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Le Liban s’efforce de prévenir d’éventuelles retombées négatives de la crise

Spectacle peu fréquent : un ambassadeur obligé de recevoir des plaintes contre son propre chef hiérarchique, le ministre des Affaires étrangères. C’est ce qui vient de se passer au Koweït. Où une forte délégation de la colonie libanaise s’est rendue à l’ambassade pour protester contre les atteintes au pays-hôte, à travers les dérapages attribués au chef de la diplomatie libanaise lors de la conférence ministérielle arabe au Caire. Les émigrés, courroucés, ont même demandé la démission du ministre concerné, Mahmoud Hammoud. L’ambassadeur, Khaled Kilani, leur a tenu de sages propos, mais n’a pas réussi à les calmer. Ni à les empêcher de publier un communiqué virulent. Au Liban même, comme on sait, le pouvoir a vite fait de déplorer le nuage relationnel avec le Koweït, qui a toujours été pionnier dans l’aide financière à la reconstruction comme au développement de ce pays meurtri. L’affaire étant diplomatique, Beyrouth a diplomatiquement parlé de « simple malentendu ». Cependant de nombreux pôles n’ont pas manqué, intra muros, de jeter la pierre à M. Hammoud. Dont l’erreur, rappelons-le, avait été, en tant que président de la conférence, de publier un communiqué final favorable à l’Irak sans tenir compte des réserves koweïtiennes. Réserves portant, quant au fond, sur les reproches faits au Koweït d’offrir des facilités au bellicisme US. Le chef du gouvernement n’a pas été trop méchant pour sa part à l’encontre du présumé fautif. Hariri a en effet relevé que l’erreur commise n’était certainement pas volontaire et ne devrait pas avoir d’effet négatif durable sur les rapports bilatéraux entre le Liban et le Koweït. Mais même cette indulgence relative implique qu’à tout le moins, le ministre n’a pas été assez attentif. Ce qui semble du reste étonnant de la part d’un professionnel haut de gamme, d’un diplomate de carrière, c’est le mot. Mais Hammoud a toujours été sourdement contesté. Longtemps, le vrai ministre des AE c’était Hariri lui-même. Et c’est Salamé que l’on a mis en avant pour le sommet arabe comme pour le sommet de la francophonie. Aujourd’hui, Hariri se trouve forcé de reprendre les rênes. Pour éviter que les Koweïtiens ne ferment et les robinets de leur aide et leurs bureaux d’assistance au Liban. Ainsi que pour prévenir des retombées négatives en ce qui concerne les dotations de Paris II (300 millions de dollars promis par le Koweït) pas encore parvenues à Beyrouth, et les projets pour Paris III. Le président du Conseil a rapidement obtenu de la direction koweïtienne qu’elle consente à ne pas aller jusqu’à la brouille. Mais des voix continuent à s’élever au Koweït, notamment au Parlement, pour réclamer l’arrêt de l’aide au Liban. Autre effet de cette crise : la question de la responsabilité revient sur le tapis à Beyrouth. Un ministre, entend-on répéter dans les cercles politiques, peut-il dévier sans en subir les conséquences ? Pour le moment, aucune sanction ne semble envisagée et cela pour des raisons politiques diverses. D’abord parce qu’un éclat trop fort pourrait faire sauter le cabinet tout entier. Or, une crise ministérielle est prohibée par les décideurs dans les circonstances actuelles. Aussi, tout comme Hariri, Berry, dont Hammoud n’est pas éloigné, entend calmer les choses en se contentant d’apaiser les Koweïtiens. Il a ainsi relancé au téléphone son homologue du Golfe. Le président du Conseil, quant à lui, va s’entretenir de nouveau avec le ministre koweïtien des AE, cheikh Sabah el-Ahmed, en marge des travaux de la conférence des non-alignés à Kuala Lumpur. Il reste qu’une campagne larvée est entamée par de multiples pôles sur la place locale. Afin que la sélection des ministres, lors de la formation du prochain gouvernement, se fasse un peu moins en fonction du partage du gâteau politique entre grands, et un peu plus en base des critères de compétence ou de probité. Car malheureusement, certains éléments de l’équipe actuelle, une petite poignée, se sont distingués par leurs fantaisies, notamment sur le plan matériel. Au point que d’épais dossiers les concernant ont été remis au parquet pénal financier. Ce n’est pas le cas, il faut se hâter de le préciser, de M. Hammoud, dont seule est mise en cause l’ardeur, louable, à lutter contre la guerre en Irak. Sans assez regarder du côté du Koweït. Philippe ABI-AKL
Spectacle peu fréquent : un ambassadeur obligé de recevoir des plaintes contre son propre chef hiérarchique, le ministre des Affaires étrangères. C’est ce qui vient de se passer au Koweït. Où une forte délégation de la colonie libanaise s’est rendue à l’ambassade pour protester contre les atteintes au pays-hôte, à travers les dérapages attribués au chef de la...