Indonésie - Le Front moro islamique de libération dément toute implication dans l'opération Bombe à Djakarta : deux morts, l'ambassadeur des Philippines blessé(photo)

L’ambassadeur des Philippines en Indonésie a été blessé hier dans le centre de Djakarta dans un attentat à la bombe qui a fait deux morts et 20 blessés, mais le principal groupe séparatiste musulman philippin a démenti toute implication. Le diplomate, Leonides Caday, a été blessé aux jambes et au visage par l’explosion d’une bombe au moment où il entrait en voiture dans sa résidence, dans le quartier résidentiel et diplomatique de Menteng. Il s’agit du premier attentat à la bombe meurtrier perpétré à Djakarta au cours des dernières années. Le président indonésien Abdurrahman Wahid a lié cet attentat à la situation aux Philippines, où des rebelles islamistes luttent pour la création d’un État islamique dans le Sud. À Manille, le vice-président philippin Gloria Arroyo a condamné cet «acte de terrorisme» sans désigner de responsables. Le principal groupe séparatiste musulman a lui démenti être l’auteur de l’attentat. Le Front moro islamique de libération (MILF) n’est «pas impliqué dans cette attaque contre un diplomate philippin dans un pays musulman», a indiqué un porte-parole, Eid Kabalu. Il a affirmé que son mouvement n’avait pas les capacités opérationnelles pour perpétrer des actions de ce type à l’étranger. Le gouvernement philippin a accusé le MILF d’être responsable d’une série d’attentats à la bombe dans le sud des Philippines et dans la capitale ces derniers mois. Cet attentat intervient alors qu’un autre groupe, celui d’Abu Sayyaf, le plus violent, qui lutte, officiellement, pour la création d’un État islamique dans le sud des Philippines, détient un groupe d’otages comprenant des Occidentaux. Les rebelles ont relâché 13 de ses otages au cours des dernières semaines et en retiennent toujours 21 autres, dont neuf touristes occidentaux, dans la jungle de l’île de Jolo (sud). Cinq Français sont notamment retenus, deux touristes et trois journalistes. L’attentat, «je pense, est lié aux problèmes au sud des Philippines, peut-être en relation avec les kidnappings de Jolo ou les problèmes avec le MILF», a déclaré le président Wahid. À Djakarta, il était 12h22 heure locale (05h22 GMT) lorsqu’une forte explosion a secoué le quartier chic de Menteng, au moment où l’ambassadeur entrait en voiture dans sa résidence, en bordure d’une des principales artères de ce quartier. Un garde de sécurité et une femme qui faisait des achats à un kiosque à proximité ont été tués, selon des sources policière et hospitalière. L’attentat a été perpétré à l’aide d’un explosif de type militaire, vraisemblablement semtex ou plastic, selon des spécialistes. Une des victimes a été déchiquetée sur les lieux juste après l’explosion. Les dégâts sont importants. «Il y avait d’énormes flammes», a raconté Faliami, 24 ans, qui roulait en voiture dans la rue au moment de l’explosion. Le quartier de Menteng, dans le centre de Djakarta (plus de 10 millions d’habitants), abrite notamment de grands hôtels internationaux, des résidences diplomatiques et celles des principaux responsables civils et militaires indonésiens. Cet attentat intervient aussi dans un climat politique tendu, à quelques jours de l’ouverture d’une session de l’Assemblée du Peuple indonésien, le 7 août, devant laquelle le président Wahid doit rendre compte de son action. L’Indonésie est secouée par une série de violences intercommunautaires et religieuses, notamment aux Moluques (environ 2 200 kilomètres au nord-est de Djakarta) où quelque 4 000 personnes ont trouvé la mort depuis janvier 1999. À Aceh (nord de Sumatra), des séparatistes armés réclament la création d’un État islamique. Une trêve de trois mois est entrée en vigueur le 2 juin, mais des violences se poursuivent depuis dans cette région riche en hydrocarbures.