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Actualités - REPORTAGES

Tournée de diplomates et de journalistes à l'initiative du PNUD L'angoisse de l'attente dans les villages sinistrés(photos)

Aujourd’hui plus d’une quarantaine d’ambassadeurs en poste au Liban et de représentants d’organismes internationaux participeront à la réunion préparatoire des pays donateurs. Hier, à l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), une dizaine de diplomates se sont rendus au Liban-Sud pour évaluer sur le terrain les besoins de la zone qu’Israël avait évacuée le 24 mai dernier. Les journalistes, eux, au nombre de 53, avaient eu droit à cette même tournée un jour auparavant. C’est un bus de tourisme, plein à craquer, qui a démarré de la maison des Nations unies. Au programme, sept villages à visiter au Liban-Sud : Arnoun, Marjeyoun, Qlaya, Aitaroun, Rmeich, Yarine, et Hanine. Dans ces localités les habitants attendent... attendent la reconstruction de leur maison, la création d’emplois, le déminage de leur terre, le retour des membres de leur famille réfugiés en Israël ou en prison, le déploiement de la Finul et de l’armée libanaise… Deux mois déjà que les soldats israéliens se sont retirés du Liban-Sud et les habitants de cette zone, toutes confessions confondues, semblent las d’attendre en vain un changement qui tarde à venir. Première station, le château de Beaufort à Arnoun. Construite par les Croisés en 1135, la forteresse qui donne sur la Galilée et le Golan a servi jusqu’en mai dernier de poste d’observation à l’Armée du Liban-Sud. Restaurée à la fin des années soixante par le gouvernement libanais, elle a besoin de travaux de réhabilitation, qui selon des études récentes, devraient durer trois ans. À Marjeyoun, l’évêque grec-orthodoxe de la localité Élias Kfoury a souligné l’importance «du déploiement de la Finul et de l’armée libanaise». «Depuis le retrait israélien nous vivons en paix, mais nous ne sommes pas encore parvenus à ce auquel nous aspirons». Il a également souligné la nécessité de «la création d’emplois et du renforcement du système de santé». Des familles qui manquent de pain La localité qui servait de quartier général à l’ALS affiche dans certains endroits des images du président syrien décédé Hafez el-Assad, «un symbole national important», indique un habitant qui tient à préciser que «nous ne sommes pas des collaborateurs, nous sommes des Libanais comme les autres», ajoute-t-il. Qlaya comptait 5000 habitants avant le retrait israélien. Aujourd’hui, le village frontalier abrite 2000 âmes. Les hommes qui n’ont pas quitté la localité avec leurs familles pour Israël se sont livrés aux autorités libanaises. La situation est similaire à Bourj el-Moulouk, une localité voisine. «Nous sommes heureux de l’aide que la communauté internationale va nous octroyer», a indiqué un membre de la délégation de Qlaya. «Nous ne voulons pas cependant que les pays donateurs nous aident en accueillant nos enfants chez eux», a-t-il dit en évoquant les personnes originaires du village qui ont été de l’autre côté de la frontière. Il a souligné que «des projets générateurs d’emplois devraient être mis en place afin que ceux qui sont partis puissent un jour retourner et s’installer définitivement dans leur village». Énumérant quelques demandes, les délégations de Qlaya et de Bourj-el-Moulouk ont cité des projets agricoles relatifs notamment à l’irrigation et la création d’usines agroalimentaires, ainsi que les aides d’urgence. «Les chefs de famille qui se sont livrés aux autorités libanaises n’avaient pas fait des économies, comme tous les habitants de la région d’ailleurs», explique-t-on. «Actuellement, dans nos villages il y a des familles qui manquent de pain», dit un homme s’adressant à la délégation. Sur la route qui mène à Aitaroun, une reproduction grandeur nature en bois de l’ayatollah Khomeyni placée sur une citerne israélienne récupérée après le retrait accueille les visiteurs. Dans le village, les habitants se demandent «quand le gouvernement libanaise décidera en fin à s’occuper du Liban-Sud». «Nous avons lutté 22 ans sous l’occupation, une période durant laquelle tous les projets de développement ont été gelés», indique un notable de la