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Actualités - ANALYSE

Radiographie d'une défaite

La période de six semaines qui nous sépare de l’entrée en fonctions de la nouvelle législature et des consultations parlementaires ne sera pas de trop pour calmer les esprits, tirer les leçons du scrutin, laisser se décanter la situation issue des élections législative et mieux cerner les grands contours de la nouvelle Chambre des députés, assurent certains milieux loyalistes. Pour ces milieux, la proposition du chef du gouvernement Sélim Hoss d’écourter le mandat de la Chambre actuelle, pour hâter l’installation de la nouvelle Assemblée et du nouveau gouvernement, est quelque peu déplacée, et un délai de réflexion est nécessaire pour apaiser les passions et laver la présidence de la République des soupçons d’ingérence et de partialité qui l’ont éclaboussée. Le chef de l’État avait pourtant pris la peine d’affirmer qu’il se sait au-dessus de la mêlée, et qu’il n’appuyait aucun candidat, y compris son fils, soutiennent ces responsables. Il n’en demeure pas moins que les législatives ont été marquées, sur le plan officiel, par de graves écarts, dont le plus flagrant aura été la campagne virulente lancée contre M. Rafic Hariri sur Télé-Liban. Une campagne à laquelle certains services de la présidence de la République ne seraient pas étrangers, ont accusé des milieux politiques. Une campagne qui, en tout cas, a eu un effet boomerang et dont le chef du gouvernement a fait les frais, pour ne pas y avoir mis fin assez vite. Une campagne qui, enfin, a discrédité publiquement le ministre de l’Information, qui a affirmé «n’y être pour rien». Une ambiguïté de plus s’agissant d’un gouvernement qui a refusé d’assumer la responsabilité d’une irrégularité commise par Télé-Liban, sans pour autant la condamner. Ces écarts ont terni l’image de neutralité de la présidence de la République, qui aurait également été induite en erreur par les organisateurs de la contre-campagne de Télé-Liban, soutiennent les milieux cités. Ces derniers auraient transmis en haut lieu une projection de vote qui donnait vainqueurs les listes appuyées par le gouvernement. Les auteurs de l’étude en question ont sciemment trompé le président, qui a été convaincu que l’optimisme de l’opposition était exagéré et que son régime serait confirmé dans ses orientations par le verdict des urnes. Même à Beyrouth. Or c’est exactement le contraire qui s’est produit. Selon les observateurs, c’est sciemment que le président de la République a été trompé, dans une espèce de fuite en avant des responsables de l’orientation de la propagande officielle, qui cherchaient par là à masquer leur incompétence et… à conserver leurs postes. De fait, l’équipe de travail du président Lahoud aurait été sérieusement ébranlée par les résultats atterrants des élections, en particulier à Beyrouth, et un froid se serait installé entre certains de ses membres, qui se rejettent mutuellement la responsabilité de l’échec. Il est donc nécessaire, indiquent des milieux proches de la présidence, qu’une évaluation objective soit faite de l’exercice du pouvoir durant les deux premières années du mandat actuel, et que loin de tout sentimentalisme, on tire les leçons du scrutin, même si des têtes doivent tomber. L’équipe en question serait opposée à une réduction du mandat de la Chambre, et chercherait, au contraire, à tirer un maximum d’avantages du délai constitutionnel de six semaines précédant les consultations, pour réviser sa stratégie. Voilà, selon les observateurs, ce qui explique la valse-hésitation d’hier en ce qui concerne le projet de loi prévoyant l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre. Les responsables de l’équipe de travail du président de la République qui ont relancé M. Hoss assurent que ce dernier n’a pas d’objection pour rester en place durant la période constitutionnelle prévue, mais a lancé sa proposition pour éviter que son prédécesseur – M. Rafic Hariri – ne se livre à des manœuvres destinées à accentuer le marasme, pour mieux accabler le gouvernement sortant et mieux se positionner comme sauveur de l’économie. Pour sauver la mise, ces milieux laissent entendre que le temps et la situation économique ne sont plus favorables aux sauveurs, mais à une «équipe forte», cohérente et homogène, qui agirait sous l’impulsion du président de la République pour mettre en œuvre les réformes mentionnées dans le discours d’investiture, que le chef de l’État assimile à une déclaration ministérielle et à un programme politique.
La période de six semaines qui nous sépare de l’entrée en fonctions de la nouvelle législature et des consultations parlementaires ne sera pas de trop pour calmer les esprits, tirer les leçons du scrutin, laisser se décanter la situation issue des élections législative et mieux cerner les grands contours de la nouvelle Chambre des députés, assurent certains milieux...