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Actualités - REPORTAGES

Un marché en pleine expansion(photos)

On estime actuellement qu’il y a 570 millions d’utilisateurs de téléphones cellulaires dans le monde entier. Selon les derniers chiffres, on devrait atteindre 1,4 milliard d’utilisateurs dans les cinq années à venir. Cette ascension vertigineuse du mobile n’est pas sans susciter de larges remous. Le téléphone mobile représente l’une de ces prouesses technologiques qui ont de quoi fasciner le consommateur. Sensible aux subtilités de cette invention, ce dernier est vite devenu dépendant de son usage. C’est là une occasion rêvée pour les fabricants et les opérateurs de se lancer à l’assaut du grand public. Ce marché inespéré devient l’enjeu d’une concurrence sans merci et qui, nous dit-on, est gage de prospérité. Mais cet instrument attrayant et apparemment innocent n’exige-t-il pas quelques précautions d’emploi et un nouveau code de conduite ? Et où se situe le Liban face à ce marché ? Le marché libanais est très prometteur. C’est l’un des rares où le taux de pénétration des cellulaires est proche du téléphone fixe. Le téléphone cellulaire est devenu crucial pour les Libanais. À la fin de la guerre, il a vite remplacé le téléphone fixe, devenu inopérant. Les années de guerre ont en effet privé le pays d’une grande partie de ses moyens de télécommunication. Longtemps il est resté en marge des nouveaux secteurs de communication qui évoluent à pas de géant. La plupart des infrastructures ont été détruites. Celles qui subsistaient après la guerre étaient dans un état lamentable. Des efforts de reconstruction et de réhabilitation ont été entrepris depuis quelques années pour rénover l’infrastructure. Aujourd’hui, la situation a beaucoup changé. Le réseau téléphonique est devenu presque parfait. Le marché d’Internet est aussi en pleine expansion. Le Liban possède ainsi les meilleurs moyens de communication au Moyen–Orient. Le ministère des Postes et Télécommunications a octroyé, en 1994, des licences à deux opérateurs étrangers, Cellis et LibanCell, sur la base d’un BOT. Le réseau choisi a été le «Global System for Mobile Communications» (GSM), compatible avec les normes internationales. Le contrat a été octroyé aux deux opérateurs pour une période de dix ans, extensible de deux années supplémentaires. En contrepartie, le ministère perçoit une portion des profits. Cette portion a été fixée au départ à 20 % pour atteindre les deux dernières années 50%. Les deux opérateurs négocient avec le gouvernement en vue de changer le contrat BOT. Enfin, la concurrence entre les deux opérateurs et la demande très élevée sur le marché ont favorisé l’émergence de très bons services à faibles prix. Les tarifs étaient au départ de 5 cents par minute. Ils sont maintenant de 13 cents par minute. Cette augmentation des tarifs est uniquement due à une augmentation des taxes. Par ailleurs, le prix au Liban demeure inférieur à celui pratiqué dans beaucoup d’autres pays, surtout avec l’introduction des cartes prépayées. Le marché parallèle, seule ombre au tableau Un fait est indéniable: le mobile a envahi ces derniers temps notre vie moderne. Cette invasion s’est traduite, du fait de la multiplication des offres, par une chute vertigineuse des prix. Il ne fait aucun doute que cette concurrence acharnée conduira prochainement à faire du téléphone mobile un outil de consommation de masse. En attendant, c’est le marché parallèle qui profite de cette aubaine. Au grand désespoir des compagnies de mobiles qui voient là tous leurs efforts de commercialisation et de publicité tomber à l’eau. Selon Fadi Sawaya, directeur de la division technique chez Kettaneh, le problème principal auquel est confrontée la compagnie est le marché noir: «Le client doit être conscient que l’achat d’un mobile Alcatel sur le marché noir le privera de garantie. Sa réparation lui reviendra également beaucoup plus chère». Samer Abboud, directeur des ventes, renchérit: «Le marché parallèle affecte considérablement les ventes. Kettaneh essaie de prévenir les consommateurs contre l’achat d’un mobile Siemens sans garantie et insiste sur l’importance du service après-vente». Ericsson a également réalisé les problèmes principaux auxquels est confronté le consommateur à cause des ventes illégales qui se font sur le marché noir et qui le privent, selon Mats Paulson, directeur régional du marketing à Ericsson, de la garantie et des services après-vente. C’est ce qui a poussé la compagnie à prendre une mesure préventive visant à protéger les droits du