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Actualités - REPORTAGES

Coopération - Milan a accueilli la deuxième réunion des pays partenaires du réseau des PME euroméditerranéennes Med-BN, un projet ambitieux pour le développement de la Méditerranée (photos)

Ambitieux, le projet de création d’un réseau euroméditerranéen de coopération entre les PME et les PMI des pays riverains, l’est sans doute. Ses avantages sont nombreux. Pour les pays du sud et du sud-est méditerranéens son importance réside, entre autres, dans le fait qu’il les dote d’instruments solides leur permettant de s’intégrer dans le processus de globalisation qu’ils redoutent tant. Lancé en avril dernier à Milan, le projet de réseau Med-BN (Mediterraneen business network) tend en effet à promouvoir le développement de la Méditerranée à travers un processus d’intégration économique, dont les lignes directrices ont été exposées au cours d’une réunion, à Milan, des Chambres de commerce euro-méditerranéennes engagées dans ce projet. Il s’agit de la deuxième réunion consacrée au réseau Med-BN, qui s’inscrit dans le cadre du processus de partenariat euroméditerranéen lancé à Barcelone en novembre1995. La première rencontre avait été consacrée à la présentation du projet et à la signature d’un protocole d’entente pour la constitution du comité promoteur du réseau. Celui-ci est formé des Chambres de commerce de Milan, de Barcelone, de Lyon et de Grèce. Les deux réunions ont eu lieu à Milan, à l’invitation de l’agence spéciale de la Chambre de commerce de cette ville pour les activités internationales : Dix des douze partenaires sud-méditerranéens du réseau (dont le Liban) se sont récemment retrouvés aux côtés du Comité promoteur pour réfléchir sur le mécanisme qui doit être mis en place pour lancer sans tarder le projet de réseau méditerranéen de coopération entre les PME et les PMI, dont les contours devraient se préciser d’ici novembre. Tout se passera en effet très vite puisque les pays partenaires ont à peine deux mois pour identifier chacun les acteurs financiers locaux qui seraient intéressés à s’associer à la Banque mondiale et à l’Union européenne pour financer la mise en place de Med-BN. Le dossier sera ensuite soumis en octobre à la Banque mondiale qui s’est dit disposée à cofinancer le projet. En novembre, les étapes d’application seront examinées plus en détail. Le travail qui doit être abattu est énorme. Med-BN est certes d’une grande importance, mais c’est à son application que son efficacité doit être effectivement mesurée. À Milan, les délégués des Chambres de commerce, notamment du sud de la Méditerranée, ont d’ailleurs soulevé une série d’interrogations, voire même des appréhensions qui se justifient peut-être par le fait que le projet est toujours au stade de lignes générales. Les questions s’articulaient principalement autour des phases d’application de Med-BN. Aux appréhensions exprimées, M. Bruno Ermolli, président de Promos (l’agence spéciale de la Chambre de commerce de Milan pour les activités internationales), devait indirectement répondre en affirmant s’attendre à ce que chacune des Chambres de commerce du réseau soit le catalyseur de Med-BN pour impliquer le système économique dans le processus d’intégration. «Il est nécessaire que chacun de nous apporte ses propres compétences locales, afin que les projets envisagés se traduisent par des actions concrètes pour nos entreprises», a-t-il déclaré. En d’autres termes, chacun des États partenaires devra se doter au niveau local, – s’il ne l’est toujours pas – de la structure qui lui permettra de devenir effectivement partie prenante de Med-BN et de sensibiliser son gouvernement à l’importance du projet. Il doit notamment déterminer les partenaires locaux, privés ou institutionnels, susceptibles de contribuer à la conception de projets et d’initiatives dans le but de promouvoir une plus grande coopération entre les PME de la région. Trois programmes prioritaires Cette coopération devrait être mise sur les rails le plus tôt, pour optimiser «les tendances positives» qui, de l’avis des parrains du projet, se manifestent actuellement dans la région. Med-BN se propose de répondre à des besoins prioritaires des PME régionales en matière de services et d’œuvrer sur trois axes principaux : la finance, les nouvelles technologies informatiques et la formation, considérés comme étant l’ossature de ce projet. Pour ce qui est du financement, il est question de consacrer dans un premier temps à Med-BN la somme de 50 millions de dollars destinés à couvrir 20 opérations par an. Des bailleurs de fonds ont déjà pu être identifiés sur le double plan international (Banque mondiale, Union européenne) et local (banques italiennes et espagnoles). Le financement aura lieu à travers un fonds d’investissement qui aura des actions minoritaires dans le capital social de la société née d’une joint-venture entre deux entreprises. Tous les secteurs commerciaux seront concernés, mais une attention particulière sera accordée aux secteurs à haute rentabilité, comme ceux de l’informatique et des nouvelles technologies. Si la Banque mondiale s’est montrée particulièrement intéressée par ce