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Actualités - CHRONOLOGIE

Metn Nord - Le chef du gouvernement a pris fait et cause pour Murr Nassib Lahoud reproche à Hoss sa précipitation

Ayant pris fait et cause pour son ministre de l’Intérieur dans la polémique déclenchée mardi par les accusations de Nassib Lahoud contre Michel Murr, le chef du gouvernement Sélim Hoss a creusé hier encore davantage le fossé qui le sépare de son ancien allié depuis son accession au pouvoir, le critiquant à mots à peine couverts pour son «manque d’objectivité». M. Lahoud a aussitôt répliqué et, tout en gardant un ton courtois envers M. Hoss, s’est employé à réfuter ses arguments. Le député opposant du Metn avait accusé M. Murr, notamment, de faire pression sur des annonceurs pour retirer ses portraits électoraux des panneaux publicitaires. Le ministre de l’Intérieur avait par la suite tenté de se justifier en soulignant que ces panneaux étaient destinés exclusivement aux annonces publicitaires et non à la campagne électorale. Mais une photo prise mardi «sur le vif» et publiée hier dans toute la presse montrait un employé d’une agence de publicité en train de coller sur un panneau le portrait d’un autre candidat au-dessus de celui de M. Lahoud. Ce dernier avait lancé ses accusations en sortant du Sérail, à la suite d’un entretien avec M. Hoss au cours duquel il lui a remis un mémorandum consignant ses reproches à l’égard de M. Murr. Le Premier ministre avait pour sa part promis d’ordonner une enquête à ce sujet. «Nassib Lahoud est pour moi un frère, un ami et un collègue que je respecte. Il est de son droit de faire part de ses craintes de façon objective», a déclaré hier M. Hoss. «Si j’ai pris la décision de réagir ainsi à ses propos, c’est parce qu’il les avait tenus à la tribune du Sérail», a-t-il expliqué, avant de se déclarer «favorable à toute critique constructive». «Mais nous ne saurions accepter des déclarations qui frisent la dénonciation et la condamnation», a-t-il dit. Il a indiqué avoir évoqué avec M. Murr le contenu du mémorandum de M. Lahoud et a assuré que le ministre «y a opposé un démenti catégorique et affirmé son souci de maintenir la neutralité du ministère de l’Intérieur dans la gestion du processus électoral». M. Hoss a ajouté que le ministre lui a indiqué avoir donné l’ordre aux services concernés d’enquêter sur les accusations dirigées par M. Lahoud contre un certain nombre d’officiers des FSI impliqués, selon le député, dans la campagne de M. Murr. «Cependant, a poursuivi le Premier ministre, la loi n’interdit pas au ministre de l’Intérieur de se présenter aux élections et de mener sa campagne comme le font, dans la légalité, l’ensemble des candidats. Cela comporte, entre autres activités, des tractations pour former des alliances et des contacts avec des présidents de conseils municipaux et des moukhtars». M. Lahoud avait également accusé M. Murr de faire pression sur des élus locaux dans le cadre de sa campagne. Le ministre avait rétorqué que cela ne lui était d’aucune nécessité puisque, depuis les municipales de 1998, l’écrasante majorité des édiles du Metn lui était acquise. M. Hoss a conclu en soulignant sa détermination à «préserver la liberté, la régularité et l’équité» du processus électoral, tout en souhaitant que «les critiques adressées au gouvernement soient objectives et constructives». La riposte de N. Lahoud Aussitôt après cette déclaration du Premier ministre, M. Lahoud convoque une conférence de presse au siège du Parlement. «M. Hoss est bien entendu un ami et je lui dois toute mon estime», commence-t-il. «Mais ce n’est pas tant l’ami que je suis allé visiter, hier que le chef du gouvernement, premier responsable du pouvoir exécutif et celui qui supervise la marche des appareils de l’État», souligne-t-il. «M. Hoss me demande d’être objectif dans les critiques que je formule. Cela est d’autant plus naturel que tout le monde sait combien je m’attache à l’être. Toutefois, le souci d’objectivité requiert de M. Hoss qu’il ne se suffise point des démentis opposés par M. Murr, puisque ce dernier fait lui-même l’objet des accusations que j’ai lancées. Il était donc impératif que le chef du gouvernement attende le résultat de l’enquête qu’il avait ordonnée. Voilà comment on sert effectivement l’objectivité», ajoute le député. «Dans sa précipitation, M. Hoss n’a pas eu le temps de lire les journaux du matin», poursuit-il. «S’il avait pris la peine de consulter la presse, il aurait constaté que sur la même page, il y avait d’un côté les déclarations de M. Murr selon lequel mes portraits ont été retirés sous prétexte que la publicité électorale est interdite sur les panneaux publicitaires et, pas très loin, la photo montrant mon portrait remplacé par celui d’un autre candidat. Un rapide coup d’œil à cette image aurait convaincu M. Hoss de conseiller l’objectivité à M. Murr plutôt qu’à moi». M. Lahoud estime d’autre part que d’une «lecture attentive du décret numéro 8861, il ne ressort à aucun moment que la publicité électorale est prohibée sur les panneaux». «Cependant, ajoute-t-il, admettons que M. Murr ait une jurisprudence particulière à propos de ce décret et qu’il soit effectivement interdit d’utiliser les panneaux dans le cadre d’une campagne électorale. Comment se fait-il alors que, comme le constatent tous les Libanais, des centaines de portraits électoraux appartenant à des centaines de candidats y soient collés? Pourquoi l’attention de M. Murr n’a-t-elle été retenue que par les miens ? Je pose la question à M. Hoss : où est la crédibilité dans l’action d’un ministre qui ne se souvient de la loi que quand il voit mon portrait ?». Rappelant leur alliance passée, sous les cabinets Hariri, et leur défense des «valeurs communes qui ont trait à la protection des libertés, à l’égalité des chances et à la régularité des élections», M. Lahoud déplore que le Premier ministre se soit laissé aller à cette «réponse hâtive qui a précédé toute enquête». «Je ne m’attendais pas à cela de sa part», regrette-t-il. Interrogé sur le point de savoir s’il contestait par avance la régularité des élections, M. Lahoud répond : «Le processus électoral ne se réduit pas au dimanche du scrutin. J’ai adressé une série d’accusations sur la gestion du processus électoral dans le Metn et je considère qu’effectivement, la régularité et la liberté des élections sont douteuses». «Le gouvernement se doit par conséquent de prendre immédiatement les mesures qui s’imposent pour redonner la confiance au peuple libanais, que ce soit au Metn ou ailleurs», lance-t-il.
Ayant pris fait et cause pour son ministre de l’Intérieur dans la polémique déclenchée mardi par les accusations de Nassib Lahoud contre Michel Murr, le chef du gouvernement Sélim Hoss a creusé hier encore davantage le fossé qui le sépare de son ancien allié depuis son accession au pouvoir, le critiquant à mots à peine couverts pour son «manque d’objectivité». M....