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Actualités - CHRONOLOGIE

A Baabda-Aley, le raz-de-marée se confirme, Pierre Hélou est le seul à percer et Hobeika laminé Joumblatt assoit son discours politique et Hariri sa popularité

Le raz-de-marée. Dans la circonscription de Baabda-Aley, la liste incomplète de l’opposition, parrainée par Walid Joumblatt et appuyée par Rafic Hariri, les Kataëb et le Bloc national, a réussi ce qui, quelques jours ou quelques semaines plus tôt, tenait de l’impossible. Huit de ses neuf colistiers vont ainsi siéger au nouveau Parlement. Score d’autant plus stupéfiant que la conjoncture préélectorale donnait la liste appuyée par le pouvoir comme (très) grande gagnante des législatives 2000 dans cette troisième circonscription du Mont-Liban à dominante chrétienne et chiite pour l’un de ses cazas, Baabda, et druzo-chrétienne pour celui de Aley. Et au-delà de la classique bataille entre le pouvoir et l’opposition – très fortement présente dans la région au regard du poids politique de l’un de ses barons, Walid Joumblatt – les enjeux de la bataille électorale dans la circonscription se sont, au vu des résultats, entièrement confirmés, que ce soit la crédibilité du député du Chouf, la popularité de Rafic Hariri, la place des partis politiques, notamment chrétiens, dans la région, le retour des ténors et la relève dans les bancs de l’Assemblée. Les enjeux confirmés La crédibilité du seigneur de Moukhtara en premier lieu. Au niveau du discours politique d’abord, caractérisé par un revirement à 180°, le chef du PSP s’est fait le champion toutes catégories de la réconciliation nationale en s’ouvrant sans conditions – ou presque – à des partis qu’hier il vouait aux gémonies. L’appui des Kataëb et du Bloc national à la liste qu’il parraine, par la présence sur celle-ci d’Antoine Ghanem pour les premiers, de Fouad el-Saad, Salah Honein et Abdallah Farhat pour le second, s’est fait un mois avant l’échéance électorale, «naturellement et volontairement, précise la tête de liste Fouad el-Saad, aucune alliance n’a été imposée». Et pas plus tard que samedi dernier, Walid Joumblatt et l’ancien chef de l’État Amine Gemayel signaient ensemble «le pacte de Moukhtara», avant de rendre visite chacun séparément au chef du Parti national libéral, Dory Chamoun, à Deir el-Qamar. M. Joumblatt s’était également entretenu il y a de cela deux semaines avec le nouveau Amid du BN, Carlos Eddé. Bref, à la veille de l’échéance électorale, les dirigeants druzo-chrétiens n’attendaient plus qu’une caution populaire. Et elle est arrivée. Certes, le taux de participation de la communauté chrétienne au littoral était particulièrement faible – de l’ordre des 30 % – «les habitants de Furn el-Chebbak ou de Aïn el-Remmaneh se sont trouvés, encore une fois, face à une nouvelle coalition, ils n’y croyaient pas vraiment, mais ils ne voulaient pas non plus la rejeter», explique Fouad el-Saad. Sauf que les résultats ont donné à Walid Joumblatt et à la liste qu’il parraine le crédit et la légitimité populaires dont ils avaient besoin pour asseoir leur alliance. Il suffit d’ailleurs d’écouter les habitants des deux cazas, quelque soit leur appartenance communautaire, pour se rendre compte que cette fois-là, ils ont envie de parier sur la bonne foi des uns et des autres, «tout ce que nous voulons, c’est la réconciliation», disent-ils d’une seule voix. Quant à la popularité de Rafic Hariri, elle est chose acquise maintenant, avec la nette victoire de Bassem Sabeh et Antoine Andraos, soit (les) deux (principaux) poulains de l’ancien Premier ministre sur trois – seul Abdo Bejjani ayant été battu par Pierre Hélou. La place des partis, ensuite, avec le retour au Parlement d’un représentant Kataëb – et le très gros score d’Antoine Ghanem, un proche des Gemayel, nouveau venu au Parlement certes, mais qui jouit dans le caza de Baabda d’une popularité certaine. Son élection a laminé l’ancien ministre et le député sortant Élie Hobeïka, qui s’était lancé, à quelques jours du scrutin, dans une campagne publicitaire tous azimuts. Élie Hobeïka, appuyé, lâché puis soutenu de nouveau par la Syrie, donc par le pouvoir, a bénéficié, à un quart d’heure de l’ouverture des bureaux de vote, d’une consigne du Hezbollah en sa faveur qui visiblement n’a pas été suivie par la base chiite de la banlieue-Sud. Chose particulièrement étonnante lorsque l’on