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Actualités - REPORTAGES

Le téléphone n'a pas encore dit son dernier mot (photos)

Le téléphone se glisse dans une poche, dans un sac, il s’accroche à la ceinture, il s’attachera bientôt au poignet comme une montre. Naguère, on sortait de chez-soi pour échapper à la sonnerie du téléphone : la voilà qui peut vous atteindre en tout lieu, à tout moment. Le téléphone mobile est apparu en 1956. Sa première utilisation était limitée aux chefs d’entreprise et aux hauts fonctionnaires, à cause de son prix vertigineux. Sa principale vertu est d’avoir vu son prix baisser de manière exponentielle tout en gagnant en légèreté et en miniaturisation. Après avoir séduit les hommes d’affaires au début des années 80 et 90, le téléphone mobile a fini par conquérir l’homme de la rue. Finie l’image du cadre dynamique, homme pressé, à la pointe de la technologie, qui expose la preuve qu’il est indispensable à son entreprise! Le mobile se démocratise et séduit mères de famille, étudiants et masses. En 1994, on comptait quelque 55 millions d’abonnés au téléphone cellulaire, alors qu’aujourd’hui ils seraient plus de 570 millions. Le téléphone mobile devient donc un produit de grande consommation. Un progrès technique incontestable! D’abord analogiques, les réseaux mobiles ont été rapidement saturés et remplacés par des réseaux numériques. Ces derniers ont l’avantage de la miniaturisation, du confort d’écoute et de la confidentialité, pour une puissance d’émission beaucoup plus faible (2 watts). Le début des années 90 a vu l’apparition d’une norme commune (GSM). En 1996 une autre bande de fréquence (la bande DCS-1800) a été utilisée avec une puissance d’émission du mobile réduite à 1 watt. Les opérateurs mondiaux utilisent désormais les deux bandes. Outre ses avantages techniques, comme la carte à puce (dite carte SIM) qui permet de dissocier l’abonnement de l’appareil, la grande qualité du GSM est d’être devenue une norme quasi universelle. Comment fonctionne le mobile ? Pour acheminer, par un réseau cellulaire, une conversation téléphonique d’un endroit quelconque à un autre, le pays est divisé en cellules de base. Chacune de ces cellules est équipée d’un émetteur-récepteur capable de transmettre et de recevoir la communication. Un dialogue permanent entre cet émetteur et les téléphones mobiles permet de localiser à tout instant un abonné et donc de lui acheminer une communication. Cependant, dans le contexte actuel, deux problèmes se posent: d’une part, l’espace des fréquences attribué au téléphone est fini; il n’est donc pas possible d’augmenter sans limite le nombre d’abonnés. D’autre part, la localisation et le suivi des appareils en déplacement sont assurés par un ordinateur central. Si les cellules comportent un trop grand nombre d’abonnés à gérer, cela peut poser des problèmes; par exemple, si durant une communication la personne se déplace en voiture et que l’appareil, pour des raisons de portée d’émetteur, doit changer de cellule, la communication est coupée. Une première solution pour pallier ce défaut est de réduire l’aire géographique des cellules, tout en accroissant leur nombre. Il est ainsi possible d’accroître le nombre d’abonnés par cellule et de faire une commutation plus rapide. Malgré tout, cette alternative a ses limites à cause du risque d’interférences entre cellules voisines. La seconde solution consiste à ne plus faire de différence entre téléphone fixe et téléphone mobile, réduisant ainsi les deux combinés en un unique téléphone de poche. Un peu d’histoire Depuis des temps immémoriaux, l’homme essayait de reproduire les sons de son environnement, comme le bruit de la pluie ou les cris des animaux. Peu de temps après, l’homme élabora son propre langage pour communiquer avec ses semblables. Aujourd’hui, en nous plongeant dans l’ère de l’information, la TV, la radio, le GSM, le multimédia et Internet, tous ces outils de la communication ont levé bien des barrières. L’humanité tout entière peut communiquer. Le téléphone a été imaginé pour la première fois en 1854 par l’inventeur français Charles Bourseul. Il a observé qu’en parlant devant une membrane flexible, on crée des vibrations susceptibles de commander l’ouverture ou la fermeture d’un circuit électrique: c’est l’ébauche du système téléphonique. Mais le téléphone proprement dit n’a été concrètement inventé qu’en 1877 par l’inventeur américain Alexander Graham Bell. Cette invention révolutionna le moyen de communication entre les hommes. Même si la technologie de la téléphonie mobile est aujourd’hui coûteuse et avancée, les perspectives d’évolution sont très nombreuses. Ainsi, le radiotéléphone du futur répondra évidemment aux caractéristiques des appareils actuels mais il permettra l’utilisation des services à valeur ajoutée, grâce à la constante progression des réseaux de télécommunications. Il sera capable de transmettre non seulement la voix, mais aussi les fax, Internet, la messagerie électronique, l’image et le multimédia, avec notamment des applications à la visiophonie. De plus, de nombreux services déjà offerts à quelques utilisateurs privilégiés seront proposés à tous: en appuyant sur un bouton, on pourra appeler le taxi le plus proche; les services de consultation bancaire donneront le solde des comptes en temps réel… Le mobile permettra aussi d’obtenir rapidement tout ce qu’Internet nous offre aujourd’hui: les horaires des trains, le résumé