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Actualités - OPINION

Crésus et Ramollus

Faut croire que la bataille de Beyrouth sera homérique. Vise un peu le tableau : d’un côté, un gros tas de fric, de l’autre, un geignard ramolli. Chacun tire une guirlande d’aspirants députés dont les faciès s’étalent sur fond de mer polluée ou de montagne déboisée. Il y a d’abord Rafic, dit Rafic à fric, dit Bibendum, dit le Pansu. Je ne t’apprendrai rien en te disant qu’il trimballe une fortune sur laquelle le soleil ne se couche jamais. Premier actionnaire privé de Paribas, sous perfusion permanente des Séoudiens, il a des démangeaisons de pouvoir. Alors il achète tout ce qui bouge, paye plus vite que son ombre, mais n’affiche jamais ses tarifs. Ce qu’il affiche, en revanche, ce sont les listes kilométriques de ses confrères candidats, dont on ne peut pas dire qu’ils ont des fins de mois difficiles. Me suis toujours demandé comment ce bonhomme en est venu à se coltiner des querelles de clochers et de minarets, alors qu’il peut finir sa vie peinard, les orteils en bouquet de violettes, plongés dans l’eau turquoise des Bahamas. Face à lui, Sélim, dit Sissou, dit le Sinistre, dit l’Éteignoir. Alors lui, en guise de Bahamas, c’est plutôt Calcutta. Dix ans après la fin de la guerre, et depuis sa voie de garage, il s’est cru obligé de geindre en évoquant les obus, les milices, Beyrouth en ruine. Se rappelait comment du fond de son trou il paraphait des cessez-le-feu. Le tout avec suppliques et jérémiades clés en main. Il respire le bonheur, ce mec. D’ailleurs, il l’a tellement sniffé que, depuis deux ans, son gouvernement n’a été qu’un long bâillement. Dans l’état de délabrement du pays, faut être bien naïf pour penser qu’après les élections, la bouse va tourner chantilly. Bibendum promet le champagne et le caviar, Sissou la tisane et les petits pois. En attendant, si la faim te tenaille, tu pourras toujours ronger ton fer à repasser.
Faut croire que la bataille de Beyrouth sera homérique. Vise un peu le tableau : d’un côté, un gros tas de fric, de l’autre, un geignard ramolli. Chacun tire une guirlande d’aspirants députés dont les faciès s’étalent sur fond de mer polluée ou de montagne déboisée. Il y a d’abord Rafic, dit Rafic à fric, dit Bibendum, dit le Pansu. Je ne t’apprendrai rien en te...