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Dossier Régional - Hammoud, Chareh, Maher, Ben Yéhia et Moussa à New York dans les 48 heures Lahoud : Les résolutions de Charm el-Cheikh sont en conformité avec les positions internationales Participation minimale de Beyrouth aux réunions de l’Organisation de la conférence islamique

Près de quarante-huit heures après son intervention au sommet arabe de Charm el-Cheikh (au cours de laquelle il avait exhorté ses pairs à adopter, au sujet de l’Irak, une position qui constituerait « un message clair à la communauté internationale » contre la guerre), le chef de l’État, Émile Lahoud, a estimé que les résolutions arrachées in extremis samedi dernier dans la station balnéaire égyptienne « sont au diapason de la position internationale qui refuse » la guerre contre l’Irak. Et qui appuie « de plus en plus » l’application stricto sensu des décisions onusiennes, « et notamment la résolution 1441 ».Et selon des députés auxquels il a accordé audience hier, le président Lahoud est « satisfait ». Parce que les leaders arabes « ont réussi à se mettre d’accord sur une formule unifiée » semblable en de nombreux points, a-t-il souligné, à ce que préconisent moult États européens et africains – ainsi que la Russie, la Chine, le Vatican et des pays non alignés. Tout cela dans le but de faire primer les options pacifiques sur la volonté de guerre, a ajouté le locataire de Baabda, qui a estimé qu’il était « important que la position arabe soit au moins équivalente et complémentaire » de celles venant des quatre coins de la planète. Le n° 1 de l’État a en outre rappelé devant ses visiteurs l’attachement de ses pairs aux résolutions – « toutes » les résolutions – adoptées au cours de l’avant-dernier sommet arabe de Beyrouth. Encore une preuve, selon lui, que la réunion accueillie dans la capitale libanaise a été « un exemple » de solidarité panarabe, celle de « la réconciliation entre l’Irak et les pays du Golfe – une réconciliation dont les effets ont continué à se faire sentir jusqu’au sommet » de Charm el-Cheikh. Émile Lahoud a également fait part des réactions positives des différents leaders arabes à son souci de respecter les résolutions beyrouthines en question, qui ont été « comme un point de lumière » au cours des assises égyptiennes. Un signal lumineux, comme une ligne rouge à ne pas franchir, et qui a évité aux Arabes de s’embourber dans des initiatives et des propositions qui, si elles avaient été soumises à l’assemblée, auraient dynamité la solidarité et l’unité de la position arabe. Le chef de l’État, qui a estimé que la coordination libano-syrienne « a eu un impact positif » tant au cours de la réunion de Charm el-Cheikh que durant celle des ministres arabes des Affaires étrangères qui a précédé, a également affirmé qu’il attendait que le président en exercice du sommet, le roi du Bahreïn Hamad ben Issa al-Khalifa, commence à entreprendre les contacts dont il a été chargé à Charm-el Cheikh. Lesquels contacts devront servir à activer le comité ad hoc (dont font déjà partie le Liban et la Tunisie) qui sera chargé de l’opération marketing de la position arabe dans plusieurs capitales de la planète et au sein des organisations internationales. Le président Lahoud a d’ailleurs encouragé toute participation arabe supplémentaire à ce comité, à cette troïka ministérielle arabe, « qui doit commencer à travailler très vite, sachant que le facteur temps est très important dans cette course entre deux façons » de voir et de faire : « l’une qui œuvre pour la paix, et l’autre qui s’active pour la guerre », a indiqué le chef de l’État. Les contacts de la « troïka » Justement, cette troïka ministérielle a commencé dès hier à concrétiser. Les contacts se sont ainsi intensifiés entre les ministres des AE libanais, Mahmoud Hammoud, syrien, Farouk el-Chareh, égyptien, Ahmed Maher, tunisien, Habib ben Yéhia, bahreïni, Mohammed ben Moubarak al-Khalifa et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, dans le but d’entamer cette opération marketing auprès des cinq grands (USA, France, Russie, Grande-Bretagne et Chine), des Nations unies, et d’enclencher les concertations avec le gouvernement irakien. Quel est, en gros, le message de la troïka ? Un : « non à la guerre contre l’Irak ». Deux : « non à l’ingérence dans ses affaires internes » et « non au remodelage régional évoqué par le secrétaire d’État US, Colin Powell ». Sauf que ce dernier s’est, depuis, rétracté. Trois : l’attachement aux Nations unies, « la seule référence pour le règlement des conflits et pour la préservation de la paix et de la sécurité », et la demande, adressée à l’Irak, d’ « appliquer toutes les résolutions de l’Onu ayant un lien direct avec la 1441 ». Quatre : considérer que le désarmement de l’Irak est une partie intégrante du désarmement de la région, « Israël inclus, et en application de la résolution 687 adoptée en 1991 ». Selon des sources diplomatiques