localité. Durant cette période, les habitants ont quitté pour d’autres cieux, notamment l’Allemagne, les États-Unis, le Canada, et l’Australie. Ceux qui vivent à Beyrouth reviennent au village, depuis le retrait israélien, pour passer le week-end. Des projets d’infrastructure sont nécessaires pour les inciter à s’installer pour de bon dans leur village Les habitants de cette localité agricole suggèrent la reprise du projet du Litani pour l’irrigation de leurs terrains arides. «Regardez la plaine verte en face, la terre y est fertile» : disent-ils en montrant la Galilée de l’autre côté de la frontière. À Aitaroun, les agriculteurs misent sur le tabac, une plante difficile à cultiver et sur quelques champs d’olivier dont le produit est difficile à écouler. Vouloir vivre en paix Pour recevoir la délégation de Beyrouth, les habitants de Rmeich se sont rassemblés dans le lycée public. Un groupe de notables, formé notamment d’enseignants, prendront la parole. Les habitants de plusieurs quartiers de la localité vivent sans eau courante depuis le retrait israélien. Comme d’autres villages de la zone évacuée par Israël, ils n’ont plus le téléphone. Plus de cent familles de la localité sont parties de l’autre côté de la frontière tandis que ceux qui sont restés après le retrait ont perdu leur emploi… La délégation du village présente une dizaine de projets. Le jumelage de Rmeich avec des localités étrangères figure parmi les propositions. À Yarine, les habitants de la localité soulevèrent le problème des mines qui entourent la localité et qui l’isolent. Hanine est un village qui a été complètement détruit durant la présence israélienne au Liban. Les édifiés, à l’exception de la mosquée, ont été démolis. Les arbres fruitiers ont été coupés. La localité a été également témoin d’un massacre à l’arme blanche le 16 octobre 1976. Depuis cette date, les habitants ont quitté leur maison pour ne plus jamais y revenir. À l’issue du retrait israélien, l’association Jihad el-Bina relevant du Hezbollah, a aidé ceux qui sont rentrés en leur octroyant des tentes en plastique. Une tente en jute, non loin du cimetière du village, a été dressée pour recevoir la délégation. Une demande urgente a été formulée : 510 maisons en dur afin que ceux qui ont grandi loin de leur village puissent rentrer. En 24 ans, le nombre d’habitants de cette localité a presque doublé. «Nous étions 2500 en 1976 à quitter Hanine, nous sommes 4000 aujourd’hui à vouloir rentrer», indique Abd Soufane, un notable. «La reconstruction de nos maisons devrait être entamée avant le mois d’octobre, sinon nous prendrons les mesures nécessaires, qui peuvent aller d’un sit-in jusqu’à la désobéissance civile», déclare-t-il. La cinquantaine, Youssef et Zahra Soufane ont décidé de rentrer à Hanine et de loger sous une tente en attendant que leur maison soit un jour reconstruite. C’est en accrochant des feuilles de tabac à un fil, que Zahra conte tranquillement son histoire. Après le massacre, elle a vécu avec sa famille dans plusieurs localités du Liban-Sud et dans la banlieue de Beyrouth. «Je préfère vivre sous une tente dans mon propre village que d’être une éternelle réfugiée», dit-elle. «J’aimerais tellement que mes enfants reviennent à Hanine», souligne-t-elle. Elle est mère de six enfants, tous établis ailleurs. «Mon fils est un martyr, il est mort en 1996 en tuant quatre Israéliens», raconte-t-elle fièrement. Et de montrer une image décorée de fleurs accrochée sur un poteau non loin de la tente. Celle qui a pardonné aux auteurs du massacre de 1976, a un seul souhait : «reconstruire sa maison de Hanine». «Nous voulons simplement rentrer chez nous et vivre en paix», précise-t-elle. Un processus de paix qui piétine, une zone frontalière qui manque de tout, et des habitants désemparés qui attendent…Quels projets verront effectivement le jour dans les mois à venir au Liban-Sud ?
Aujourd’hui plus d’une quarantaine d’ambassadeurs en poste au Liban et de représentants d’organismes internationaux participeront à la réunion préparatoire des pays donateurs. Hier, à l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), une dizaine de diplomates se sont rendus au Liban-Sud pour évaluer sur le terrain les besoins de la zone...