Le responsable syrien a conféré avec Lahoud, Berry, Hariri, Farès, Khalil Hraoui, Sleimane et Karamé Ghazi Kanaan effectue un spectaculaire come-back sur la scène locale(photo)

L’ancien chef des services de renseignements syriens au Liban, le général Ghazi Kanaan, qui est en charge actuellement du département de la sécurité politique en Syrie, a effectué hier un spectaculaire come-back sur la scène libanaise, depuis sa mutation à Damas, en rencontrant dans la journée d’hier le président Émile Lahoud à la faveur de la visite du chef de la diplomatie syrienne, Farouk el-Chareh, au palais de Baabda, ainsi que le chef du Législatif, Nabih Berry, le Premier ministre, Rafic Hariri, le vice-Premier ministre, Issam Farès, le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Sleimane, ainsi que l’ancien chef de gouvernement, Omar Karamé.Le général Kanaan a d’abord accompagné M. Chareh au palais présidentiel où une rencontre a eu lieu à cette occasion entre le chef de l’État, le président de la Chambre et le Premier ministre. Le général Kanaan s’est rendu ensuite au Parlement en compagnie du nouveau chef des services de renseignements syriens au Liban, le brigadier Restom Ghazalé, et du chef des observateurs syriens à Beyrouth, le brigadier Mohammed Khalouf. La délégation tripartite a conféré avec M. Berry à 13 heures 30 avant de se rendre au Grand Sérail où elle a été reçue à 14h15 par M. Hariri. En début d’après-midi, la délégation syrienne a conféré avec M. Farès en à son bureau du centre Sofil. Elle a ensuite rendu visite, à 16 heures, à M. Karamé puis a tenu une réunion avec le ministre de la Défense, à Yarzé, en présence du chef des services de renseignements de l’armée libanaise, le bridagier Raymond Azar. Enfin, la délégation syrienne a été reçue par le général Sleimane en présence du bridagier Azar. Au cours de toutes ces rencontres, le général Kanaan a souligné qu’il effectuait une mission spéciale à Beyrouth à la demande expresse du président Bachar el-Assad afin de mettre l’accent sur la gravité de la situation régionale. De source digne de foi, on précise que le message syrien sur ce plan est apparu « clair et ferme », se résumant en peu de mots : la conjoncture dans la région est particulièrement délicate et la priorité devrait être accordée au stade actuel à la situation en Irak et au Proche-Orient ; par voie de conséquence, les dirigeants libanais devraient n’épargner aucun effort afin de mettre une sourdine à leurs divergences et assainir le climat interne. En clair, il est devenu impératif de calmer le jeu, ce qui implique que, pour l’heure, il ne saurait être question d’un changement de gouvernement. Le premier résultat de cette « mission syrienne » s’est fait ressentir dès hier, place de l’Étoile, au cours du débat budgétaire. Les députés haririens, qui s’apprétaient à tirer à boulets rouges sur le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, ont modifié à la dernière minute leurs allocutions pour éviter l’escalade avec le ministre Cardahi (et donc avec Baabda) au sujet du dossier de la téléphonie mobile. Indépendamment des implications politiques locales de la mission du général Kanaan, les observateurs ont relevé hier que cette visite impromptue revêt une importance certaine dans la mesure où elle indique que le général Kanaan n’a pas été totalement déchargé du dossier libanais, comme certains milieux l’ont supposé à l’occasion de la mutation de l’officier syrien à Damas. En outre, la visite à M. Omar Karamé a retenu l’attention des analystes qui ont relevé que l’ancien Premier ministre est la seule personnalité non officielle à avoir conféré avec la délégation syrienne. Cette rencontre a été perçue comme un « message » à peine voilé adressé à M. Hariri.