Rechercher
Rechercher

Actualités

Opinion Liberté d’expression et médias audiovisuels

Par le professeur Pascal MONIN Le Conseil national de l’audiovisuel a tenu récemment une réunion avec les responsables des médias audiovisuels afin de définir l’attitude à adopter en cas de guerre en Irak. Cette réunion a remis sur le tapis le dossier de la réorganisation du paysage audiovisuel au Liban. Dans les lignes qui suivent, le professeur Pascal Monin, directeur du DESS en information et communication à l’USJ, expose ses vues sur ce plan. Depuis le XIXe siècle, le Liban s’est imposé comme centre des activités politiques et culturelles du monde arabe, grâce à la liberté d’expression dont il jouit. Jusqu’à ce jour, malgré les difficultés et les pressions de tout genre, le pays du cèdre jouit toujours d’une certaine liberté de presse, en comparaison avec les pays arabes. Malheureusement, cet espace se réduit comme une peau de chagrin et les médias audiovisuels ne cessent de subir de multiples pressions. Sous l’effet conjugué de l’argent, de la politique et du communautarisme, la liberté d’expression se perd de jour en jour. Le Liban possède pourtant de nombreux atouts qui lui permettent de devenir le pivot des métiers de la communication dans la région. Il pourrait servir de cadre pour des médias arabes modernes et libres. Encore faut-il que les responsables politiques cessent leurs ingérences, préservent la liberté d’expression et permettent aux médias de se développer et de rayonner à partir du Liban. Pour construire l’avenir médiatique du pays, nous devons doter les secteurs des médias et de la publicité d’une loi équitable et moderne qui puisse garantir non seulement la liberté d’expression mais la liberté de création et de diffusion. Cette loi devra s’accompagner de la mise en place d’une réglementation professionnelle et éthique. Cette déontologie, comme il en existe en Europe, doit garantir la liberté d’expression pour tous, le droit des citoyens à l’information, l’indépendance des journalistes, le respect de la vérité et la protection de la vie privé. Un code de déontologie, inspiré de celui de Munich (Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) et soigneusement élaboré par les journalistes eux-mêmes, permettrait aux médias libanais d’accomplir leur mission réelle. Le non-respect d’une éthique professionnelle éloigne le public des médias et met en doute leur crédibilité. La création d’un observatoire des médias (qui pourrait avoir une portée arabe) pour le suivi de ces questions liées à la liberté d’expression et à l’éthique professionnelle est souhaitable. Le Liban serait évidemment appelé à accueillir un éventuel observatoire arabe qui fonctionnerait en étroite collaboration avec les associations de citoyens. D’autre part, il est urgent de renforcer et d’étendre les prérogatives du Conseil national de l’audiovisuel libanais à l’image du CSA français. Si le CNA jouissait d’un rôle plus important et d’une plus grande indépendance, on aurait pu éviter une partie des problèmes auxquels le secteur a été confrontés. La fermeture de la MTV aurait pu ainsi être évitée, tout comme les conséquences liées à l’affaire de la NTV... Malheureusement, l’avenir des médias est menacé au Liban. Non seulement en raison des interventions politiques ou communautaires ou du manque de liberté d’expression, mais à cause du grave recul des recettes publicitaires. Cette régression des budgets publicitaires ne cesse de s’accentuer et ne laisse pas augurer d’un retour rapide à une situation plus favorable. Le rapprochement ou la fusion entre les différentes institutions médiatiques pourrait représenter une garantie pour la survie de ce secteur. C’est dans cette voie que certains médias ont commencé à s’engager, comme la LBCI avec al-Hayat ou la FTV avec la MBC... La situation est inquiétante et appelle à des décisions courageuses et rapides. Aujourd’hui, c’est aux journalistes, universitaires, responsables et citoyens de veiller à nos valeurs et de préserver la raison d’être de notre pays : sauvegarder un espace où la liberté d’expression et la démocratie peuvent s’épanouir. Force est de relever dans le contexte présent la définition que donne du journaliste Joseph Pulitzer: «Un journaliste, dit-il, est une vigie sur le pont du navire de l’État. Il note une voile qui passe, les petites choses intéressantes qui pointent à l’horizon par beau temps. Il signale le naufragé à la dérive que le navire peut sauver. Il scrute le brouillard et la tempête pour avertir des dangers qui menacent. Il ne pense pas à son salaire ou aux profits des ses employeurs. Il est là pour veiller à la sécurité et au bien-être de ceux qui lui font confiance». Sans démocratie, sans liberté d’expression, point de citoyen bien informé et point de médias de qualité ou de journalistes indépendants...
Par le professeur Pascal MONIN Le Conseil national de l’audiovisuel a tenu récemment une réunion avec les responsables des médias audiovisuels afin de définir l’attitude à adopter en cas de guerre en Irak. Cette réunion a remis sur le tapis le dossier de la réorganisation du paysage audiovisuel au Liban. Dans les lignes qui suivent, le professeur Pascal Monin, directeur du DESS en...