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Des efforts seraient en cours pour épargner les officiers de Saddam, seuls capables d’éviter un morcellement du pays Les Arabes redoutent une éventuelle montée en puissance des chiites irakiens

Les dirigeants arabes du Proche-Orient que la menace de guerre contre l’Irak inquiète souhaitent que l’armée irakienne soit épargnée autant que faire se peut lorsqu’un conflit éclatera. À leurs yeux, elle constitue la seule institution à même d’éviter un morcellement de l’Irak en enclaves chiite, sunnite et kurde. Les responsables arabes insistent pour que l’armée irakienne, qui est commandée par des sunnites, soit épargnée et que ses officiers supérieurs bénéficient d’une amnistie après le conflit. Des négociations sont en cours à un haut niveau actuellement entre émissaires arabes et dirigeants américains pour qu’une telle amnistie soit accordée, déclarent à Reuters des responsables arabes. L’idée est d’encourager les généraux qui gravitent autour de Saddam Hussein à fomenter une « révolution de palais » qui éviterait un conflit et les retombées potentiellement coûteuses d’une guerre dévastatrice. « Les dirigeants arabes pensent que la guerre est inévitable. Afin de garantir la stabilité dans l’Irak d’après-guerre, ils soulignent la nécessité de maintenir l’armée intacte. Ils veulent que l’Amérique donne des assurances et garantisse aux échelons supérieurs de l’armée qu’ils bénéficieront d’une amnistie et ne seront pas poursuivis », a déclaré un diplomate arabe de haut rang. « Les militaires doivent recevoir la garantie claire, certaine et publique que s’ils passent du côté américain, ils seront épargnés. Ils (les dirigeants arabes) pensent que cela pourrait encourager l’opposition et un coup de force contre Saddam, et minimiser le risque de guerre », a-t-il ajouté. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a développé ces arguments-là lors de ses récents entretiens avec le président George W. Bush, le président Jacques Chirac et le Premier ministre britannique Tony Blair. La Turquie use elle aussi de son influence diplomatique pour faire passer le même message. « Les Américains ne doivent pas briser l’épine dorsale de l’armée et la démoraliser parce que lorsqu’il s’agira de maintenir l’ordre et la stabilité dans un Irak tribal, ils auront besoin de l’appui de l’armée », a déclaré un autre émissaire arabe. « Tout le monde pense au modèle turc. L’armée sera la garante de la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Irak. L’armée permettra un passage réussi à un autre régime », a-t-il estimé. Minoritaires dans le pays face aux chiites, les sunnites irakiens occupent des postes clés aussi bien au sein de l’armée que sur la scène politique. Saddam Hussein lui-même est sunnite, tout comme la majeure partie des membres de la Garde républicaine, son unité d’élite, considérée comme le pilier du régime. Les pays voisins de l’Irak – Turquie, Arabie saoudite, Iran, Syrie – ont en commun de redouter que l’Irak, après la chute de Saddam Hussein, ne sombre dans le chaos et ne se fragmente selon des lignes de partage religieuses ou ethniques, ce qui menacerait l’équilibre de l’ensemble du Proche-Orient. Les dirigeants saoudiens, dont le royaume se fonde sur le wahhabisme, doctrine puritaine sunnite, craignent que le chiisme n’impose sa loi dans le sud de l’Irak, comme il avait tenté de le faire après la guerre du Golfe en 1991, et n’attise la dissidence au sein de la minorité chiite du royaume. « Tout le monde (dans la région) cherche une solution pacifique, parce que les enjeux sont trop grands en cas de guerre », explique un responsable saoudien. Démission ou exil de Saddam Hussein ? L’un des scénarios qu’ils envisagent, même s’il n’a rien d’officiel, concerne l’hypothèse d’une démission de Saddam Hussein. Mais, confient deux responsables arabes, certains signes donnent à penser que le numéro un de Bagdad ne consentirait à laisser le pouvoir qu’à son propre fils cadet, Qousaï, commandant de la Garde républicaine. Pour Washington et ses alliés occidentaux, Qousaï est un des plus proches collaborateurs de Saddam Hussein et, loin d’être une solution au problème, il ne pourrait que le compliquer. « Des négociations sont en cours et des propositions voient le jour concernant une démission de Saddam et de ses principaux collaborateurs, mais il est difficile de dire ce que Saddam acceptera ou non », a déclaré un responsable. « S’il doit démissionner, Saddam insistera pour que son fils prenne les rênes, mais les États-Unis accepteront-ils ? Je ne le crois pas », continue-t-il. Bush a accueilli favorablement l’idée d’un départ de Saddam Hussein en exil, mais il n’entend donner à une solution diplomatique que « des semaines, et non des mois » pour en finir avec la crise irakienne. Le prince Saoud avait déclaré la semaine dernière, après son entretien avec Bush, que la question d’un exil de Saddam n’avait pas été évoquée. Un responsable de l’Administration américaine avait souligné qu’il ne fallait guère fonder d’espoir sur un départ en exil.
Les dirigeants arabes du Proche-Orient que la menace de guerre contre l’Irak inquiète souhaitent que l’armée irakienne soit épargnée autant que faire se peut lorsqu’un conflit éclatera. À leurs yeux, elle constitue la seule institution à même d’éviter un morcellement de l’Irak en enclaves chiite, sunnite et kurde. Les responsables arabes insistent pour que l’armée...