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DOSSIER RÉGIONAL - La chargée d’affaires US a été reçue par le ministre des Affaires étrangères Washington demande à Beyrouth d’enjoindre à l’Irak de se soumettre à la 1441 (photos)

Le premier commentaire du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, au lendemain du rapport sur l’Irak présenté par le secrétaire d’État US, Colin Powell, à la tribune du Conseil de sécurité de l’Onu, est pour le moins laconique. En gros : chacun a le droit de dire ce qu’il veut. Que ce soit un ministre représentant un État membre permanent, ou le délégué d’un des autres pays membres. « Sauf qu’en ce qui concerne le Liban, il nous importe d’insister sur plusieurs points. D’abord, réaffirmer que c’est au Conseil de sécurité qu’incombe la responsabilité d’assurer la paix et la sécurité internationales », a déclaré le locataire du Palais Bustros. Rappelant que cela est écrit noir sur blanc dans la Charte des Nations unies, et qu’il s’agit de « revenir à cette Charte à chaque fois que » cette paix et cette sécurité sont en jeu. « Notamment en ce qui concerne le dernier paragraphe de la résolution 1441, selon lequel c’est le Conseil de sécurité qui reste seul en charge de ce dossier », a souligné Mahmoud Hammoud. Second point sur lequel insiste le Liban : l’attachement aux décisions prises lors du Sommet arabe de Beyrouth. À savoir le refus de toute menace et de toute agression contre n’importe quel pays arabe, « Irak inclus ». Laquelle agression serait considérée comme visant « l’ensemble des pays arabes ». Le chef de la diplomatie s’est ensuite penché sur les propos de Colin Powell, sur les « indices » et autres « preuves » apportés par le secrétaire d’État US, avant-hier à New York. Pour Mahmoud Hammoud, c’est sans ambages : l’article 10 de la résolution 1441 stipule que ces indices et ces preuves doivent être transmis aux inspecteurs, qui investigueront, enquêteront, et présenteront un « nouveau » rapport au Conseil de sécurité. « Lequel est censé être la seule autorité de référence pour ces inspecteurs », a assuré le ministre des AE. Qui a réitéré l’appel du Liban – et des pays arabes – à éviter la guerre, et à se consacrer à une solution pacifique. Estimant qu’une guerre « ne résout rien, bien au contraire, elle crée d’autres problèmes, et l’on ne peut pas spéculer sur ses résultats », Mahmoud Hammoud a mis l’accent sur un nécessaire renforcement de la coopération entre Bagdad et les inspecteurs internationaux. Signalons que le locataire du palais Bustros avait informé le chef de l’État, Émile Lahoud, des différents contacts qu’il a effectués avec plusieurs de ses homologues, au sujet de la date et du lieu de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres arabes des AE. Les deux hommes ont également évoqué le prochain Sommet arabe des chefs d’État. Avec Calin D’autre part, le ministre Hammoud a reçu hier la chargée d’affaires américaine Carol Calin, avec laquelle il a passé en revue le rapport Powell, qui a accusé avant-hier l’Irak de continuer à posséder des armes de destruction massive. Ont également été évoqués les raids fictifs menés par l’aviation israélienne dans le ciel libanais, à la lumière du dernier rapport du représentant personnel de Kofi Annan pour le Liban-Sud, Staffan de Mistura (« Nous souhaitons tous que le calme prévale le long de la ligne bleue », a-t-elle indiqué) ; ainsi que la réunion extraordinaire des ministres arabes des AE, le 16 février au Caire Carol Calin a affirmé, au sortir de son entretien, que l’Irak ne respecte pas et n’applique pas la résolution 1441. Et a affirmé, en faisant référence à la solution du dossier irakien, et en répétant les propos de George Bush ou de Colin Powell, que c’est « sur les semaines, et non les mois, à venir » qu’il faudrait se concentrer. « Partout dans le monde, et en particulier dans cette région, la diplomatie US est extrêmement inquiète, et c’est pour cela que nous nous concertons avec nos alliés. C’est dans cette optique que je me suis entretenue avec le ministre des AE, et pas uniquement à ce sujet (l’Irak). Nous avons évoqué les relations bilatérales, ainsi que toute situation d’urgence qui viendrait ponctuer les semaines à venir, tant sur le plan humanitaire qu’au sujet du dossier des réfugiés », a déclaré la chargée d’affaires US. Interrogée sur le point de savoir si Washington a demandé le soutien de Beyrouth au rapport Powell, Carol Calin a souligné que le souhait US était le suivant : « Que les pays concernés par une solution pacifique (à la crise irakienne) publient des communiqués appuyant les recommandations du Conseil de sécurité prises à l’unanimité, et qui appellent l’Irak à se soumettre à la résolution 1441, et à se désarmer ». Et sur le point de savoir ce qui adviendrait de l’Irak après une éventuelle offensive américaine, et si cette dernière s’inscrit dans le cadre d’un changement stratégique post-11 septembre, elle a rappelé que c’est la position US axée autour de « la guerre totale contre le terrorisme » qui a bouleversé la stratégie dans le monde. « Nous avons travaillé en ce sens avec le Liban, et avec d’autres pays, dans le but de contenir ce problème et d’en découdre. Nous avons ressenti un changement au sein de la communauté internationale, et je pense que nous avons besoin de travailler sans discontinuer, et en utilisant les voies diplomatiques, pour lutter contre le terrorisme », a-t-elle conclu. La demande US formulée par Carol Calin et appelant le Liban, entre autres pays, à publier des communiqués enjoignant à Bagdad de respecter la résolution 1441, intervient moins de vingt heures après le rapport Powell, qui fait clairement état de la présence, sur le territoire irakien, d’armes de destruction massive. Une demande qui s’inscrit dans le cadre de l’offensive diplomatique US visant au désarmement du régime de Bagdad. Selon des sources bien informées, l’appui diplomatique que souhaite Washington vise à couvrir et à justifier sa décision (déjà prise si l’on en juge du nombre de GI’s massés dans la région) de mener une guerre contre l’Irak. Ces sources en question estiment que la position adoptée par Mahmoud Hammoud (que les preuves US soient fournies aux enquêteurs) rejoint celle de ses homologues français, russe et chinois, et selon laquelle il faudrait tempérer, et accorder une nouvelle chance aux inspecteurs pour enquêter à propos des informations données par Hans Blix. Ces sources précitées n’ont pas voulu spéculer sur les retombées de la prise de position de Mahmoud Hammoud auprès des Américains. Sauf que l’on peut qualifier les déclarations du locataire du palais Bustros de « calmes », d’autant plus qu’elles sont basées sur la résolution 1441 de l’Onu. Il n’empêche, ces sources estiment que les indices avancés par le secrétaire d’État US sont « superficiels » et « ne convainquent » ni le citoyen libanais, ni l’homme politique, ni le diplomate. Khalil FlEYHANE
Le premier commentaire du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, au lendemain du rapport sur l’Irak présenté par le secrétaire d’État US, Colin Powell, à la tribune du Conseil de sécurité de l’Onu, est pour le moins laconique. En gros : chacun a le droit de dire ce qu’il veut. Que ce soit un ministre représentant un État membre permanent, ou le délégué...