rapportées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, l’adhésion de l’Égypte à la troïka ministérielle « confère à celle-ci un soutien et une impulsion indiscutables ». Et que la porte reste ouverte à quiconque voudrait s’y intégrer. En attendant, ces sources indiquent que dans le cadre des contacts accélérés induits par la troïka, les ministres concernés ont décidé de se retrouver à New York dans les prochaines vingt-quatre heures pour remplir la mission dont ils sont impartis. Ils rencontreront en principe jeudi le secrétaire général de la Maison de Verre, Kofi Annan. Dans tous les cas, ces chefs de la diplomatie arabes souhaitent être présents à New York avant la journée de vendredi, pour pouvoir se concerter avec, outre Kofi Annan, leurs homologues américain, français, britannique, russe et chinois. Il est d’ailleurs aussi probable qu’ils participeront à la séance plénière du Conseil de sécurité, prévue le 7 mars, pour écouter notamment le rapport du chef des inspecteurs onusiens, Hans Blix, ainsi que celui de Mohammed el-Baradei. Ni Lahoud ni Hariri à Doha D’un autre côté, et selon des informations également rapportées par notre correspondant, il semble désormais sûr que le Liban ne participera pas aujourd’hui mardi au Conseil des ministres des AE de l’Organisation de la conférence islamique, ni demain mercredi au sommet extraordinaire de l’OCI. C’est-à-dire qu’en principe ni le chef de l’État, Émile Lahoud, ni le Premier ministre, Rafic Hariri, ne feront le déplacement à Doha. D’ailleurs, aucun responsable n’a souhaité hier se prononcer sur un quelconque niveau de la participation libanaise qui, dit-on, sera réduite à l’ambassadeur du Liban au Qatar, Afif Ayoub. La raison serait que Beyrouth ne voudrait pas que Doha explique le faible niveau de la représentation libanaise comme étant « prémédité ou dirigé contre » lui, « mais plutôt comme étant conforme aux positions syrienne et saoudienne ». Connaissant notamment les allergies féroces entre Doha et Ryad, qui n’enverra que son vice-ministre des Affaires étrangères. Des sources bien informées ont dans tous les cas souhaité que Doha « comprenne » la position du Liban, et que celle-ci ne vienne pas troubler les relations libano-qatariotes, « solides tant au niveau officiel qu’entre les deux peuples », rapportant en outre que les contacts entre Beyrouth et Ryad se sont intensifiés hier. Ces sources en question ont ensuite évoqué la surprise des dirigeants libanais après l’appui présumé du souverain bahreïni (« le président en exercice du sommet n’a pas à être partial ») à la proposition du n°1 émirati, cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, expliquant que celle-ci s’est vite dissipée, une fois éclaircie la position du roi Hamad ben Issa al-Khalifa. Que son appui n’est que rumeurs, et qu’il n’en a pas fait état officiellement. Le Liban va donc se contenter d’observer ce qui va se passer à Doha, à l’ombre de la confusion à laquelle l’on a eu droit hier au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Lequel a salué – sans l’adopter – l’offre d’exil faite par Abu-Dhabi à Saddam Hussein afin d’éviter la guerre en Irak, tout en souhaitant cependant que cette proposition soit approuvée par la Ligue arabe, qui l’avait passée sous silence lors de son sommet de samedi. Sauf qu’à titre individuel, Qatar (le pays hôte du sommet de l’OCI), après le Koweït et l’Arabie saoudite, a soutenu la proposition de cheikh Zayed. « Nous, à Qatar, soutenons cheikh Zayed. Son initiative témoigne de son souci de préserver les intérêts de la nation arabe et du peuple irakien », a déclaré hier le chef de la diplomatie qatariote, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr al-Thani. Il n’empêche, toutes les spéculations sont permises sur le point de savoir si l’OCI approuvera l’idée de l’exil de Saddam Hussein. Sachant que les Émirats n’ont pas caché leur mécontentement à l’encontre du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui n’a pas soumis au débat, lors de la réunion de samedi, la proposition de cheikh Zayed. Les sources précitées ont en outre estimé que les États-Unis « ont très bien réussi, volontairement ou pas, leur entreprise de dynamiter – certes de façon limitée jusque-là – la solidarité arabe ». En ce qui concerne, bien évidemment, le règlement de la crise irakienne, à la lumière des menaces anglo-US. Et si cela continue jusqu’au bout, la position arabe serait fortement affaiblie, ce qui aurait pour conséquence de gêner considérablement Paris et Berlin, que soutiennent Moscou et Pékin contre Washington, Londres et Madrid.
Près de quarante-huit heures après son intervention au sommet arabe de Charm el-Cheikh (au cours de laquelle il avait exhorté ses pairs à adopter, au sujet de l’Irak, une position qui constituerait « un message clair à la communauté internationale » contre la guerre), le chef de l’État, Émile Lahoud, a estimé que les résolutions arrachées in extremis samedi dernier...