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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Nehmé réclame un gouvernement de salut public

Devant une salle comble, James Zoghbi, président de l’Institut arabo-américain (AAI), a brossé un tableau exhaustif des relations arabo-américaines, redonnant leur juste valeur à des rapports parfois ambigus, souvent controversés surtout à une époque aussi cruciale et décisive que celle qu’elles connaissent actuellement. Son passage de deux jours au Liban, qui fait suite à une brève escale en Syrie, n’est certes pas passé inaperçu. James Zoghbi a surtout voulu redonner de l’espoir aux Libanais, qui ne misent pas assez sur un lobby arabe qu’ils croient inefficace, pour ne pas dire inexistant. Les Libanais, et les Arabes en général, ont-ils une présence politique marquée aux USA ? De quel poids pèsent-ils face au lobby sioniste ? Commentant son choix du Liban alors qu’il aurait pu se rendre dans n’importe quel autre pays arabe, M. Zoghbi le mettra sur le compte de cette «promesse de reconstruire le pont (entre les deux peuples) et de rétablir les canaux de communication entre le Liban et les États-Unis», une mission que se charge d’assumer l’AAI. Pour illustrer ces relations, James Zoghbi a choisi de parler de ce qui intéresse directement les Américains en ce moment, à savoir l’élection présidentielle. Vue de l’extérieur, la politique américaine ne peut être comprise qu’à travers le prisme des voix électorales. Ce qui compte, c’est le nombre de votants. Car, dit-il – «et cela vous surprendra peut-être» –, les questions de politique extérieure n’ont qu’un impact mineur au sein de la société américaine. «Des statistiques montrent que 59 % des Américains estiment que les questions sociales sont les plus importantes ; 31 % considèrent les problèmes économiques comme primordiaux. Seuls 3 % jugent que ce sont des sujets de première importance», souligne M. Zoghbi. Les rares fois où les candidats abordent des problèmes de politique extérieure, c’est lorsqu’ils se trouvent devant des groupes communautaires ou ethniques précis, poursuit le conférencier. Ils parleront alors d’Israël devant les juifs, du problème de Palestine et du Proche-Orient devant les Arabes, etc. «Les États-Unis sont le principal allié d’Israël : ce type de discours, vous ne l’entendrez qu’au sein de la communauté juive. Personne d’autre ne le répétera. Pratiquement parce que personne d’autre que les juifs n’y croit et que le seul but de ces propos est d’attirer l’attention de cette catégorie d’audience», dit-il. Pour le président de l’AAI, si Bush a maintes fois accusé Clinton d’avoir été particulièrement dur envers Israël, son attitude à lui ne sera pas très différente, pour la simple raison qu’en politique étrangère, «il existe une sorte de consensus entre les deux partis». En période électorale cependant, la politique étrangère n’est qu’un argument qu’on exploite et que l’on ajuste plus ou moins, selon les besoins, pour glaner les voix. «Si vous avez des votes, alors on peut discuter. Sinon, on n’a rien à se dire», souligne-t-il. C’est aussi simple, aussi pragmatique que cela. Les juifs nous ont devancés Mais où réside effectivement le problème ? La majorité des politiciens connaît très bien les réalités du Proche-Orient. La question est de savoir s’ils ont ou non la volonté d’influer sur ces réalités, fait remarquer James Zoghbi. Dans un sens, dit-il, «nous en sommes un peu les victimes dans la mesure où une des deux parties est entrée dans le jeu beaucoup plus tôt et en a appris les règles bien avant nous». D’où la difficulté de rattraper le temps perdu, souligne le conférencier, qui met en relief le fait que le jeu n’est pas toujours en faveur des Arabes. «Nous avions passé notre temps à critiquer. Mais la critique ne sert à rien. Seule l’action aboutit». Les Arabes ont mis du temps à le comprendre. C’est là leur principal défaut. Face à eux, la communauté juive, mieux armée, mieux ressourcée, œuvrait d’arrache-pied depuis des années pour mettre en place un véritable lobby, ayant compris dès le départ l’importance du poids de l’électorat juif et son influence sur la politique interne. Et M. Zoghbi de rappeler les fameux propos de Harry Truman lors du débat sur la reconnaissance de l’État d’Israël et sur l’engagement américain vis-à-vis des Arabes. Il avait alors répondu à ses conseillers qu’il «avait des centaines de milliers d’amis, de supporters et d’électeurs parmi les juifs, mais aucun parmi les Arabes». La situation a certes bien changé aujourd’hui. Les Arabes ont repris le flambeau et le chemin parcouru depuis peut paraître impressionnant. S’il existe encore quelques alias, dont les conflits intercommunautaires et surtout un manque de moyens, cela n’empêchera pas la communauté arabo-américaine de s’affirmer et de se faire reconnaître comme une force électorale avec laquelle il faudra désormais compter, principalement dans le Michigan où elle devrait être en mesure de faire pencher la balance en novembre prochain. James Zoghbi relate comment, lors du bombardement israélien du Liban-Sud en 1996, l’AAI avait été contacté pour la première fois par des responsables à la Maison-Blanche qui cherchaient à savoir si l’événement pouvait affecter négativement la réélection de Clinton à la présidence. M. Zoghbi avait répondu par l’affirmative. Trois jours plus tard, un mouvement de mobilisation s’était constitué devant le siège de la présidence et les manifestants brandissaient une liste de cinq revendications dont quatre ont reçu satisfaction, rappelle le conférencier. Forte du soutien de plusieurs sénateurs et membres du Congrès, la communauté arabe peut désormais compter sur un capital de crédibilité et sur un savoir-faire qui n’est plus négligeable. Une illustration de cette confiance s’est manifestée le jour où le président Bill Clinton est venu à l’improviste à l’une des soirée organisées par l’AAI, alors qu’aucune mesure de sécurité n’était prévue sur les lieux. «Cela ne s’était jamais vu auparavant. C’est une question de confiance. Et il y avait un message clair quant à notre position sur l’échiquier politique, à savoir que nous ne sommes plus une miniorité vaincue, méprisée et rejetée, mais un groupe politique qui a son mot à dire».
Devant une salle comble, James Zoghbi, président de l’Institut arabo-américain (AAI), a brossé un tableau exhaustif des relations arabo-américaines, redonnant leur juste valeur à des rapports parfois ambigus, souvent controversés surtout à une époque aussi cruciale et décisive que celle qu’elles connaissent actuellement. Son passage de deux jours au Liban, qui fait suite...