texte similaire le 17 mars. Les textes de la Chambre et du Sénat rappellent que le Congrès et le président ont, à plusieurs reprises dans l’histoire de la nation, lancé des appels similaires dans des moments difficiles. Le 30 mars 1863, le président Abraham Lincoln avait demandé au pays de « faire preuve d’humilité devant Dieu en se repentant pour ses péchés nationaux ». George W. Bush, qui affiche ses convictions religieuses comme ne l’avaient jamais fait ses prédécesseurs dans l’histoire moderne, avait confié début mars qu’il priait tous les jours pour la paix et, si la guerre devait advenir, qu’il prierait pour « la sûreté des troupes » américaines et pour celle des « vies irakiennes innocentes ». Dieu est une référence constante de la vie politique américaine. Les discours présidentiels se concluent invariablement par les mots : « Que Dieu bénisse l’Amérique ». Des espions russes en Irak pour saisir des archives de Saddam Hussein Le nombre d’espions russes en Irak a été augmenté quelques jours avant le lancement de la guerre contre Bagdad, pour saisir des archives des services spéciaux de Saddam Hussein, a affirmé vendredi le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta (NG). Moscou a besoin de ces archives pour défendre ses intérêts en Irak, compromettre certains hommes politiques russes financés par Saddam Hussein alors que des législatives sont prévues en Russie en décembre, et pour enrôler les meilleurs agents irakiens, affirme le journal sans citer ses sources. Les agents du SVR et de GRU (service de renseignements militaire) continuent de travailler en Irak malgré la guerre et ont des contacts quotidiens avec les services spéciaux de Saddam Hussein, assure encore le journal. Israël va maintenir l’état d’alerte pour une période prolongée Israël va maintenir l’état d’alerte pour une période prolongée, aussi longtemps que durera l’offensive américano-britannique en Irak, a déclaré le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz dans une interview publiée vendredi. « Ils ne feront pas de Bagdad un nouveau Massada », a-t-il souligné en référence au suicide collectif des zélotes juifs assiégés par les légions romaines en l’an 73, selon l’historien Flavius Josèphe. Différend entre Américains et Britanniques sur l’avenir d’Oum Qasr Un différend oppose les deux principales forces de la coalition au sujet de la gestion du port d’Oum Qasr (sud de l’Irak), les Américains en ayant attribué la gestion à une société américaine, alors que les Britanniques veulent en rendre le contrôle à des Irakiens, a rapporté hier la presse britannique. L’agence américaine pour le développement international (USAID) a attribué à Stevedoring Services of America (SSA) un contrat de 4,8 millions de dollars pour la reconstruction du port. Selon le Guardian, le commandant en chef des troupes britanniques Brian Burridge a dit jeudi qu’il souhaitait que le port soit géré par des Irakiens. « La Grande-Bretagne voit ce dossier comme le premier grand test de l’intention affichée des alliés de s’assurer que les ressources de l’Irak bénéficient à la population irakienne », indique l’Independent. Les militaires britanniques ne veulent pas passer pour « des envahisseurs impérialistes », écrit le Guardian. « Ce n’est pas la Pax Britannica. Nous ne voulons pas conquérir une seconde Mésopotamie. L’objectif ultime est de rendre tout aux Irakiens », selon un officier britannique anonyme cité par le Guardian. L’attribution du contrat par USAID à une entreprise américaine, alors qu’une société britannique P&O était sur les rangs, a par ailleurs irrité les entreprises britanniques qui ont l’impression « que leurs concurrentes rivales américaines reçoivent un traitement préférentiel », selon l’Independent.
Alors que les critiques s’amplifiaient aux USA et au sein même du commandement militaire US contre la stratégie appliquée par le Pentagone, accusé d’avoir sous-estimé la résistance des Irakiens, de violents bombardements se poursuivaient hier soir à Bagdad et l’offensive terrestre américano-britannique vers la capitale irakienne marquait le pas. Au moins 55 civils...