Les travaux des champs

Les Phéniciens se servaient sans doute d’une charrue aussi imparfaite que celle dont les Libanais font usage de nos jours, et que tire soit l’homme, soit le bœuf, soit l’âne. Cette charrue primitive se compose de pièces de bois rudimentaires assemblées par des liens ; elle gratte la terre mais ne la défonce pas. Les monuments assyriens nous montrent une charrue comportant une pièce verticale évasée dans le haut. Grâce aux textes, on a reconnu qu’il s’agit d’une charrue semoir ; c’était un tube creux terminé par un récipient dans lequel on déposait les graines. Les Carthaginois, pour les grandes cultures, utilisaient l’éléphant comme animal de trait. Pour dépiquer le grain, on employait à Carthage et en Phénicie les procédés qui sont encore en usage aujourd’hui en Syrie ; ou bien la récolte était foulée par les bœufs, chevaux, mulets, ou bien on faisait passer sur les épis soit un plateau hérissé en dessous d’éclats de silex, soit un assemblage de pièces de bois garnies de roulettes dentées en fer. Le grain était le plus souvent enfermé dans des silos. Les céréales étaient écrasées avec ces meules primitives faites d’une roue en pierre courant sur une aire, ou de ces petits moulins composés de deux pierres appliquées l’une sur l’autre, dont se servent encore aujourd’hui les femmes libanaises. Les fouilles nous ont même restitué un type de moulin encore plus archaïque : ce sont des coupes de pierre poreuse en forme de plateau, sur lesquelles on écrasait le grain avec un galet arrondi de la même pierre. On a trouvé en Phénicie des pierres bizarrement taillées, et à Chypre des menhirs percés en leur centre, dont les cavités ne peuvent s’expliquer, au dire des spécialistes, que si l’on admet que l’on y fixait le manche d’un pressoir à huile ou à vin. Les vins phéniciens étaient en général renommés et un certain nombre d’inscriptions y font allusion. L’agronome Columelle qui cite Démocrite et Magon nous dit que ceux-ci recommandaient d’exposer en Afrique la Caspienne et de la Cappadoce, ne fut connu qu’au début du deuxième millénaire avant notre ère et ce sont les Hyksos qui l’amenèrent en Égypte. Jusque-là, l’âne avait servi à tous les usages : animal de trait et animal de selle. Les terres cuites nous montrent des ânes chargés d’un bât à deux paniers, comme ceux que nous leur voyons porter encore aujourd’hui en Syrie. Les vignobles au nord à cause de la température torride du pays et de tailler les vignes au printemps. Le vin carthaginois avait une certaine âpreté et nous savons par Pline que ce défaut était déjà corrigé par le plâtrage. Le vin de raisin sec des Carthaginois était très apprécié des romains ; Columelle nous a transmis la recette qu’en donnait Magon. Les Phéniciens et les Carthaginois, qui tiraient d’abord l’huile des oliviers sauvages, cultivèrent l’arbre pour n’avoir plus besoin d’importer d’huile. De même les Phéniciens introduisirent le grenadier en Afrique. Le moyen de transport le plus utilisé était le char à deux roues ; ce chariot léger nous est déjà représenté sur les bas-reliefs assyriens; nous le voyons aussi gravé sur des stèles de Carthage. Nous le retrouvons dans certains chars de terre cuite, attelés de quatre chevaux que nous ont restitués les fouilles. Les petites figurines votives que l’on consacrait dans les temples ou que l’on mettait dans la tombe avec le défunt sont ainsi une source précieuse de documents sur les usages quotidiens du peuple qui nous les a transmis. L’animal de trait le plus commun en Phénicie était l’âne, puis le bœuf ; le cheval y est toujours resté, comme en Mésopotamie, un animal plus noble, réservé aux chars de combat et à la cavalerie, par exemple.