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Les pôles du pouvoir appelés à assainir le climat interne face aux échéances régionales

Un ancien ministre qui continue de suivre de près l’évolution de la conjoncture aussi bien locale que régionale note avec amertume que les principaux pôles du pouvoir se livrent à des surenchères internes et se laissent entraîner dans des tiraillements à caractère purement politicien alors que l’ensemble du Moyen-Orient fait face à des échéances cruciales qui risquent fort d’influer sur le sort des peuples. Cet ancien haut responsable souligne que le chef du Législatif, Nabih Berry, a été amené à évoquer avec les dirigeants syriens, lors de la visite qu’il vient d’effectuer à Damas, l’état des relations entre les pôles du pouvoir au Liban, à la lumière de l’épisode de la New TV, alors que les responsables syriens placent en tête de leurs priorités dans les circonstances présentes les retombées possibles de la guerre que l’alliance occidentale, conduite par les États-Unis, pourrait lancer très bientôt contre l’Irak. « Pour les dirigeants syriens, précise cet ancien ministre, tous les efforts doivent être axés sur les moyens de faire face aux conséquences politiques, économiques et sécuritaires de la guerre contre l’Irak. Mais au Liban, nos dirigeants sont préoccupés par leurs petits calculs politiciens et il semble avoir pour seule motivation de régler des comptes avec leurs adversaires ». Cette triste réalité est apparue clairement lors de la visite de M. Berry sur les bords du Barada. Il était prévu initialement que les entretiens du chef du Législatif avec les dirigeants syriens devaient porter sur la conjoncture régionale. En réalité, ces entretiens ont porté sur la tension apparue entre le président Émile Lahoud et le Premier ministre, Rafic Hariri, à la suite de l’affaire de la New TV. Face à une telle situation, l’ancien ministre souligne qu’il devient impératif que les pôles du pouvoir entreprennent de mettre une sourdine à leurs querelles internes et à leurs calculs politiciens de manière à assainir le climat général sur la scène locale pour permettre au Liban d’affronter les échéances qui pointent à l’horizon. Dans la pratique, cette attitude devrait se traduire par les démarches suivantes : – Une plus grande solidarité entre les dirigeants, qui devraient s’abstenir de tout comportement susceptible de semer la discorde entre les responsables. Cette solidarité et cette cohésion devraient, plus particulièrement, se manifester entre les différents pouvoirs et institutions. – Une solidarité de toutes les fractions et communautés avec l’Etat afin que ce dernier puisse affronter la tempête qui menace de souffler sur la région en cas de conflit en Irak. – Un renforcement de la coopération entre les différents services de sécurité ainsi qu’entre ces derniers et la Syrie afin que les pouvoirs libanais et syrien soient en mesure de parer à toute éventualité. – Une coordination renforcée entre les divers médias audiovisuels ainsi qu’entre les organes de presse de manière à éviter la diffusion de toute information susceptible de déstabiliser le pays ou de susciter la discorde entre le Liban et les pays amis. – Le rejet de toute attitude qui pourrait porter préjudice à l’économie ou remettre en cause les efforts d’assainissement sur le plan financier. – L’intensification des démarches diplomatiques avec les pays amis et les capitales des grandes puissances afin d’éviter que le conflit avec l’Irak ne débouche sur une attaque israélienne d’envergure contre le Liban. D’une manière plus spécifique, le Hezbollah devrait s’abstenir de toute action qui pourrait être utilisée comme prétexte par l’Etat hébreu pour justifier une agression contre le Liban. Cette retenue de la part du parti intégriste est d’autant plus nécessaire qu’une attaque israélienne risque de prendre pour cible non pas uniquement le Hezbollah, mais également l’infrastructure de base du Liban. Les milieux diplomatiques ne cachent pas leur crainte dans ce contexte qu’Israël mette à profit la guerre contre l’Irak pour lancer également des attaques contre la Syrie et contre les territoires palestiniens, parallèlement à des agressions contre les camps de réfugiés palestiniens en territoire libanais. Des sources diplomatiques soulignent à ce propos que les États-Unis s’emploieront à faire pression sur l’État hébreu afin qu’il s’abstienne de toute escalade à la faveur du conflit avec l’Irak. Mais rien ne garantit que Tel-Aviv se soumettra réellement à la volonté américaine. Les dirigeants israéliens pourraient en effet être tentés de pratiquer la politique de la fuite en avant et de lancer des attaques contre le Liban et la Syrie de peur que Washington ne leur impose une solution au conflit du Proche-Orient quelque peu contraire aux intérêts israéliens et aux desseins du Likoud. Et l’ancien ministre de conclure qu’en tout état de cause, et dans l’attente que la conjoncture régionale se décante, le pouvoir libanais devrait suivre de près l’évolution du dialogue qui a été entamé ces derniers jours à Damas entre les États-Unis et le régime syrien. Car, à l’évidence, beaucoup de dossiers en suspens au Liban pourraient être tributaires de l’issue de ce nouveau dialogue. Émile KHOURY
Un ancien ministre qui continue de suivre de près l’évolution de la conjoncture aussi bien locale que régionale note avec amertume que les principaux pôles du pouvoir se livrent à des surenchères internes et se laissent entraîner dans des tiraillements à caractère purement politicien alors que l’ensemble du Moyen-Orient fait face à des échéances cruciales qui risquent...