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RENCONTRE - Retour d’un voyage au pays de Goethe Jana el-Hasan : « Les chorégraphes allemands ont parfois de folles fantaisies »(photo)

Elle revient d’un voyage en Allemagne. Jana el-Hasan n’y a pas seulement admiré les grands monuments. Elle a surtout assisté à des spectacles et rencontré les directeurs et chorégraphes des grandes écoles de danse. Ses premières impressions ? «C’est un pays tenace, solide et chaleureux. Tout y est pensé. Rien n’est laissé au hasard. » À l’image des chorégraphies made in Berlin. Ce qui les caractérise ? « Une excellente technique, affirme la danseuse-chorégraphe. Pas au niveau du visuel, plutôt sur le plan du travail du corps. » Selon elle, les Américains ont également beaucoup de technique mais pas assez de profondeur culturelle. Les Russes sont très profonds mais pas assez frais. Pour revenir aux Allemands, Jana el-Hasan note que bien qu’ils soient très austères et trop structurés, ils ont parfois des fantaisies qui vous laissent pantois. Karin Wolff, directrice du Goethe Institut de Munich, a programmé cette visite, en collaboration avec Ralf Shutle, directeur du Goethe Institut de Beyrouth, en mettant en place un emploi du temps assez chargé. Munich, Essen, Köln, Hambourg et Berlin. Les étapes de ce voyage ont chacune apporté une vision, une expérience différente qui ont conforté notre chorégraphe dans son admiration pour l’école allemande de la danse. Elle qui dit avoir intégré la technique allemande au cursus de l’UL depuis 1986, avec la participation du Centre culturel allemand. « C’est une technique difficile », dit-elle. Tant et tellement qu’elle n’est pas toujours comprise. « Pourquoi Pina Baush n’a jamais pu venir au Liban ? » demande el-Hasan. Et de répondre : « Parce qu’elle fait ressortir sur scène des états psychologiques, des états d’âme auxquels le public n’est pas accroché. Ce n’est pas uniquement chez nous. Il faut avoir vu beaucoup de danses contemporaines pour pouvoir comprendre une suggestion dramatique. » Omar Rajeh, un de ses élèves, « ses noyaux » comme elle les appelle, donne à voir un spectacle* au théâtre Monnot. On lui demande : c’est du théâtre ou de la danse ? « Les questions qu’on me posait il y a exactement 17 ans ! Mes comédiens sont danseurs. Ils font quatre ans d’art dramatique et ils dansent. Qu’est-ce qu’on va les appeler ? Des danseurs-acteurs, voyons ! On ne peut pas être un grand danseur sans être un grand comédien. Et vice versa. » Dramaturgie et danse La dramaturgie. Voilà. Le maître-mot de Jana el-Hasan est lancé. « Les chorégraphes allemands ont ce rapport viscéral à la dramaturgie. Leurs danses sont tissées dans le drame. La scène est dénudée pour donner toute son ampleur au corps, aux gestes, aux perspectives visuelles. Les costumes, les artifices scéniques et autres luxes scénographiques sont laissés de côté. Priorité au travail des muscles. » Jana el-Hasan a également rencontré de nouvelles orientations. À Cologne, Madeleine Ritter, la directrice du Tanz Performance Köln, lui a raconté que la tendance actuelle est à la collaboration entre les chorégraphes et les créateurs de vidéo-clips musicaux. À Hambourg, des laboratoires de danse impliquent des centaines d’étudiants venus des quatre coins du monde. Au ballet de cette ville, l’Américain Joe Neumeir préside. Son compatriote, William Forythe, dirige celui de Francfort. « C’est une chose admirable, commente el-Hasan. Ces deux chorégraphes, de styles différents, sont unis par le fait que l’Etat allemand leur a offert un espace et un patronage pour encourager l’art de la danse. » Pour qui dit s’être battue contre société et famille pour vivre ses rêves, il n’est pas toujours très bon d’être avant-gardiste. Des regrets ? « Non pas pour moi, mais pour le Liban. Cela me rend triste. On n’a pas ce rapport avec le corps. On ne comprend pas la danse comme un art. C’est dommage ». M.G.H. * « Guerre sur le balcon », chorégraphie et mise en scène de Omar Rajeh, à partir du 7 janvier.
Elle revient d’un voyage en Allemagne. Jana el-Hasan n’y a pas seulement admiré les grands monuments. Elle a surtout assisté à des spectacles et rencontré les directeurs et chorégraphes des grandes écoles de danse. Ses premières impressions ? «C’est un pays tenace, solide et chaleureux. Tout y est pensé. Rien n’est laissé au hasard. » À l’image des chorégraphies...