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Actualités - ANALYSE

Damas s'efforce de prévenir une crise politique majeure

Visiblement alarmée par le ton véhément de la compétition électorale, qui semblait annonciateur de divisions irrémédiables sur la scène politique libanaise, la Syrie est intervenue pour calmer le jeu. Et pour le réguler. Damas a ainsi demandé d’abord qu’on mette un terme aux campagnes médiatiques effrénées. Ensuite qu’on veille à respecter les mécanismes constitutionnels en ce qui concerne le rôle de chaque institution, aucune ne devant empiéter sur les prérogatives de l’autre. Car des conflits de la sorte plongeraient le Liban dans une crise politique majeure et le déstabiliseraient dangereusement. Cette recommandation vise implicitement le processus de formation du prochain Cabinet. Dans ce cadre, à partir d’une opposition éventuelle entre la volonté du Parlement et celle du régime concernant la désignation du Premier ministre, ce dernier pourrait être bloqué dans la nomination des ministres par le chef de l’État, dont l’accord est requis. Une source met de la sorte en garde «certaines parties au pouvoir qui seraient tentées d’impliquer le régime dans le choix du nouveau président du Conseil, en faisant pression sur des députés pour qu’ils portent leurs voix sur tel postulant plutôt que sur tel autre. Déjà les campagnes médiatiques, qui ont dépassé les bornes d’une liberté responsable, ont porté atteinte à l’image de marque du pouvoir, à l’intérieur comme au-dehors. Il ne faudrait pas que par la suite on aggrave encore cette impression, en laissant croire que le président se départit de son rôle d’arbitre neutre en usant de son influence dans le cadre des consultations parlementaires». Cette même personnalité se hâte d’ajouter que «le président Émile Lahoud est résolu à réagir aux résultats des élections législatives en gardien impartial de la Constitution, en défenseur vigilant de l’État de droit comme des institutions, et en recours final pour tous. Il proclame qu’il accepte les choix effectués par les citoyens pour leur représentation à la Chambre et il a de suite adressé ses félicitations à tous ceux qui ont été élus dimanche. Il tient à rappeler qu’il est le président de tout le Liban et de tous les Libanais. Et il a pris l’initiative de demander l’arrêt des empoignades médiatiques après avoir constaté le tort que cela causait au pays, perçu à l’étranger comme s’il se retrouvait aux bords d’une nouvelle guerre domestique». Cette personnalité insiste : «Il faut que chaque institution se cantonne dans le rôle qui lui est constitutionnellement dévolu. C’est le seul moyen de dissiper des querelles qui finissent par heurter la dignité des uns ou des autres. L’opposition a marqué des points notables lors de la première manche des élections. Si cette tendance devait se confirmer dimanche prochain, notamment à Beyrouth, les consultations parlementaires pour la nomination d’un nouveau Premier ministre prendraient une orientation facilement prévisible». Entendre que M. Rafic Hariri serait désigné sans peine. La source proche de Damas félicite ensuite «le pouvoir, qui a manifestement tenu ses engagements d’assurer un scrutin régulier et libre. Le président Lahoud garantira sans doute de son côté la liberté des députés durant les prochaines consultations parlementaires, conformément à l’esprit de la Constitution et au rôle qu’elle impartit à chaque institution. Certains des contempteurs de M. Hariri ont cru pouvoir affirmer qu’il ne passera pas, même s’il était désigné par les 128 membres de la nouvelle législature. Ils se trompent, car la Constitution sera scrupuleusement respectée. Le regrettable précédent enregistré lors de l’avènement du présent régime, quand M. Hariri avait dû refuser la désignation parce que des députés avaient laissé carte blanche au chef de l’État, ne se répétera pas. En effet, l’ancien président du Conseil, dont l’avis est partagé par tous les juristes, avait bien raison : la Constitution n’autorise pas les députés à mandater qui que cela soit pour choisir à leur place. Du reste nous sommes confiants : le président de la République n’interviendra pas dans les consultations parlementaires. Car cela entraverait la formation du nouveau Cabinet. On ne doit pas oublier en effet que l’opposition pourrait bien, après la fin des élections disposer du tiers de blocage, place de l’Étoile». Une opposition qui réclamerait donc sa part dans le gouvernement, au titre de l’entente nationale, du moins telle qu’elle peut se comprendre dans le système issu de Taëf. Quoi qu’il en soit, la personnalité citée prévoit en conclusion que «Damas prendra sur lui de faciliter la mise sur pied du nouveau Cabinet, en arrondissant les angles s’il y a des divergences entre le régime, le Parlement et le président du Conseil désigné».
Visiblement alarmée par le ton véhément de la compétition électorale, qui semblait annonciateur de divisions irrémédiables sur la scène politique libanaise, la Syrie est intervenue pour calmer le jeu. Et pour le réguler. Damas a ainsi demandé d’abord qu’on mette un terme aux campagnes médiatiques effrénées. Ensuite qu’on veille à respecter les mécanismes...