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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Le PSP réclame un soutien aux familles des anciens miliciens de l'ALS

Lors d’une récente réunion du gouvernement israélien, le Premier ministre Ehud Barak se félicitait, cent jours après le retrait de son armée du Liban, que les parents de ses soldats avaient enfin retrouvé le sommeil. Sans aller jusqu’à dire que les Libanais ont, depuis lors, perdu le leur, il est significatif de noter que dans notre pays également, cette courte période aura apporté bien plus que son lot de transformations et de bouleversements. Le 24 mai dernier, l’État hébreu mettait, en effet, précipitamment fin à 22 années d’occupation d’un millier de kilomètres carrés au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest. Mis à part les hameaux de Chebaa, ainsi que les disparités entre la ligne bleue du retrait et la frontière internationale, le Liban aura finalement réussi à recouvrer, militairement puis diplomatiquement, l’intégralité de son territoire. Outre la libération en elle-même, le principal motif de satisfaction réside dans le fait que le vide sécuritaire laissé par le retrait, même indûment prolongé, n’a pas donné lieu à des troubles notables et à des débordements d’envergure, comme c’eût été presque certainement le cas en d’autres circonstances. L’autre développement majeur qui aurait été susceptible de changer la donne au niveau régional, et non pas seulement libanais, est la disparition du président syrien Hafez el-Assad le 10 juin dernier, après 30 ans d’un règne sans partage. Force est de constater cependant que le processus constitutionnel syrien, mis en branle quelques heures seulement après l’annonce officielle du décès, n’a connu aucun dérapage et a abouti un mois plus tard au référendum populaire qui porta son successeur désigné, le Dr Bachar el-Assad, à la tête de l’État. Entre-temps les principaux protagonistes libanais fourbissaient leurs armes – politiques, financières et médiatiques – pour les élections législatives de l’été dont les deux semaines devaient, sauf à vouloir porter sur les événements un regard de myope, considérablement modifier le paysage institutionnel dans le pays. Pour autant, le spectaculaire retour de manivelle que provoqua le verdict des urnes, prévisible dans une large mesure, ne fut, sauf exception, accompagné ou suivi d’aucune intervention étatique pour peser sur le cours du scrutin. Abstraction faite des résultats, cette neutralité officielle fut saluée de toutes parts, au point que le quotidien al-Baas, porte-parole du parti du même nom, considéra les législatives de l’an 2000 comme les meilleures qu’ait connues le Liban depuis 50 ans. Trois événements historiques, autant de dénouements heureux : tel est donc le bilan rassurant des cent jours écoulés, et qui traduit indiscutablement l’éclosion d’une toute nouvelle immunité dans le corps social libanais. En d’autres temps, et dans un contexte régional différent, ces développements, pris ensemble ou même séparément, auraient pu créer un nouveau maelström et replonger le pays dans la tourmente. À présent, l’éloignement de ce scénario porte à croire que la nation libanaise, devançant l’État, a acquis durant ces dernières années une fragile maturité politique et civique que ses propres dirigeants refusaient de lui reconnaître encore récemment. Et comme pour rattraper leur retard par rapport à la société civile, et singulièrement ses composantes les plus jeunes, les ténors de la politique libanaise n’hésitent plus à reprendre langue et à renouer les fils d’un dialogue qu’avaient fini par déchiqueter des décennies de violence physique et verbale. Onze ans après Taëf, le document d’entente nationale aurait-il (re)trouvé quelque pertinence, lui qui avait fini par être vidé de sa substance et décrié par ses propres géniteurs ? Tel semble être le cas, puisqu’une forte demande, tant officielle que populaire, se fait jour pour passer d’une application sélective de l’accord à une autre, exhaustive et bien plus équilibrée. Garant de la Constitution, le chef de l’État s’est engagé lors de sa prestation de serment, mais plus significativement encore à la fermeture des urnes au deuxième tour du scrutin, à laisser la parole à la loi suprême en toute circonstance et à laisser libre cours au jeu des institutions. Un autre territoire que les fossoyeurs de Taëf avaient laissé en jachère, tout au long de l’après-guerre, est celui de l’entente nationale entre les Libanais : celle-ci semble désormais en bonne voie, après le retour au pays du président Amine Gemayel, après le virage de Walid Joumblatt et son ouverture en direction du Bloc national et du Courant national libre, après le rapprochement bienvenu entre Bikfaya et Moukhtara, prélude à un retour massif et définitif des réfugiés de la montagne dans leurs foyers, et après les appels répétés, provenant cette fois de toute part, pour mettre un terme à l’exil du général Michel Aoun et à la captivité de l’ancien commandant en chef des Forces libanaises Samir Geagea. Les deux derniers dossiers brûlants de Taëf sont de portée régionale. Sur l’épineuse question de l’implantation, le verdict libanais est unanime et sans appel : les Palestiniens résidant au Liban ne sauraient nullement y rester pour des raisons tant politiques que socio-économico-démographiques et doivent au contraire constituer les premiers effectifs de la diaspora à bénéficier du droit au retour. Signe des temps : cette notion semble avoir trouvé quelque écho lors du dernier sommet israélo-palestinien de Camp David. Mais le danger ne sera écarté que lorsque, tout au moins, les habitants des camps auront été désarmés, et se seront vu remettre le passeport du futur État palestinien. D’ici là, les Libanais devront fermement réfuter le distinguo pernicieux entre Palestiniens de 1948 et de 1967, s’arc-bouter dans leur