connaît la discipline de fer du parti islamiste. Quant au Bloc national, «il a fait de son mieux pour nous aider au niveau de la machine électorale», disent d’une même voix Fouad el-Saad – qui voulait pousser sans réussir à le convaincre l’ancien bâtonnier BN Chakib Kortbawi à présenter sa candidature – et Salah Honein, le candidat maronite de Baabda élu avec le plus grand nombre de voix. Fouad el-Saad et Pierre Hélou : chacun sur une liste rivale, les alliés malheureux de 1996 – tous deux n’avaient pas été élus – fêteront le 27 septembre leur retour place de l’Étoile. Et pour ces deux défenseurs – chacun à sa manière – du retour des déplacés de la montagne, ce n’est que justice. Un dernier – mais non ultime enjeu de ces élections autant au niveau national qu’à celui de la circonscription de Baabda-Aley : l’arrivée salutaire au Parlement de sang neuf, de nouvelles têtes, de nouvelles énergies. Les trois nouveaux députés de Baabda : la consécration de Salah Honein, huit ans après le décès de son père Édouard, la grosse surprise signée Abdallah Farhat, et le camouflet infligé par Antoine Ghanem à Élie Hobeïka. Des candidats et des chiffres… Quant aux résultats des différents duels entre la liste de l’Union de la montagne et celle de l’Entente et du renouveau, ils ont, à une seule exception près, tourné à l’avantage de la première. Seul Pierre Hélou a pu percer la liste parrainée par Walid Joumblatt, l’élection de Talal Arslane étant acquise d’avance – il y avait peu de chance qu’un candidat indépendant lui rafle le strapontin sous le nez – ainsi que celle de Ali Ammar, sauf que ce dernier a dû livrer bataille à l’un de ses colistiers, Salah Haraké. À Aley, les deux sièges maronites vont donc à Fouad el-Saad (48 952 voix) et Pierre Hélou (40 480), les sièges druzes à Akram Chéhayeb (48 866) et Talal Arslane (46 679) et le siège grec-orthodoxe à Antoine Andraos (41 539). Antoine Bejjani pour le second siège maronite talonne M. Hélou avec moins de mille voix, Marwan Abou-Fadel pour le siège grec-orthodoxe est en retard de 3000 voix par rapport à Antoine Andraos et Mahmoud Abdel-Khalek a 8000 voix de moins que l’émir Arslane. À Baabda, tous les candidats de l’Union de la montagne ont été élus. Pour les sièges maronites, Salah Honein arrive en tête (48 088 voix), avec plus de 1 500 voix d’écart sur Antoine Ghanem. Abdallah Farhat enfin, avec 44 485 voix, soit 106 voix de plus que le premier des maronites battus, c’est-à-dire Pierre Daccache, qui pourrait saisir le Conseil constitutionnel d’un recours en invalidation des résultats du scrutin. Et à l’heure de mettre sous presse, le score de Élie Hobeika n’a toujours pas été annoncé – et quand on revoit son très gros score d’il y a 4 ans, on ne peut que se rendre compte de l’importance de sa défaite d’aujourd’hui. Pour le siège druze, Ayman Choukeir récolte 43 370 voix, soit environ 4 000 de plus que Ghaleb Aawar et pour les sièges chiites, Bassem Sabeh se retrouve en tête des trois candidats en lice avec 46 428 voix, et son rival élu, Ali Ammar, le suit avec 38 337 voix. Le colistier de M. Ammar, Salah Haraké, est battu. Il récolte 36 240 voix. Et au regard du petit écart entre les chiffres, notamment concernant les huit élus de la même liste, il est clair que le panachage, lorsqu’il a eu lieu, a été particulièrement équilibré. Rappelons également que le taux de participation a été de 49 % pour Baabda et de 55 % pour Aley. L’Orient-Le Jour a enfin interrogé Fouad el-Saad et Salah Honein, les deux candidats maronites champions dans chacun des cazas, à propos de leur priorité première dès la rentrée parlementaire. La réponse des deux partenaires a été unanime : «Réviser la loi électorale et faire en sorte qu’elle aboutisse à la plus large des représentativités, et s’attaquer d’urgence à la crise socio-économique qui secoue le pays». C’est sûr, comme tous leurs colistiers, ils auront du pain sur la planche. Rendez-vous, comme ils disent, dans un an ou deux, pour juger des résultats. Le rendez-vous est pris.
Le raz-de-marée. Dans la circonscription de Baabda-Aley, la liste incomplète de l’opposition, parrainée par Walid Joumblatt et appuyée par Rafic Hariri, les Kataëb et le Bloc national, a réussi ce qui, quelques jours ou quelques semaines plus tôt, tenait de l’impossible. Huit de ses neuf colistiers vont ainsi siéger au nouveau Parlement. Score d’autant plus stupéfiant...