Vie politique - Le communiqué musclé de Bkerké critiqué par le Conseil des ministres et les muftis Kabbani et Kabalan La polémique sur la présence syrienne rebondit (photo)

Réunie hier à Bkerké sous la présidence du patriarche maronite Nasrallah Sfeir (notre photo), l’Assemblée des évêques maronites a crevé l’abcès. Dans un communiqué d’une franchise et d’une fermeté sans précédent, les prélats maronites ont posé sans détours tout le problème de la présence syrienne au Liban dans ses différents aspects, faisant, du même coup, le procès des pratiques actuelles du pouvoir. Donnant, d’emblée, le ton de leur communiqué, l’Assemblée des évêques a souligné que «la situation au Liban a atteint un tel niveau de détérioration qu’il est devenu impératif de dire la vérité, sans réserves». Pour la première fois, les prélats maronites ont pointé un doigt accusateur en direction des services de renseignements libanais et syriens qu’ils ont accusés d’avoir exercé des pressions en vue de favoriser certains candidats lors des dernières élections. Abordant la crise économique, le communiqué précise qu’il ne saurait y avoir d’économie saine sans une situation politique saine. Après avoir déploré le fait que «celui qui ose dire ce qu’il pense se retrouve dans le collimateur des services de renseignements», Bkerké a réclamé un redéploiement de l’armée syrienne, dans un premier temps, en prélude à un retrait total, en application de la résolution 520. Ce communiqué a relancé la polémique sur la présence syrienne, le mufti de la République et le vice-président du Conseil supérieur chiite ayant réagi, en soirée, en publiant un communiqué dans lequel ils expriment leur «surprise» au sujet de la position de Bkerké. Mettant l’accent sur «les gros sacrifices consentis par la Syrie pour préserver l’unité du Liban», ils ont souligné qu’il fallait laisser aux autorités officielles le soin de traiter des relations libano-syriennes. Le communiqué de Bkerké a également été critiqué par le Conseil des ministres qui a mis en garde contre les positions extrémistes.