Rechercher
Rechercher

Actualités

Le dialogue se mijote à petit feu, mais semble assez mal engagé

Il faut bien l’avouer, et il ne faut pas cent minutes pour s’en convaincre : l’actualité n’est pas libanaise en ce moment. Mais la scène locale n’en est pas pour autant apathique. Il se prépare des mezzés à l’office. Dans la foulée du manifeste des évêques maronites, l’on a plongé tête la première dans ce que Berry appelle « la piscine ». C’est-à-dire dans le bouillon des bazars occultes, en coulisses, pour des trocs déterminés, sinon pour des alliances nouvelles plus ou moins élastiques. Sous le label général du dialogue national. L’on voit de la sorte des professionnels se dévouer, sans que nul ne le leur demande, afin, disent-ils, d’arranger les choses entre Baabda et l’opposition de l’Est. Le régime, on l’a tout de suite appris après les démarches de Ferzli qui, pour sa part, agit à visage découvert, en restant fidèle à sa ligne conciliatrice, garde ses réticences. En effet, le président veut bien rencontrer des pôles, mais à titre individuel et non pas en tant que délégués de Kornet Chehwane. Cela parce que c’est ce groupe qui a rompu les ponts, après l’affaire de la MTV. Baabda n’en est pas moins favorable à des échanges d’ordre général, pour affermir le climat d’harmonie actuel. Pour leur part, des cadres de KC, relancés par les médiateurs des coulisses, s’enthousiasment pour le mouvement engagé. En se promettant de militer en faveur de la détente auprès de leurs partenaires de club. Ils pensent toutefois qu’avant toute chose il est nécessaire de réfléchir à ce que les uns et les autres vont pouvoir se dire. C’est-à-dire qu’à leur sens il faut en premier lieu établir un ordre du jour des sujets à débattre ainsi qu’un agenda des rencontres en puissance. Mais d’autres piliers de la Rencontre se montrent méfiants et réservés. Ils maintiennent en effet que l’ouverture reste illogique tant que le pouvoir n’a pas corrigé ses erreurs, graves à leurs yeux, de trajectoire. Entendre, tant qu’il n’a pas annulé la décision de fermeture de la MTV. Et qu’il n’a pas donné de garanties fermes quant au respect des libertés comme de la démocratie bien comprise. Ces pôles notent que pour le fond, d’après ce que l’on peut déduire des propos tenus par le régime devant ses visiteurs, il n’y a pas de véritable élan en direction du changement. Ils ajoutent que le pouvoir donne l’impression de vouloir attendre que les choses se décantent sur le plan régional, tant du côté de l’Irak qu’en ce qui concerne les visées agressives prêtées à Sharon. En tout état de cause, de nombreux indices montrent que la reprise du dialogue entre le pouvoir et l’opposition n’a guère de chances de produire des résultats positifs. Pourquoi ? Parce que certains ultras, opposants et loyalistes confondus, campent sur des positions de rancœur ancrées dans les empoignades qui ont accompagné, et suivi, la partielle du Metn. Du côté du Rassemblement parlementaire de concertation, les radicaux, si on peut les appeler ainsi, évitent ostensiblement de visiter Bkerké. Et se dressent contre l’idée d’aider à organiser des retrouvailles entre Baabda et le siège patriarcal. En refusant, par exemple, que le RPC aille en bloc voir le chef de l’État à cet effet, comme le proposent certains membres dits modérés. Pour les loyalistes ultras, il est important de montrer que l’on considère Bkerké uniquement comme un recours spirituel, en écartant toute idée de traiter avec le patriarche des questions politiques. Cette attitude de déni a jeté un froid, comme on sait, entre le RPC et les parlementaires membres de la Rencontre de Kornet Chehwane. Ce qui n’empêche pas Ferzli, répétons-le, d’entreprendre des contacts diligents avec les opposants. D’ailleurs, comme l’indiquent les membres de la Rencontre, le vice-président de la Chambre a entretenu la flamme de sa médiation même lors des pires vagues d’attaques provenant de son propre camp global contre Bkerké. Cependant les mêmes sources avouent qu’à leur avis, les efforts de Ferzli ne peuvent pas donner grand-chose pour le moment. Ils lui reconnaissent quand même le mérite, important, de garder ouvertes, pour plus tard, des perspectives de vrai dialogue. Ce qui ne saurait se concrétiser, répètent-ils, que si le pouvoir y met enfin du sien, par des mesures concrètes, comme la réouverture de la MTV. Ils demandent aussi, naturellement, que le régime prenne leurs revendications de base, fondées sur les constantes nationales, au sérieux. Sceptiques, ils ajoutent que le pouvoir va encore une fois, très certainement, laisser filer l’occasion sans la saisir. Tout simplement parce que, selon leur jugement, les loyalistes haut de gamme ne voient les choses que sous l’angle d’un rapport de forces étriqué, régional, électoral. Car ils n’ont pas encore digéré la vox populi qui s’est exprimée au Metn, et que l’on n’a pas autorisée à aller de nouveau aux urnes après avoir invalidé Gabriel Murr. Pour conclure sur une note perfide, ces mêmes opposants relèvent qu’avant de parrainer un dialogue général, les dirigeants devraient commencer par balayer devant leur propre porte. C’est-à-dire par s’entendre entre eux, pour de bon et pas seulement pour la forme ou pour un temps, dans le cadre d’une simple trêve. Parce que, si l’on veut servir le pays, il ne s’agit pas de geler les dossiers, mais de les résoudre. Philippe ABI-AKL
Il faut bien l’avouer, et il ne faut pas cent minutes pour s’en convaincre : l’actualité n’est pas libanaise en ce moment. Mais la scène locale n’en est pas pour autant apathique. Il se prépare des mezzés à l’office. Dans la foulée du manifeste des évêques maronites, l’on a plongé tête la première dans ce que Berry appelle « la piscine ». C’est-à-dire dans...