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EXPOSITION - À partir du mercredi 8 janvier jusqu’au samedi 8 mars Rétrospective Moustafa Farroukh au musée Sursock: délicatesse du pinceau et intensité de l’expression(photo)

Des œuvres de Moustafa Farroukh * (1901 -1957), l’image la plus communément répandue est celle des pinèdes et des bosquets peints à l’aquarelle. Des tableaux qui ont fait l’objet, à ce jour, d’innombrables reproductions. Variations sur un même thème, ces paysages déclinent avec infiniment de délicatesse et de douceur un sujet cher à l’artiste : la nature libanaise. Une nature verdoyante, lumineuse, sereine et attrayante – malheureusement de moins en moins préservée – qu’il a reproduite d’un pinceau à la fois fidèle et sensible, tout au long de sa vie. Inlassablement, assidûment, il a immortalisé des vues des quatre coins du pays : Tripoli, Hammana, Choueifat, Bikfaya, Chemlane, Zaarour, Saïda, Beiteddine, Kesrouan, etc. Des compositions à l’huile ou à l’aquarelle qui, outre la délicatesse de gamme et de pinceau qui les caractérisent, constituent aujourd’hui un précieux témoignage de cette richesse patrimoniale en voie de disparition pour cause de « bétonisation »! Mais ce que tend à montrer la rétrospective des œuvres de Moustafa Farroukh, organisée par le musée Sursock pour le centenaire de la naissance de l’artiste (avec cependant un léger décalage !), c’est la variété de sa production. « Paysagiste et portraitiste, peintre de natures mortes, de nus et de scènes de genre, Moustafa Farroukh a abordé tous les genres », signale le conservateur-adjoint du musée Sursock, Mme Sylvia Agémian. Ce maître du pinceau a aussi beaucoup manié la plume. Outre les 165 œuvres picturales, tirées d’une cinquantaine de collections privées, dont celle de son fils Hani et celle de la Bibliothèque nationale, la présente exposition montre aussi quelques exemplaires de son œuvre écrite, assez abondante, dont la fameuse autobiographie Tariki ilal fann (Mon approche de l’art). Pionnier de la peinture libanaise (avec ses contemporains César Gemayel et Omar Onsi), Moustafa Farroukh est avant tout un observateur à l’acuité visuelle et perceptive intense. Observateur de la nature, certes, mais aussi des gens, dont il fixe avec un talent particulier l’expression du regard. Et spectateur attentif du quotidien du pays, dont il s’amuse à caricaturer les événements et les protagonistes de la vie sociopolitique. C’est donc l’œuvre d’un artiste impliqué dans son temps, et qui brosse en quelque sorte par touches, de toile en toile, le paysage global du Liban des années 1920 à 1956, date de son dernier tableau, qui va se révéler aux visiteurs de cette exposition. Premier portrait Laquelle, agencée de manière chronologique, commence, au rez-de-chaussée, par un portrait de Mohammad Ali Beyhum, daté de 1915, et réalisé au fusain par Moustafa Farroukh à l’âge de 14 ans. On y décèle le grand talent du jeune adolescent, natif de Basta el-Tahta et issu d’une famille d’artisans du cuivre. À l’époque, il suit les cours de dessin de Mlle Lind, fille du célèbre photographe Julius Lind, qui fut la première à cultiver la vocation précoce du futur diplômé de l’Académie royale de Rome. Là, élève apprécié d’Antonio Calcagnadoro – dont il réalisera le portrait ainsi que celui de Habib Srour, un autre de ses maîtres, en témoignage de reconnaissance et de fidélité envers leur enseignement – , il va acquérir ce réalisme classique basé sur la solidité du dessin ainsi que le souci de la minutie et – dans ses paysages – de la lumière, qui seront sa signature. L’Andalousie C’est suite aux encouragements de Habib Srour, dont il fréquentera l’atelier de 1916 à 1924, que Moustafa Farroukh s’envole pour Rome. À l’issue de son séjour italien, il passe l’été de 1926 à Paris, d’où il rapportera des cahiers de croquis, des paysages urbains à la Pissaro et un portrait du sculpteur Youssef Hoayeck, installé alors dans la capitale française. Trois ans plus tard, il ira à nouveau à Paris parfaire sa formation auprès de différents maîtres, dont Paul Chabas, Maurice Bompard et Jean-Louis Forain... Il en profite pour présenter quelques-unes de ses toiles au Salon de peinture du Grand Palais, qui attirent l’attention – bienveillante – de la critique parisienne. Plus sûr de lui-même et de son talent, il entreprend alors un voyage dont il a beaucoup rêvé: l’Andalousie. D’où il ramènera une série de compositions peintes. Des aquarelles de petit format, qui traduisent par la finesse de la reproduction des détails architecturaux, sa fascination pour la culture orientale. Autoportraits éloquents Parmi les temps forts de l’exposition, on relève : la série de grandes figures de la « Nahda al-’arabiyya » peintes sur commande pour le Salon de la pension ach-Charq. Portraits officiels, classiques, qui contrastent avec ceux des gens de la rue (muletier, portefaix, cafetier, les bédouines, etc.) ou des proches (sa mère, sa femme, son fils, une de ses élèves, etc.) que Farroukh représente beaucoup plus librement, mais toujours avec ce souci de reproduire la puissance de l’expression et l’intensité du regard de chacun. La série d’autoportraits, qui montrent l’artiste, à travers les différentes étapes de sa vie. Depuis 1925, où étudiant il se croque presque au jour le jour, à 1956 où, dans une palette sombre à l’huile, il révèle le visage d’un homme condamné par la maladie, en passant par une aquarelle de 1928, où il apparaît conscient de sa valeur, ou encore quelques années plus tard, en pleine maturité et en keffieh dans un portrait à l’huile. Composition historique Autres pièces « émouvantes » : le portrait au pastel de la Belle Beyrouthine, cette jeune femme dont le décès prématuré mena son fiancé au suicide. La figure du vieux cheikh du Crépuscule du jour et de la vie, une huile particulièrement remarquée lors de la Biennale de Rome en 1926. Mais aussi et surtout De ma fenêtre, une huile de 1950, inspirée de Beyrouth sous la neige. Un tableau d’une très grande délicatesse, qui rompt avec les paysages constamment verdoyants et ensoleillés de l’artiste. Sans oublier la grande composition historique (2x3m) baptisée Moawiya prenant le commandement de la première flotte arabe, qui a été présentée à l’Exposition universelle de New York, en 1939, et qui trône en bonne place dans le salon du musée Sursock. On ne peut évidemment pas aborder ici toutes les pièces intéressantes de cette exposition, qui a le mérite de montrer, outre les œuvres très connues de Farroukh, des facettes inédites de sa production. Une production, comme l’indique Sylvia Agémian, « suffisamment riche et variée, pour donner à voir et à revoir tout un pan d’un patrimoine coloré qui n’a cessé d’exercer un grand pouvoir d’attraction et qui a valu à son auteur de figurer dès 1951 dans le “Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs ” de E. Bénézit ». Zéna ZALZAL * La signature de l’artiste, telle qu’elle apparaît en caractères latins sur la majorité de ses œuvres, est M. Farrouk et plus rarement Mustafa Farrouk.
Des œuvres de Moustafa Farroukh * (1901 -1957), l’image la plus communément répandue est celle des pinèdes et des bosquets peints à l’aquarelle. Des tableaux qui ont fait l’objet, à ce jour, d’innombrables reproductions. Variations sur un même thème, ces paysages déclinent avec infiniment de délicatesse et de douceur un sujet cher à l’artiste : la nature libanaise....