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Commémoration - Des milliers de fidèles à la messe du souvenir en mémoire de l’ancien ministre et député Pour tous ses partisans, une question : Pourquoi la mort d’Élie Hobeika ne mobilise-t-elle pas la justice ? (photo)

Un an après, c’est comme s’il était mort hier, tant chez ceux qui l’ont aimé et qui sont venus nombreux à la messe de requiem, la douleur est encore vive. Elle l’est d’autant plus que l’enquête piétine, sans que les autorités ne s’en soucient. Comme si personne ne voulait connaître la vérité sur l’assassinat d’Élie Hobeika, avec trois de ses compagnons, à quelques mètres de son domicile, à Hazmieh, dans l’un des secteurs les mieux gardés du Liban. Il est parti avec ses secrets, mais le plus grand mystère est encore cette fascination qu’il continue à exercer sur des milliers de Libanais, qui n’en finissent pas de le pleurer. Le parti al-Waad, qu’il a fondé et qui est désormais présidé par son épouse, Gina, avait voulu faire les choses en grand. D’abord pour rendre hommage à Élie Hobeika et à ses compagnons, ensuite pour compenser autant que faire se peut l’indifférence de l’État, dont il était pourtant devenu l’un des plus fervents défenseurs. Dès midi, des mesures spéciales avaient été prises pour accueillir les partisans du disparu, un écran géant avait été installé dans le salon de l’église, et des drapeaux, des portraits et des banderoles avaient été accrochés dans les rues menant à l’église. 3 000 vidéocassettes avaient été prévues pour être distribuées à la fin de la messe. Pourtant, il en aurait fallu le double pour toutes les personnes présentes, qui ont commencé à affluer à partir de 15h, pour trouver des places assises. Les officiels aussi sont venus nombreux. Le chef de l’État avait demandé au ministre Michel Moussa de le représenter, alors que le député Antoine Habib et le ministre Assaad Diab représentaient respectivement le président de la Chambre et le président du Conseil. Le président syrien avait dépêché le général Mohammed Saïd Bkhaytane (ce qui n’avait pas été fait lors des funérailles) et les autorités syriennes étaient représentées par le général Ghazi Kanaan et par le brigadier Rustom Ghazalé. De nombreuses personnalités étaient aussi présentes, notamment le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, qui avait failli perdre la vie avec Hobeika, à Zahlé, les ministres Khalil Hraoui, Sleimane Frangié et Pierre Hélou, de nombreux députés, des représentants des commandements militaires et des responsables des partis, notamment le commandant Fouad Malek, pour les Forces libanaises, et bien sûr, le chef des Kataëb, Karim Pakradouni, l’une des rares personnalités à avoir tenté d’aider les partisans de Hobeika. « C’est bien beau, la fidélité » Mais les plus touchants étaient, sans conteste, les membres de la famille du défunt, ses parents, son épouse et son fils, ceux du parti, fidèles parmi les fidèles et les centaines d’anonymes, jeunes et vieux, de milieux aisés ou pauvres, venus pour un ultime témoignage d’allégeance. C’est d’ailleurs ce qui a fait dire à Joe, le fils d’Élie Hobeika, qui d’ailleurs lui ressemble d’une façon hallucinante : « C’est beau la fidélité et c’est grâce à elle que, depuis 365 jours, je peux croire que mon père n’est pas totalement mort. Je reste moi-même fidèle à ses principes et je pense qu’ils me resteront eux aussi fidèles. » Quelques mots, une voix claire et puissante et cette façon de pencher la tête en avant qui rappelle étrangement l’ancien ministre et député, Joe Hobeika – qui a parlé au nom de la famille – a exprimé la douleur et l’amertume de l’assistance, qui ne comprend toujours pas pourquoi aucun effort n’est réellement déployé pour découvrir les assassins, comme s’il s’agissait d’un simple fait divers, et non d’un crime menaçant la sûreté de l’État. Pour la plupart des présents, depuis un an, c’est chaque jour une nouvelle tentative de tuer Hobeika, puisque l’État cherche à le faire tomber dans l’oubli. La messe d’hier après-midi et la cérémonie du matin, sur les lieux mêmes où sa voiture avait explosé, sont, à cet égard, une sorte de défi, ou un cri pour rappeler cette tragédie aux responsables. Un pionnier Membre du bureau politique du parti al-Waad, Rima Farah a d’ailleurs prononcé une allocution très ferme, exprimant à la fois la désillusion des partisans, mais aussi leur détermination à poursuivre le combat de Hobeika pour un État des institutions, qui protège la loi et préserve les droits individuels et nationaux. « Nous sommes porteurs d’un projet politique, national et démocratique et nous sommes convaincus qu’il n’ y aura pas de salut en dehors de ce projet », a-t-elle déclaré, avant de se demander pourquoi l’assassinat de Hobeika n’a pas été déféré devant la cour de justice. « Tuer un leader politique et le chef d’un parti, en plein jour, par le biais d’une voiture piégée, dans un quartier hautement sécuritaire, ne constitue-t-il pas une atteinte à la sûreté de l’État ? » Maroun Badr a aussi prononcé une courte allocution au nom des jeunes du parti et c’est l’évêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, qui a célébré la messe du souvenir. Son homélie exprimait elle aussi le malaise général face à l’inertie de l’État. Même mort, Élie Hobeika continuerait-il à déranger ? Et un État qui prône la transparence et qui veut être crédible peut-il étouffer un crime de cette ampleur ? En tout cas, tous ceux qui ont voulu réduire l’ancien ministre et député au rôle de simple milicien ont dû, hier, être choqués. C’est sa mémoire et elle seule qui a poussé tant de gens à lui rendre hommage. Celui qui a longtemps été un homme de l’ombre, et dont le parcours exceptionnel a certes été entaché de nombreuses actions controversées, restera pour tous ceux qui sont venus honorer sa mémoire, un pionnier, qui, avant beaucoup de ses semblables, avait compris la nécessité du choix syrien, la valeur du dialogue avec les ennemis d’hier et l’importance d’un Liban laïc et démocratique, où chacun peut trouver sa place et son rôle. Sauf lui, que la mort a terrassé, au coin de la rue, un triste jeudi 24 janvier 2002. Scarlett HADDAD
Un an après, c’est comme s’il était mort hier, tant chez ceux qui l’ont aimé et qui sont venus nombreux à la messe de requiem, la douleur est encore vive. Elle l’est d’autant plus que l’enquête piétine, sans que les autorités ne s’en soucient. Comme si personne ne voulait connaître la vérité sur l’assassinat d’Élie Hobeika, avec trois de ses compagnons, à...