Rechercher
Rechercher

Actualités

Aoun : Un changement régional ne saurait tarder

L’ancien chef du gouvernement de transition, le général Michel Aoun, vient de rentrer à Paris d’une tournée de près de deux semaines aux États-Unis et au Canada, au cours de laquelle il s’est entretenu avec plusieurs dirigeants et personnalités politiques américaines et canadiennes, ainsi qu’avec la communauté libanaise au Canada et aux États-Unis. La presse et la rumeur lui ont prêté des rencontres avec le vice-président américain Dick Cheney et avec le bureau du cerveau de la politique américaine actuelle au Moyen-Orient, Paul Wolfovitz. Le général Aoun ne commente pas : il laisse aux personnes qu’il a vues la liberté de confirmer ou d’infirmer ces rencontres. À L’Orient-Le Jour, Michel Aoun affirme que l’offensive américaine sur l’Irak n’est que « la deuxième étape de la guerre du Golfe de 1991 ». « Je ne suis pas pour cette guerre, mais je ne suis pas capable de l’empêcher : je ne pèse en rien dans le rapport de forces actuel. Mais, en même temps, nous sommes, en tant que Libanais, directement concernés par ses répercussions, et c’est pourquoi il est nécessaire d’essayer d’en tirer profit », dit-il. Le général Aoun pense que le conflit actuel pourrait provoquer une vague de démocratisation dans les pays de la région, et il est persuadé que le Liban, en raison de sa richesse culturelle, peut redevenir un phare de démocratie dans la région. « Les États-Unis sont les seuls, en raison de leur puissance, à pouvoir initier un changement au niveau des régimes théocratiques et totalitaires. Il y a un nouveau cas de figure dans la région, et il y a un changement dans la politique américaine », estime-t-il. Même si la démocratie est d’abord, pour lui, une éducation à des concepts, « il faut bien commencer quelque part », c’est-à-dire par un changement au niveau des régimes, dit-il. Le général ne croit pas trop à la thèse de « l’occupation américaine » des pays de la région. « Ils n’ont jamais occupé aucun pays à travers leur histoire. Partout où les troupes US ont été, elles ont fini par se retirer en démocratisant », a-t-il affirmé. La guerre entraînera vraisemblablement un changement au niveau du système international, selon lui. Et pour cause, l’Onu n’a jamais réussi, depuis sa création, à résoudre un seul conflit ou à imposer ses valeurs, indique-t-il, en reprenant le qualificatif de « gros machin », rendu célèbre par le général de Gaulle. « L’Onu peut-elle continuer à être un pôle de décision dans le monde ? À mon avis, il faut qu’il y ait une révision au niveau du rôle de cette instance. D’ailleurs, elle est en porte-à-faux avec ses propres valeurs. Comment un pays qui est aux antipodes des droits de l’homme peut-il présider la Commission des droits de l’homme à l’Onu ? – allusion à la Libye. Comment un pays totalitaire, une force d’occupation qui ne respecte pas la liberté d’expression comme la Syrie, peut-il accéder au Conseil de sécurité ? » a demandé le général Aoun. Qui met ensuite en exergue l’importance de la déclaration de Colin Powell, la première d’un membre de l’Administration US, sur « l’occupation et la nécessité d’un retrait syrien du Liban ». « Un changement dans ce sens ne tardera pas, même si personne ne peut fixer une échéance dès maintenant. Tout est possible », précise-t-il, en mettant l’accent sur la nécessité d’un retrait syrien du Liban. En réponse à ceux qui comparent la présence militaire US en Allemagne à la présence syrienne au Liban, Michel Aoun affirme : « Joschka Fischer s’est bien fermement opposé à Donald Rumsfeld au Conseil de sécurité au sujet de la guerre en Irak. Les responsables libanais oseraient-ils dire non à Anjar de la même façon ? Cet exemple prouve que la comparaison est nulle. » Aux voix qui l’accusent de « faire un pari sur l’étranger et de s’allier à des cercles sionistes contre l’intérêt du Liban », Aoun indique : « Pour moi, ce sont eux les collaborateurs. Je suis prêt à rentrer tout de suite à Beyrouth pour dialoguer avec eux s’ils peuvent s’exprimer hors du parapluie syrien. Mais cela est malheureusement impossible : ils ne peuvent s’affranchir de la tutelle syrienne. » Ne croit-il pas à une possibilité de dialogue avec la Syrie, après le rapprochement entre Bkerké et Damas ? « Non. C’est un consensus sans valeur parce qu’il se réalise sous l’occupation. » Et de résumer la situation en citant Beaumarchais : « Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur. » Michel HAJJI GEORGIOU
L’ancien chef du gouvernement de transition, le général Michel Aoun, vient de rentrer à Paris d’une tournée de près de deux semaines aux États-Unis et au Canada, au cours de laquelle il s’est entretenu avec plusieurs dirigeants et personnalités politiques américaines et canadiennes, ainsi qu’avec la communauté libanaise au Canada et aux États-Unis. La presse et la...