refus de toute implantation et résister aux chants des sirènes qui, peut-être, viseront à monnayer celle-ci d’une quelconque contrepartie financière. Avec Damas Le dossier le plus délicat d’entre tous reste sans doute celui des rapports libano-syriens. De toute évidence, ceux-ci ont sensiblement évolué durant les dernières années, et singulièrement depuis le retrait israélien et l’avènement du jeune président syrien. Signe d’ouverture, le nouveau chef d’État, attendu incessamment au Liban pour une visite officielle, a reconnu dans son discours d’investiture que les relations entre les deux pays représentaient un modèle «inachevé», et donc perfectible. Reprenant la balle au bond, plusieurs figures de proue libanaises, y compris certaines très proches de Damas, plaident désormais ouvertement en faveur d’un rééquilibrage et d’un recalibrage des rapports entre les deux États. Certes, l’apport de Damas dans la pacification du pays et dans la lutte contre l’ennemi commun fut déterminant et indéniable. Le retrait israélien du territoire libanais maintenant quasiment achevé, et l’opinion publique libanaise devenue, dans son ensemble, fermement convaincue de la nécessité d’établir – et de maintenir – des relations solides et harmonieuses avec la Syrie, il devient opportun de redéfinir le rôle de celle-ci au Liban. En conséquence, les institutions légales des deux pays, et à leur tête leurs gouvernements respectifs, sont invitées à remettre à plat ensemble, dans la sérénité, le lourd dossier des rapports bilatéraux. Les questions militaires seraient traitées dans le cadre des états-majors, dans l’optique d’un allégement et d’un redéploiement suivant le calendrier initialement retenu à Taëf. L’examen des aspects sécuritaires serait, lui, dévolu aux services concernés qui coopèrent déjà depuis de longues années et qui s’assureraient, suivant le Traité de fraternité, de coopération et de coordination, qu’aucune menace contre la Syrie n’émanerait du Liban et vice versa. Ce même souci d’éviter qu’aucune atteinte aux intérêts vitaux des deux pays ne résulte d’une quelconque dissonance dans la politique étrangère, et particulièrement celle ayant trait aux négociations de paix arabo-israéliennes, commande une concertation permanente au plus haut niveau, même si la Syrie devait, par la force des choses, prendre les devants et donner le tempo. Les chapitres économiques et sociaux (dont celui de l’emploi), pour leur part, seraient débattus tant au niveau des ministères qu’à celui des organismes du secteur privé, ceux existant (Chambre de commerce, groupements d’hommes d’affaires, etc.) et ceux à créer suivant les besoins. La réflexion sur la nature et l’étendue de la coopération économique entre le Liban et la Syrie devra procéder d’un principe bien simple, à savoir qu’en théorie, ce qui rapproche les deux voisins est beaucoup plus important que ce qui les éloigne. À partir de là, une interdépendance graduelle et mesurée, faite de confiance et de consentement mutuel, est susceptible d’assurer aux deux parties un jeu positif. À l’évidence, et devant les défis grandissants de la mondialisation, le Liban et la Syrie ont vocation à former le premier cercle de la future zone arabe de libre-échange, mais il faudrait pour cela qu’ils commencent par établir entre eux une coopération économique fructueuse et équilibrée. Les rapports économiques souhaités seront faits d’échanges cordiaux, d’espérances partagées et de projets concrets ; il n’auront rien à voir avec un quelconque diktat parachuté d’en haut. Ils donneront aux deux partenaires la possibilité de se parler d’égal à égal et de se dire des vérités que des amis sincères sont en mesure de se dire. Par conséquent, la collectivité libanaise est appelée à se défaire de son sentiment de peur et de ses complexes d’infériorité. En contrepartie, il serait souhaitable que nos amis syriens abordent, pour ainsi dire, la prochaine étape commune sans armes ni armures. Realpolitik ou gage de bonne volonté, la main de Damas fut bien moins lourde lors du dernier scrutin que durant les élections antérieures, en tout cas au niveau de la capitale et du Mont-Liban, où nombre de symboles de l’ère précédente ne furent pas secourus. Ainsi donc, c’est à un ordre du jour bien chargé qu’auront droit le prochain gouvernement et l’Assemblée fraîchement élue. Il leur appartiendra, respectivement, de tracer rapidement une nouvelle perspective pour le pays et de veiller à sa bonne application. Les deux institutions devront, de concert, pérenniser l’entente nationale encore balbutiante en esquissant les contours d’une loi électorale équitable qui garantisse l’égalité des chances et la bonne représentativité des élus, qui sorte l’électorat chrétien de sa longue léthargie, qui évite toute cristallisation ou crispation d’ordre confessionnel, de même qu’elle plafonne le financement des campagnes et réglemente l’utilisation des médias, et ce afin d’éviter que ne se reproduisent les dangereux dérapages qu’il nous a été donné de constater. En tout état de cause, là où les nouveaux responsables sont le plus attendus c’est, sans conteste, sur l’explosif front socio-économique, et le président du Parlement exagérait à peine en parlant de «résistance économique». Ils devront de toute urgence prendre des mesures courageuses et même impopulaires, susceptibles d’enrayer l’effondrement financier, de contenir la débâcle économique et d’arrêter l’hémorragie humaine. Ils devront, en somme, engager des initiatives porteuses d’espoir, sans délai.
Lors d’une récente réunion du gouvernement israélien, le Premier ministre Ehud Barak se félicitait, cent jours après le retrait de son armée du Liban, que les parents de ses soldats avaient enfin retrouvé le sommeil. Sans aller jusqu’à dire que les Libanais ont, depuis lors, perdu le leur, il est significatif de noter que dans notre pays également, cette courte période...