des nouvelles du jour, la météo, le trafic... Pourquoi ne pourrait-on pas non plus faire des achats depuis un mobile, en insérant la carte de crédit dans l’appareil? La téléphonie mobile a donc encore beaucoup à évoluer et l’explosion actuelle ne risque peut-être pas de s’arrêter. Quel avenir prédire pour le cellulaire ? Les conversations téléphoniques vont partout en augmentation alors que certains analystes prédisent une mort prochaine du téléphone. Comment prédire le sort destiné au cellulaire dans le monde changeant d’aujourd’hui ? Il faut bien se garder d’un raisonnement qui enterrerait un peu vite le téléphone au profit de systèmes où convergeraient les techniques des télécommunications, de l’informatique et de la télévision. Il faut revenir à l’histoire du téléphone portable pour comprendre pourquoi son usage s’est développé, et pourquoi il continue à se développer. Aux États-Unis, le téléphone a connu un essor très rapide du fait que c’est un pays qui favorise considérablement la mobilité professionnelle et géographique. Un quart des Américains déménagent chaque année, ce qui entraîne de nombreuses pertes de contacts immédiats et des liens familiaux distendus. L’on comprend mieux alors pourquoi l’usage croissant du téléphone mobile accompagne l’évolution de la société. De manière générale, toutes les conditions sont aujourd’hui favorables au développement des télécommunications. Les usages actuels du téléphone évoluent avec les transformations du monde du travail. Plus on se dirige vers une économie fondée sur la production d’informations et de savoir, plus on demande aux gens d’être joignables vingt-quatre heures sur vingt-quatre par tous les moyens possibles: fax, téléphone mobile… On constate d’ailleurs une sorte de paradoxe dans l’évolution du monde du travail. D’une certaine manière, les cadres sont en train de vivre aujourd’hui ce qu’a vécu le monde ouvrier avant eux: l’assignation à un lieu de travail devant la machine. Désormais, les cadres sont toujours à leur bureau, où qu’ils soient. Le citoyen d’aujourd’hui ressent parfois la contrainte d’être toujours atteignable par le téléphone comme un moyen de contrôle insupportable. Au fur et à mesure des développements techniques, on invente des moyens pour protéger un peu l’intimité. Cela peut être, tout simplement, le cellulaire qu’on ne branche pas, ou le fait de prétendre qu’il n’y a pas de réseau là où l’on se trouve! On constate surtout l’angoisse d’être perpétuellement atteignable. C’est un grand contraste avec les premiers utilisateurs du téléphone mobile qui couchaient avec leur cellulaire pour être sûrs de ne pas manquer un contact ! Quelles règles doit-on respecter en téléphonant ? Le sociologue Marshall McLuhan, comme beaucoup d’Américains, prétend que le téléphone est un instrument égalitaire et démocratique par sa structure même, puisque tout abonné peut théoriquement atteindre l’ensemble des autres abonnés et qu’il n’y a pas de différence de statut dans un numéro de téléphone. En pratique, toutefois, ce genre d’hypothèse se vérifie mal. L’utilisation du téléphone reproduit les structures hiérarchiques ou bureaucratiques. Le téléphone fonctionne du haut vers le bas de la hiérarchie pour donner des ordres, mais les employés évitent systématiquement d’y avoir recours pour s’adresser à un supérieur: ils continuent de se déplacer et de solliciter des entretiens. Ils ont ainsi intégré une règle écrite nulle part selon laquelle il n’est pas poli de téléphoner à un supérieur. Les historiens des télécommunications se sont presque tous intéressés à ces règles pour les formaliser et on voit qu’elles varient beaucoup en fonction des cultures nationales. Dans les cinquante premières années du développement du téléphone, tous les libraires vendaient des manuels qui répondaient à des questions comme: à qui a-t-on le droit de téléphoner? Mais les gens ne se conformaient pas à ces conseils qui étaient un peu des paroles en l’air. En revanche, on a remarqué que des règles d’usage se constituent sans que personne ne les ait formalisées. Et nous respectons tous ces règles sans nous en rendre compte. La plus universelle est la suivante: celui qui appelle doit mettre fin à la conversation. Si l’autre prend cette initiative, c’est en général perçu comme quelque chose de malpoli ou d’autoritaire. Cette règle ne figure dans aucun manuel mais elle est partout respectée. Une autre règle universelle: il est pratiquement impossible de ne pas décrocher un téléphone qui sonne. On a alors le sentiment de commettre une entorse à une règle sociale. Ce qui est absurde, puisque cinq minutes plus tôt on pouvait encore se trouver dans la rue. Mais on se sent sommé de répondre à cet appel. En définitive, à quoi peut servir le cellulaire ? L’histoire de tous les grands appareils de communication modernes montre qu’on n’avait jamais prévu le bon usage au moment de l’invention. Il est alors grand temps de penser à l’usage que l’on voudra réellement faire de notre cellulaire afin de ne pas rester esclave de son invention et des règles qui le régissent.
Le téléphone se glisse dans une poche, dans un sac, il s’accroche à la ceinture, il s’attachera bientôt au poignet comme une montre. Naguère, on sortait de chez-soi pour échapper à la sonnerie du téléphone : la voilà qui peut vous atteindre en tout lieu, à tout moment. Le téléphone mobile est apparu en 1956. Sa première utilisation était limitée aux chefs d’entreprise et aux...