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Actualités - REPORTAGES

Beyrouth III - Hoss serein et égal à lui-même Les petits services se sont avérés payants (photos)

«La mère des batailles» a eu lieu à Beyrouth III. Dans cette circonscription, il s’agissait d’une confrontation directe entre la liste du gouvernement et celle de l’opposition. En filigrane, il s’agissait d’une bataille revêtant un poids politique. En deux mots, l’enjeu était le leadership sunnite, «l’unification» de la décision de Beyrouth et dans une étape ultérieure la présidence du Conseil. L’ancien Premier ministre Rafic Hariri réussira-t-il en 2000 là où il avait échoué en 1996 ? La question était au matin de ce dimanche électoral, sur toutes les lèvres des délégués de la liste de l’Action nationale présidée par le chef du gouvernement Sélim Hoss et dans laquelle figuraient trois ministres MM. Mohammed Youssef Beydoun, Issam Naaman et Arthur Nazarian. En 1996, le bras de fer engagé par l’ancien Premier ministre pour monopoliser la représentation sunnite dans la capitale avait pratiquement échoué bien que la majorité des membres de sa liste aient été élus. M. Hoss avait alors obtenu 52,19 % des suffrages des votants dont 43,4 % appartenait à la communauté sunnite. Sur le terrain, hier, le pire a quand même été évité. La situation est restée sous contrôle. En fait, tout portait à croire 48 heures avant le jour J à des dérapages d’ordre sécuritaire. La tension était encore montée, le discours politique entre les candidats dans cette circonscription ayant pris l’allure d’une polémique proprement diffamatoire. Une personne appartenant au parti arménien Tachnag, Nishan Sarkis Anachian a été poignardé dans l’après-midi à Médawar, à proximité un bureau de vote réservé à la communauté arménienne. Hospitalisé sur le champ, Nishan semblait en soirée hors de danger. Deux suspects, dont l’un identifié comme étant Hussein Beydoun, arrêtés quelques heures après l’incident, sont passés aux aveux et ont reconnu être les auteurs du meurtre. Il s’agissait, a-t-on appris, de partisans du candidat Hagop Kassarjian, membre de liste de la Dignité de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Les partis arméniens Tachnag et Henchag se sont entendus sur les noms de cinq candidats dont trois se présentaient sur la liste présidée par Sélim Hoss, un sur la liste de l’Unité nationale de Tammam Salam et un sur la liste des Fils de Beyrouth de Fouad Makhzoumi. Le parti Ramgavar, présidé par Hagop Kassarjian, s’est allié à Rafic Hariri. «Le parti Tachnag, représente 85 %, et même davantage, de la communuauté arménienne», déclare M. Hagop Pakradouni, candidat du Tachnag, qui réfute les propos faisant état de divisions au sein de la communauté arménienne. «Celle-ci constitue un bloc électoral, à l’instar du Hezbollah qui se conforme aux instructions de son commandement», dit-il. Et si les candidats arméniens de liste de la Dignité venaient à être élus ? «Ce cas de figure est possible, souligne-t-il, mais ces candidats ne seront pas représentatifs de la communauté. Ils seront élus grâce au report de voix de leurs colistiers, notamment sunnites». Faisant allusion au cas du candidat malheureux dans la circonscription du Metn-Nord Rafi Madayan, il souligne qu’il n’a obtenu à Bourj Hammoud que près de 400 voix. Il rappelle que ce n’est pas la première fois dans les annales des législatives au Liban que des candidats arméniens sont en lice. Depuis 1957, les élus sont en général les candidats officiels des partis à l’exception du cas de Georges Kassarji lors des élections de 1992 à Zahlé. Une décision autonome Jusqu’à samedi, la veille de l’annonce de la liste de la Dignité, les ponts n’avaient pas été coupés entre les partis arméniens et Rafic Hariri. Mais les conditions posées par ce dernier étaient rédhibitoires. «Il voulait se réserver la désignation de quatre des cinq candidats arméniens et empêcher les élus de former un bloc parlementaire indépendant», ajoute M. Pakradouni. «La communauté arménienne se montre intransigeante à l’autonomie de sa décision politique», déclare Arthur Nazarian, ministre du Tourisme et candidat au siège arménien-orthodoxe sur la liste de M. Hoss. À Bourj Hammoud, à proximité du siège du Tachnag, le transport des électeurs vers les bureaux de vote est parfaitement organisé et se déroule dans le calme. À Aïché-Bakkar, où se trouve le domicile de chef du gouvernement Sélim Hoss, c’est également le calme. La sentinelle retient son souffle. Mais le principal concerné par l’opération électorale est serein et égal à lui-même. «La conscience du Liban», le surnom que lui donne ses partisans, est dès 8h05 à l’école officielle de Mousseitbé, dans la deuxième circonscription de Beyrouth. Il appelle les Beyrouthins à assumer leurs responsabilités et à se présenter massivement aux urnes. Le chef du gouvernement est persuadé que les Libanais sont conscients du fait que leur avenir et l’avenir de la nation dépendront de leur choix. Mais tout au long de la campagne électorale, «l’argent politique» semble avoir tout faussé. L’inégalité dans les moyens matériels entre les listes est flagrante. La logistique de la machine électorale de la liste de la Dignité est impressionnante et en dit long sur les petits services rendus aux électeurs potentiels pendant la campagne électorale, les délégués de la liste soutenue par Rafic Hariri formaient hier une véritable marée humaine. Devant les bureaux de vote, les délégués avec un tee-shirt beige étaient beaucoup plus nombreux que les électeurs. Des listes panachées, il y en avait en quantité industrielle. Le ministre-candidat Mohammed Youssef Beydoun est hors de lui. Son nom est biffé des listes distribuées au bureau de vote qu’abrite l’EDL. Il dément catégoriquement s’être retiré de la bataille. Nasser Kandil, le candidat au siège chiite de la liste de la Dignité, n’est pas lui aussi au mieux de sa forme. Il semble épuisé et préfère ne pas anticiper les résultats. Il est convaincu que l’alliance entre l’ancien Premier ministre et le président de la Chambre n’est pas seulement électorale. Il s’agit d’une alliance stratégique qui permettrait au sein du nouveau Parlement de constituer un front national élargi en rapprochant les positions entre le Hezbollah, le mouvement Amal, le courant al-Mostaqbal et le PSP.
«La mère des batailles» a eu lieu à Beyrouth III. Dans cette circonscription, il s’agissait d’une confrontation directe entre la liste du gouvernement et celle de l’opposition. En filigrane, il s’agissait d’une bataille revêtant un poids politique. En deux mots, l’enjeu était le leadership sunnite, «l’unification» de la décision de Beyrouth et dans une étape...