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Actualités - ANALYSE

Accord tacite d'armistice avec la Chambre Le gouvernement déjà en préretraite

La glorieuse législature de 1996 et le non moins reluisant gouvernement de technocrates tirent à leur fin commune. Et d’un commun accord, ils enterrent la hache de guerre, pour les dernières semaines qu’il leur reste à vivre, ensemble et simultanément. Le pays est en effet entré en période électorale. Ce qui tombe à point pour le gouvernement qui, sans cela, aurait eu beaucoup de soucis à se faire avec la grogne populaire provoquée par une crise socio-économique d’une rare intensité. Pour un peu, les partisans du président Sélim Hoss voteraient des félicitations au président Rafic Hariri : en ouvrant la voie à une polémique véhémente sur les fusions des conseils de fonctionnement, l’ancien président du Conseil a offert à son successeur une diversion en or, par rapport à la levée de boucliers des syndicats. MM. Hoss et Hariri, objectivement alliés à leurs corps défendant, ramènent donc le débat public dans l’aire purement politique et électorale. Ce qui permet au gouvernement, en tant qu’instrument de travail, de se mettre gentiment en vacances et de se contenter d’expédier les affaires courantes. Bien entendu, quand on leur en fait la remarque, les ministres protestent vertueusement et affirment qu’ils n’ont jamais eu autant de pain sur la planche. Ce qui ne signifie pas nécessairement qu’ils montrent grand appétit. L’opposition soutient pour sa part que le dernier baroud d’honneur de l’équipe Hoss, à savoir le projet de fusion de ministères comme d’offices autonomes, n’a qu’un but : redorer le blason politique du gouvernement au profit des ministres qui ambitionnent un strapontin place de l’Étoile. Cette même opposition a donc saisi la balle au bond pour monter, au sujet de ce projet, l’une de ses plus virulentes campagnes contre le gouvernement. Le président Hariri, qui se veut plus beyrouthin que les Beyrouthins, depuis qu’il a pris la capitale pour fief électoral, reproche à M. Hoss de vouloir priver la cité de son Conseil exécutif des grands projets, en cherchant à le dissoudre soit dans le Conseil du développement et de la reconstruction, lui-même phagocyté par un ministère virtuel du Plan, soit au sein du conseil municipal de la ville. La contre-attaque a été rude, et les loyalistes avouent aujourd’hui qu’ils ne s’y attendaient pas beaucoup. Certains d’entre eux ajoutent, sans fausse honte, qu’il vaut mieux, dans l’état d’agacement où se trouve la population, esquiver le combat. Et ils estiment, en privé, que M. Hoss aurait pu éviter de rendre coup pour coup, comme il l’a fait. Quoi qu’il en soit, le vice-président du Conseil, M. Michel Murr, a rencontré le président Hariri, avant la réunion des commissions, pour calmer le jeu. On va donc enterrer en pratique le projet, en le confiant à une commission spéciale. De la sorte, on désamorce un autre thème que l’opposition voulait exploiter à fond : pourquoi, s’étonne-t-elle, le gouvernement évite soigneusement de parler dans son projet du Conseil du Sud, cher au président Nabih Berry, et n’en prévoit-il pas également l’engloutissement ? En définitive, la caste politique se met d’accord pour clore tous ces dossiers et les renvoyer à la prochaine législature, comme au prochain Cabinet. Et tous les professionnels, même parmi les loyalistes, soulignent aujourd’hui que l’ère des technocrates est révolue, qu’il faut, après les élections, un gouvernement politique. Pour qu’on se retrouve enfin en famille.
La glorieuse législature de 1996 et le non moins reluisant gouvernement de technocrates tirent à leur fin commune. Et d’un commun accord, ils enterrent la hache de guerre, pour les dernières semaines qu’il leur reste à vivre, ensemble et simultanément. Le pays est en effet entré en période électorale. Ce qui tombe à point pour le gouvernement qui, sans cela, aurait eu...