Rechercher
Rechercher

Actualités

Développement - La semaine de travail et d’information en direction des jeunes s’ouvre demain Patrick Renauld : Il faut voir les choses avec un grand angle, au lieu d’un petit objectif(PHOTO)

En poste au Liban depuis quinze mois, l’ambassadeur de l’Union européenne, M. Patrick Renauld, a eu le temps de connaître les méandres de la politique interne et les aspirations de la population. Et ce qui le tracasse le plus, c’est le désenchantement des jeunes qui n’aspirent plus qu’à quitter leur pays. Dans le cadre de l’accord de partenariat euro-méditerranéen, il lance donc dès demain une « Semaine d’information et de travail en direction des jeunes », afin, dit-il, « de les aider à reprendre confiance dans leur avenir » et surtout de leur ouvrir des perspectives concrètes en matière de marché du travail. Une conférence de presse et trois interviews d’affilée, il y aurait de quoi faire perdre patience à n’importe qui, mais pas à M. Patrick Renauld, qui ne témoigne aucune lassitude. Au contraire, le chef de la commission de l’UE à Beyrouth parle avec le même enthousiasme de « la Semaine d’information et de travail en direction des jeunes », qui commence demain et qu’il a soigneusement préparée, avec ses collaborateurs, pour répondre à la fois à l’attente des jeunes, mais aussi à celle des chefs d’entreprise libanais, dans l’esprit du partenariat euro-méditerrannéen. Selon M. Renauld, l’UE, fidèle à ses engagements et en collaboration avec le gouvernement libanais, entame sa mission en se dirigeant vers les jeunes, qui représentent l’avenir du partenariat. « Notre première action, dit-il, alors que l’accord vient d’être ratifié, vise les jeunes. Lorsqu’on veut faire redémarrer l’économie, plusieurs éléments entrent en jeu : les aspects structurel, financier et institutionnel, ainsi que les ressources humaines. Tous sont d’importance égale, car lorsqu’un chef d’entreprise gère celle-ci, les ressources humaines comptent autant que l’aspect financier ». Des chefs d’entreprise optimistes Cette action n’est nullement ponctuelle. Elle s’inscrit dans le long terme, puisqu’en s’adressant aux jeunes, on fait un investissement dans la durée. Elle commence donc par cette semaine de travail et d’information, qui comportera deux ateliers de travail et deux conférences-débats, car M. Renauld estime que pour redonner confiance aux jeunes dans un avenir possible au Liban, « il faut leur parler et leur donner l’occasion de s’exprimer et d’entrer en contact avec le monde du travail. Ils vont voir ainsi qu’il existe au Liban des chefs d’entreprise optimistes qui vont leur montrer qu’on peut investir, avoir confiance ». Dans le cadre des ateliers de travail, les jeunes, envoyés par leurs universités respectives, pourront ainsi discuter avec le couturier à la renommée internationale, M. Élie Saab, M. Alfred Moukarzel (de Moukarzel Farms) et M. Joe Faddoul (Istisharat). Ce choix ne serait-il pas un peu trompeur, les trois chefs d’entreprise ayant eu un parcours qui n’est pas celui du commun des mortels ? M. Renauld pense au contraire qu’un tel parcours pourrait être celui de plusieurs jeunes. « Il ne faut pas rester dans une dynamique négative. Il faut écouter, discuter. Les aspects de la sécurité physique n’empêchent pas le développement économique. Ce qui pourrait entraver ce dernier, c’est le manque de sécurité juridique ». Les meilleures compétences Le second volet de la semaine consiste à mettre en place des réseaux, une sorte de banque de données, en se basant sur celles qui existent déjà. Mais celles-ci sont-elles fiables, surtout qu’au Liban, c’est encore le clientélisme et le principe de proximité qui guident le marché du travail ? « On ne peut pas examiner le problème avec un petit objectif. Il faut utiliser un grand angle. Si on voit à chaque fois un élément négatif, on n’avance pas. Considérer que les gens sont recrutés sur base de leurs allégeances pousse à rester dans un climat qui n’est pas celui du développement. Dans notre démarche, nous nous inscrivons dans l’économie moderne des outils d’audit qui aident l’entreprise à se développer. Aujourd’hui, une entreprise ne peut plus se fonder sur le cousinage ou l’amitié si elle veut être performante. Beaucoup l’ont d’ailleurs compris et elles veulent s’assurer les meilleures compétences possibles. Le chef d’entreprise qui ne le sait pas encore s’en apercevra bientôt. Car, si ce système fonctionnait par le passé, c’est parce que le marché libanais était protégé. L’ouverture a ses revers, qui consiste à relever le défi de la compétitivité. Et si le chef d’entreprise ne trouve pas sur place les compétences qui lui sont nécessaires, il ira les chercher ailleurs, avec l’ouverture des marchés. Avec l’accord de partenariat, le Liban va être en compétition avec l’étranger. À mon avis, il deviendra très bientôt un marché du travail très important et les chefs d’entreprise voudront savoir où trouver le bon comptable, etc. C’est pourquoi nous voulons créer ce réseau, cette base de données. » Le programme qui sera lancé dès demain prévoit-il des encouragements financiers, un système d’aide aux jeunes ? « Je ne pense pas que ce soit là le plus important. Un jeune qui a du talent et de l’ambition n’a pas besoin de ce genre d’encouragements. Les bons salaires seront payés pour que les bonnes recrues n’aillent pas ailleurs. Je crois que les chefs d’entreprise vont apprendre à se contenter d’une marge de bénéfices moins importante, à mieux rémunérer leurs salariés pour assurer la pérennité de leurs boîtes. Sinon, c’est le mauvais rendement et l’impossibilité de rester dans la course. » Quels sont les métiers qui peuvent se développer dans le cadre de l’accord de partenariat ? « Tous ceux qui tournent autour de la production agricole, à haute valeur ajoutée. L’agro-industrie est un créneau important, ainsi que la fabrication de produits de luxe. Il y a beaucoup de domaines à explorer, d’autant que l’agro-industrie couvre de nombreux secteurs, dont la médecine (vétérinaire), les métiers juridiques... » En quoi consiste la participation de l’État à cette semaine ? « Ce programme est mis en œuvre dans le cadre de l’accord de partenariat conclu avec le gouvernement et ratifié par le Parlement. Il est géré par le ministère de l’Économie et avec son accord, le ministre Bassel Fleihane est l’un des principaux participants à cette semaine. L’État libanais encadre nos activités et certains ministères sont très actifs. D’ailleurs, lorsque j’en ai parlé au président du Conseil, il m’a dit : “Je vous soutiens à fond.” Et ce n’était pas pour me faire plaisir, mais parce qu’il est convaincu de l’importance du rôle de la jeunesse. » L’activité en direction des jeunes se limitera-t-elle au domaine économique, ou bien y aura-t-il des sessions sur les droits de l’homme, la peine de mort ? « Cette semaine, ce sera les jeunes et l’entreprise. Les droits de l’homme, la justice seront pour une étape ultérieure. D’ailleurs, nous lançons, sur la chaîne NBN, un programme mensuel sur l’Europe et nous pourrons développer un thème chaque mois, tout au long de l’année. » Scarlett HADDAD
En poste au Liban depuis quinze mois, l’ambassadeur de l’Union européenne, M. Patrick Renauld, a eu le temps de connaître les méandres de la politique interne et les aspirations de la population. Et ce qui le tracasse le plus, c’est le désenchantement des jeunes qui n’aspirent plus qu’à quitter leur pays. Dans le cadre de l’accord de partenariat euro-méditerranéen,...