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Actualités - ANALYSE

Législatives - Tout est encore possible côté alliances Les professionnels du cru attendent le signal des décideurs

La drôle de guerre. C’est le nom que les Français donnaient fin 39 à leur conflit avec les Allemands, car il ne se passait encore rien sur le front. Et c’est, ici, une bien drôle de campagne électorale. À deux mois et demi du scrutin, une pluie de posters mais encore aucune liste complète ou définitive. C’est comme si l’apothicaire tireur de ficelles qui officie dans son officine n’avait toujours pas préparé ses mélanges. On perçoit certes des tendances déterminées. Mais, à ce jour, dans l’incertitude du mot d’ordre final auquel il faudra se plier, aucun chef de file ne se risque à prendre des décisions motu proprio. Malgré les démangeaisons évidentes que certains éprouvent, ils ne peuvent se gratter car ils ne veulent pas être obligés de se rétracter si d’aventure leurs choix ne plaisaient pas aux vrais architectes de la future Chambre. Ils ne souhaitent pas non plus risquer de cristalliser contre eux des alliances téléguidées qui leur feraient mordre la poussière au jour J. Traduisant en clair l’expectative actuelle, une source politique informée signale que «la proclamation des listes est tributaire de la prise en charge du Dr Bachar el-Assad. Le dossier libanais est gelé à Damas, par la force des choses, jusqu’au plébiscite du 10 juillet. Ensuite, les Syriens pourront intervenir, en médiateurs ou en arbitres, pour régler les différends électoraux qui germent dans plus d’une région contrôlée par leurs fidèles». Cette personnalité note au passage «le désarroi manifeste de plusieurs partis qui n’arrivent pas même à choisir leurs candidats et dont le pouvoir de décision ou d’initiative semble nul. Les partis, notamment au sein de la communauté maronite, n’ont pas réussi à remplacer les grandes figures charismatiques disparues, évincées ou ostracisées. D’une façon générale, la composition des listes s’annonce comme une foire quasi internationale, un bazar, une vente aux enchères où tout le monde a son mot à dire avant que le commissaire-priseur n’adjuge les sièges. Le symptôme est particulièrement perceptible à l’Est et en montagne, où les candidats maronites offrent un bas profil, en jouant généralement les seconds couteaux, alors que jadis les leaders de la communauté faisaient la pluie et le beau temps dans l’arène électorale». Après avoir rappelé les beaux jours des Béchara el-Khoury, Camille Chamoun, Pierre Gémayel, Sleiman Frangié, Raymond Eddé et autres Joseph Skaff, cette personnalité constate que «le fair-play et le respect mutuel ne sont plus que vains mots. Jadis, un gentleman’s agreement tacite prévoyait que dans les régions à majorité chrétienne, les élus mahométans seraient des hommes représentant effectivement leur communauté et vice versa. Aujourd’hui, le tiers au moins des députés chrétiens ne représentent que leurs chefs de file qui sont mahométans. Un déséquilibre, une sous-représentation qui trahissent l’essence même de ce pays et que Bkerké a toujours dénoncés». «Mais il y va aussi de la faute, souligne ce vétéran, des divisions qui ont miné le camp de l’Est. Les Kataëb, si puissants jadis, en offrent un exemple frappant. Réduits à la portion congrue, ils en sont à se disputer entre eux au sujet d’une place modeste de faire-valoir sur une liste du Metn. Le président du PNL se contente de la municipalité de Deir el-Kamar. Le Bloc national étudie toujours la possibilité d’une candidature de son nouveau Amid au Kesrouan-Jbeil. Les Forces libanaises sont prohibées et la désagrégation de l’Est est si flagrante qu’on se demande si ce ne sont pas les aounistes, qui appellent au boycott, qui ont raison. Une telle option offre au moins l’avantage de ne pas mettre en lumière le délabrement, la décadence, la misère politique du camp chrétien, maronites en tête». Il reste qu’il est difficile de faire face au fameux «bulldozer». Pour avoir tenté de défendre sa région aux heures d’épreuve, M. Nadim Salem, député de Jezzine, se voit exclure cette année de la liste principale.
La drôle de guerre. C’est le nom que les Français donnaient fin 39 à leur conflit avec les Allemands, car il ne se passait encore rien sur le front. Et c’est, ici, une bien drôle de campagne électorale. À deux mois et demi du scrutin, une pluie de posters mais encore aucune liste complète ou définitive. C’est comme si l’apothicaire tireur de ficelles qui officie dans...