Wassim Fayed, la tête dans les étoiles (photo)

Wassim Fayed fait partie de la génération des enfants de Spielberg, Lucas et autre Bill Gates, pour qui la guerre est celle des étoiles et l’alphabet un langage codé et universel à la fois. our comprendre Wassim Fayed, lorsque l’ordinateur ne sert, pour certains nostalgiques, qu’à rédiger un texte, sans doute faudrait-il user d’un dictionnaire plus moderne ou, mieux, d’un traducteur qui parle le langage du XXIe siècle, celui du monde vaste et insondable de l’informatique. Pour le suivre et le saisir, il faut abandonner ses repères, littéraires surtout, oublier son français et tenter de pénétrer le monde apparemment obscur des ordinateurs et de leurs logiciels. Il faut surtout essayer de comprendre ou… faire semblant. Ce qui paraît évident, toutefois, c’est que ce jeune homme au regard absent, dirigé vers la ligne d’horizon d’une mer très bleue ce matin ou vers les étoiles, son territoire à conquérir, ce jeune homme semble programmé pour réussir. Sa passion, avec bien sûr un peu plus d’intelligence que d’autres et beaucoup de détermination, l’a mené au poste qu’il occupe aujourd’hui. Il semble surtout être la bonne personne au bon endroit. Car, à 38 ans, Wassim est directeur de programme de particularisation locale auprès de Microsoft Windows, à Redmond USA. En collaboration avec une équipe de quatre pros, tous ingénieurs, il s’efforce tous les jours de retranscrire Windows pour les différentes conjonctures linguistiques de manière à ce que ce programme soit lu et manipulé avec autant de facilités par quarante différentes langues. « J’ai toujours rêvé d’être là où je suis et de faire ce que je fais. » Plus encore, et c’est sans doute là l’accomplissement dont il peut s’enorgueillir, Wassim a conçu une carte SmartCD dont il détient le brevet et qui permet d’assurer aux utilisateurs une protection de leur propriété intellectuelle. En clair, plus de piratage possible et plus de copies illicites de CD ou de programmes softwares. Il vient de recevoir pour ce brevet un « prix pour l’innovation en technologie » qui lui a été remis par la Fondation Makhzoumi. La première exploitation de ce brevet, comme a tenté de nous expliquer son concepteur, a servi dans l’élaboration de la version récente de la console de jeux Xbox. « Des millions d’utilisateurs vont utiliser cette carte, la perfection est essentielle pour Microsoft et pour moi-même. J’essaie toujours de faire les choses au mieux.» Une motivation qui l’a mené à bon port. Être positif « Je suis quelqu’un de très positif, je n’abandonne jamais. Je ne reste pas face à un problème en pensant que c’est la fin du monde, mais j’essaie plutôt de l’utiliser et d’en bénéficier. » Les choses, il faut le dire en langage simple, n’ont pas été faciles pour ce jeune Libanais exilé aux USA en 1985. Alors qu’il suit des études d’ingénieur en informatique à la Florida Technical University, il travaille dans un restaurant, « d’abord comme plongeur pour finir responsable des cuisines. » Après avoir obtenu son diplôme, il jette le tablier et intègre la Filter Research Corporation. Sa tâche consiste alors à concevoir et développer des filtres et des transformateurs utilisés sur les avions. « J’ai été obligé de partir, n’étant pas citoyen américain, car toutes ces sociétés travaillent avec le département de la Défense. » Lassé, il reprend un tablier plus neuf et ouvre une chaîne de cinq restaurants, Gyros and More Mediterranean Restaurant. « J’ai continué durant quatre ans à faire mes devoirs de vacances, connaître les nouvelles technologies, rester à jour. Mais ces années étaient dures, physiquement. J’ai décidé de tout quitter et de rentrer au Liban. » Courte escale au pays et à Dar al-Handassa et, toujours, ce même rêve. « Un jour, sur Internet, presque spontanément, j’ai présenté mon CV à Microsoft. » Deux semaines et cinq interviews téléphoniques plus tard, Wassim est au paradis Microsoft. « Lorsque j’ai démarré, je ne savais pas grand-chose ! J’ai beaucoup travaillé, je me suis rattrapé et je me suis prouvé. » Cela en faisant partie de l’équipe qui a écrit le code miroir de Windows 98, utilisé aussi dans Windows 2000 et Windows XP, puis en devenant responsable du Complex Script Windows ME et IE 5.5, et enfin directeur de programme de particularisation globale. «Je me suis prouvé en peu de temps. » Impatient de retrouver sa famille, femme, enfants et société chérie, il parle de l’avenir en termes simples, même s’il réfléchit « global » et dans toutes les langues possibles. « J’ai suffisamment de travail pour m’occuper les cinq ans à venir. Après ? On verra bien ! » Carla HENOUD