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Actualités - CHRONOLOGIE

Universités Une étudiante de l'Usek quatrième à un examen de l'Aupelf-Uref

Crise économique pour certains, lassitude générale et désintérêt envers le livre pour d’autres, à une période de l’année qui enregistre pourtant en temps normal des pics de vente (rentrée scolaire, suivie, dans un mois, de la rentrée littéraire), les libraires ne sont pas à la joie… Normal, leur créneau n’est pas plus épargné que les autres secteurs d’activités. Au contraire, il semble même plus touché. Coup de sonde d’une situation qui, on l’espère, ne s’éternisera pas. Il faut d’abord distinguer entre le livre scolaire et le livre général. Georges Tabet, PDG des Éditions du Levant, des Messageries du Moyen-Orient et de la Librairie Antoine, président du syndicat des importateurs de livres et de presse étrangère, annonce d’emblée la couleur. «La situation des libraires est à l’image de celle du pays. Nous n’avons pas de problèmes de choix et de sélection, mais il va sans dire que nous avons diminué la quantité. Nous aurons, cette année comme toujours, toutes les nouvelles parutions francophones, à part les quelques ouvrages d’esprit purement européen, qui n’intéressent pas vraiment les lecteurs libanais. Mais nous avons réduit de cinquante pour cent le volume de nos commandes. L’importation du livre est en baisse (15 % globalement). Si le best-seller se maintient au niveau des ventes, la littérature générale (fonds de libraires, classiques, formats poche, etc.) et les ouvrages spécialisés (scientifiques, techniques, etc.) ont enregistré une baisse de vente importante. La presse étrangère également (18 % en moins qu’en 1999, qui n’était pas une bonne année non plus). La rentrée du livre scolaire est également difficile, non pas tant à cause de la concurrence de l’État, mais à cause de la diminution des élèves dans l’enseignement privé (on avance des chiffres de l’ordre de 30 % en moins). La situation ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices donc pour les éditeurs privés et les libraires, qui ne peuvent pas fournir les écoles publiques». Lassitude Pour Wadih Audi, propriétaire de la librairie Dédicace, la question du livre scolaire ne se pose pas, il n’en vend pas. Il prépare donc pour le moment la rentrée littéraire d’octobre et sa participation au Salon du livre (début novembre). Mais «vu l’état d’esprit des gens durant les six derniers mois, j’ai bien peur qu’il n’y ait pas de rentrée cette année, affirme-t-il. Les gens se détachent du livre, de l’écrit et de la lecture. Depuis deux ans déjà, on enregistre cette tendance. Mais la grande cassure s’est faite au printemps dernier. Il y a probablement une telle lassitude chez les Libanais, qu’ils ne recherchent même plus l’évasion dans l’acte de lire. La réalité les a complètement absorbés. Même les grands lecteurs ne se fournissent plus comme avant. Soit ils ne lisent plus, soit ils font de la relecture. Cette tendance touche également la presse. Il y a quelques années, la presse dite “sérieuse” était délaissée au profit des revues “people”. Aujourd’hui même cette lecture “légère” est boudée» . Comment réagir ? «En période difficile, j’en mets plein la vue, en proposant un choix encore meilleur», soutient Wadih Audi . «Nous ne baissons pas les bras, nous espérons que cette coupure dans l’envie de lire soit momentanée». Sur les six cent nouveautés lancées par les maisons d’édition françaises, Dédicace proposera donc cette année, comme d’habitude, quelque 250 titres. Dont une sélection d’essais et de beaux livres. «Des visuels forts qui attirent en cette ère de l’image». Problème économique Chaque libraire a sa clientèle, son créneau, ses idées et son approche. Maroun Nehmé, de la Librairie Orientale (qui fait également de l’édition), estime pour sa part que la désertion des librairies ne traduit pas forcément un désintérêt envers la lecture. «Il s’agit surtout d’un problème économique, de pouvoir d’achat. Dans l’esprit des gens, le livre est importé, donc cher. Et cela en dépit du fait que, ces derniers mois, la baisse du franc français a entraîné une diminution des prix des ouvrages importés. Mais les consommateurs ont besoin de temps pour changer leurs habitudes». M. Nehmé compte sur le Salon du livre pour réactiver un peu le marché de la lecture. «Qui, à part quelques pics sporadiques enregistrés par des titres très médiatisés (comme le livre de Mouna Ayoub ou celui de Malika Oufkir) et les livres de poche, va en se dégradant». Côté scolaire, la rentrée s’annonce difficile. «D’une part, parce que nous avons des retards de livraisons des maisons étrangères. D’autre part, nous (en tant qu’éditeurs surtout) faisons face à la concurrence de l’État, qui veut maintenant imposer ses manuels (imprimés par le CNRDP, Centre national de recherches et de développement pédagogique) même dans les établissements privés». Que faire pour sortir d’un tel marasme ? Chez les libraires, éditeurs ou pas, la lassitude fait aussi son œuvre. Ils ne semblent pas avoir d’autres solutions que de prendre leur mal en patience…
Crise économique pour certains, lassitude générale et désintérêt envers le livre pour d’autres, à une période de l’année qui enregistre pourtant en temps normal des pics de vente (rentrée scolaire, suivie, dans un mois, de la rentrée littéraire), les libraires ne sont pas à la joie… Normal, leur créneau n’est pas plus épargné que les autres secteurs...