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tribune Exclure le pouvoir politique des « affaires »

Par Jean-Louis CARDAHI, ministre des Postes et Télécommunications Nombre de jeunes Libanais se sont expatriés durant les trente dernières années. Certains après avoir étudié, travaillé, vécu à l’étranger, ont fait le choix de retourner au pays, convaincus que leur patrie était et resterait pour toujours le pays du Cèdre. Ce choix ils l’ont fait par conviction, par nostalgie, par amour pour le Liban mais aussi afin qu’une génération nouvelle puisse croître chez elle plutôt qu’à Montréal, Paris, New York ou ailleurs. Que faire pour que ce choix ne soit pas une erreur et pour que beaucoup d’autres de nos meilleurs talents libanais prennent, eux aussi, le chemin du retour ? Comment faire pour que le Liban ne continue pas de perdre ses filles et ses fils, qu’il ne change pas de visage, et peut-être même d’identité ? Cela est-il possible ? Oui, mais à condition de sortir de notre passivité, voire de notre défaitisme et d’engager une véritable réforme du système qui nous gouverne et qui régit notre vie quotidienne. Une réforme réelle qui redonne confiance en notre pays, qui touche tous les domaines sociaux, politiques, économiques, éducatifs, juridiques et autres, qui conforte notre société civile dans ses choix démocratiques. Comment faire pour que « réformer notre système d’État » ne reste pas un vain mot, un refrain qu’on est lassé d’entendre ? Il faudra que les thèmes de la réforme traduisent une série de réclamations populaires, exprimées haut et fort par tous les Libanais, relayées par les médias, débattues par la société civile dans le respect des valeurs démocratiques. En 1997, la société civile s’était mobilisée pour réclamer des élections municipales, et l’on a constaté comment le slogan « Baladi, Baldati, Baladiyati » avait devancé les décisions officielles, créant une sorte d’état de fait. Aujourd’hui, plus que jamais, il faut exiger des politiques, ministres, députés et autres dirigeants, qu’ils s’engagent solennellement à ne pas avoir, directement ou indirectement à travers des proches, des contrats ou des intérêts à quelque titre que ce soit avec l’État, ses institutions ou les sociétés bénéficiant de privilèges du domaine public. Engager la réforme c’est réclamer à cor et à cri une séparation entre le pouvoir politique et les « affaires ». C’est au prix de démarches de cette nature que la confiance reviendra progressivement dans le pays. Les Libanais attendent depuis si longtemps la réforme de l’administration qu’ils en sont arrivés à ne plus y croire. La réforme globale est plus que jamais d’actualité et constitue la condition sine qua non de l’amélioration de notre système socio-politique et de notre économie. Elle prend forme dans des démarches concrètes, claires et bien définies. Elle nécessite une approche rationnelle basée sur des principes bien énoncés, que tout le monde est en mesure d’apprécier. Elle se doit de respecter les règles universelles d’éthique professionnelle, de séparation du pouvoir politique de celui des affaires, de lutte contre la corruption, de probité, de respect envers le citoyen, envers le Liban. À la veille du processus de privatisation qui devient partie intrinsèque de l’économie nationale, il est impératif que le citoyen reprenne confiance dans l’action gouvernementale. Pour cela, les responsables politiques doivent s’engager clairement à ne prendre part, sous aucune forme, à ce processus qui, s’il est mené conformément aux normes internationales, peut offrir une opportunité exceptionnelle pour la création d’emplois et la croissance économique. Si ces principes de base ne sont pas respectés, l’avenir de notre pays en sera sérieusement affecté. J’ose exprimer le vœu que le Liban, dont on a violé tant de fois les fondements, puisse cette fois-ci se relever et faire face aux défis de l’avenir.
Par Jean-Louis CARDAHI, ministre des Postes et Télécommunications Nombre de jeunes Libanais se sont expatriés durant les trente dernières années. Certains après avoir étudié, travaillé, vécu à l’étranger, ont fait le choix de retourner au pays, convaincus que leur patrie était et resterait pour toujours le pays du Cèdre. Ce choix ils l’ont fait par conviction, par...