consommateur. Cette mesure consiste à mettre un label sur tous les produits d’Ericsson (mobiles et accessoires). Ce label permettra de garantir au consommateur l’authenticité du produit ainsi que son droit à la garantie et au service après-vente. De son côté, EBE/Samsung n’a pas été épargné par le problème du marché noir. Toutefois les prix compétitifs qu’il offre lui permettent d’y faire face. Pour Hisham Mahmoud, coordinateur de marketing à EBE, l’idéal serait d’avoir un strict contrôle gouvernemental sur les importations de mobiles. Légère reprise Certes, la crise économique qui a touché les différents aspects de la vie économique, n’a pas épargné le secteur des appareils mobiles. Toutefois, il semble que le secteur des télécommunications ait été moins affecté que d’autres par le ralentissement de la croissance économique. Fadi Sawaya avoue que l’année 2000 a été dure pour tous les secteurs. «Mais depuis le retrait israélien, précise-t-il, une légère reprise a été enregistrée. De plus, l’industrie des mobiles suit la mode. Les modèles et caractéristiques des mobiles évoluent sans cesse. Il est impératif – pour ne pas se sentir dépassé – de changer son mobile. En outre, les nouvelles technologies (le Wap par exemple) attirent les professionnels qui, bien que payant un coût élevé, en ont besoin du fait de leurs activités. Ils veulent ainsi suivre la Bourse, les cours de change, voire les horaires des trains. Ils achètent alors les nouveaux modèles. D’autres évènements ont aussi contribué à ce succès: durant les élections, Kettaneh a vendu certains stocks de modèles bon marché dont les candidats avaient besoin pour leur campagne». Samer Abboud explique: «À cause de la crise économique les consommateurs achètent moins cher, mais ils achètent quand même. Kettaneh mise de plus en plus sur le marché de remplacement. C’est le cas des autres grandes compagnies sur le marché mondial et c’est la raison pour laquelle ces dernières innovent sans cesse dans les caractéristiques et les dimensions de leurs mobiles». À l’instar des autres compagnies, EBE a été, elle aussi, affectée par la crise qui touche la vie économique, surtout que les mobiles sont considérés comme un produit de luxe. Pour parer à cette crise, elle a entrepris certaines modifications de prix et adopté une politique de motivations vis-à-vis de ses dealers. Une crise d’une autre envergure De même, la crise actuelle entre le gouvernement et les opérateurs de lignes cellulaires affecte sans nul doute le marché. Vu la précarité de la situation, rien ne peut être prévu ou planifié. Kettaneh, tout comme les autres compagnies libanaises, craint de se retrouver avec un stock invendu au cas où la licence des opérateurs est retirée. De plus, s’il n’y a pas de nouvelles lignes, les compagnies ne pourront pas vendre de nouveaux appareils. Elles n’auront qu’à se contenter des clients qui veulent changer leur cellulaire. Une importante part du marché sera ainsi perdue. «Le gouvernement a raté une occasion, affirme Fadi Sawaya. Il aurait pu alléger un peu sa dette, d’autant que la plupart des opérateurs dans le monde travaillent sous licence, et rarement sous un contrat BOT. Le Liban doit suivre. Il faut évoluer». C’est bien l’avis des responsables de LibanCell qui ont, à plusieurs reprises, appelé à remplacer le contrat BOT signé avec le gouvernement par une licence, ce qui donnerait à la compagnie une importante marge de manœuvre et une grande flexibilité dans la fourniture de ses services. Cette flexibilité, selon LibanCell, serait dans le plus grand intérêt du client. Pour Cellis aussi, l’intérêt est évident. FTML a pu, au cours des cinq premières années, attirer plus de 370 000 abonnés malgré les dispositions «injustes» du contrat. FTML assure qu’elle a renfloué de 432 millions de dollars les caisses de l’État, sans que ce dernier n’investisse un seul sou. En somme, il y va de l’intérêt de toutes les parties. Pour les mêmes raisons, certains considèrent que le gouvernement devrait permettre aux opérateurs actuels d’introduire de nouvelles lignes sur le marché, d’autant plus que la demande est élevée, ce qui sera bénéfique à toutes les parties et au gouvernement en premier lieu.
On estime actuellement qu’il y a 570 millions d’utilisateurs de téléphones cellulaires dans le monde entier. Selon les derniers chiffres, on devrait atteindre 1,4 milliard d’utilisateurs dans les cinq années à venir. Cette ascension vertigineuse du mobile n’est pas sans susciter de larges remous. Le téléphone mobile représente l’une de ces prouesses technologiques qui ont de...