projet, c’est «parce qu’il va dans le sens de l’éradication de la pauvreté» et s’inscrit ainsi dans le cadre de la politique que suit cette institution, explique M. Gilles Garcia, responsable du bureau de la Banque mondiale à Paris. Le fait que cette institution ait, pour la première fois, décidé de s’associer à un projet qui n’est pas élaboré par un gouvernement témoigne d’ailleurs de l’importance qu’elle accorde à Med-BN. «Le plus important est que les pays du sud (méditerranéen) soient impliqués dans ce projet. Il faut qu’il y ait une réelle prise en charge du sud », insiste M. Garcia. Un « comanagement » nord-sud Ce que certains redoutent, c’est qu’en définitive le nord n’impose au sud un modèle de développement qui ne corresponde pas à sa configuration socio-économique. Si des craintes ont pu être émises à ce sujet, c’est parce que le temps consacré aux échanges concernant les trois axes de travail définis par Med-BN était relativement court et que les trois groupes de travail pour les finances, le commerce électrique (E-Commerce) et la formation ont été respectivement confiés aux Chambres de commerce de Milan, de Barcelone et de Lyon, et c’est dans ces villes qu’ils se réuniront en septembre. Pour M. Garcia, qui plaide vigoureusement en faveur d’une coordination plus étroite nord-sud, les pays du sud méditerranéen auraient dû être associés aux groupes de travail. Selon lui, Milan et Beyrouth auraient pu tous deux codiriger le groupe de travail sur les finances «étant donné que Beyrouth est une importante place financière au Moyen-Orient». Pour la formation, il propose une association Barcelone-Le Caire, dans la mesure «où un important centre de formation existe dans la capitale égyptienne», et pour le E-Commerce, il suggère Lyon-Rabat. Après l’identification des acteurs financiers locaux intéressés par le projet, un premier round de pourparlers doit se tenir à Washington, où se trouve le siège de la Banque mondiale. L’International Finance Corporation (IFC –branche de la Banque mondiale) jouera dans le même temps le rôle de bailleur de fonds, de pool de banques européennes identifiées et de garant du respect des politiques de développement du secteur privé dans les pays couverts par les opérations du fonds. Selon les explications de M. Ermolli, le réseau Med-BN sera directement présent au sein des organes de contrôle du fonds afin de garantir une optimisation des activités en vue d’une intégration entre les PME de la région. Il reste que c’est le réseau du E-Commerce qui intéressait plus particulièrement les pays représentés. La diversité et le nombre des questions posées à ce sujet, lors de la rencontre de Milan, en témoigne. Avec la mise en service du commerce électronique, nombre de difficultés d’ordre bureaucratique tomberont : le réseau envisagé se propose de développer les connaissances liées à l’utilisation des nouvelles technologies, de favoriser l’accès à un plus grand nombre d’informations utiles pour les activités d’entreprise, de renforcer la capacité des PME euroméditerranéennes à s’implanter dans les marchés étrangers et de les aider par conséquent à augmenter leurs chiffres d’affaires. L’éventail de services qui seront assurés dans ce cadre est énorme. Un intérêt particulier est toutefois accordé à la certification numérique qui est à même d’assurer un environnement commercial sûr pour les transactions via Internet. Il s’est toutefois avéré que ce service ne sera appliqué que lorsqu’il sera agréé par Eurochambres (qui regroupe les Chambres européennes de commerce et d’industrie). Parallèlement à la mise en place du Fonds d’investissement et du site Med-BN, le réseau met à la disposition des pays partenaires un programme de formation d’entreprise, considéré comme étant le pivot du projet de développement des PME euroméditerranéennes et destiné aux dirigeants des PME, aux fonctionnaires d’organismes gouvernementaux et d’autres institutions en relation avec ces entreprises. Création d’un observatoire et d’une agora Soucieux d’assurer un suivi rigoureux à la mise en application de ces trois programmes afin de pouvoir en apprécier l’impact, les pays partenaires envisagent de créer un observatoire des petites et moyennes entreprises. «L’objectif de l’observatoire est de fournir un contexte de référence mis à jour de façon continue, indispensable pour définir les nouveaux projets opérationnels», selon les explications de M. Ermolli qui a annoncé, dans le même temps, la création d’une «agora de la Méditerranée», une place pour «la rencontre et l’échange d’expériences entre les plus grandes institutions artistiques et culturelles de nos pays». Med-BN n’est effectivement pas orienté uniquement vers l’économie. Le capital humain et culturel y occupe une place de choix, qui va dans le sens d’un développement du dialogue euroméditerranéen à tous les niveaux. «Notre région possède un patrimoine fait d’une histoire plusieurs fois millénaire, de traditions et de civilisations», a précisé M. Ermolli. L’agora de la Mediterranée sera donc ce lieu où «les différents réseaux, les institutions, la nouvelle économie, les plus importantes institutions artistiques et culturelles pourraient se mettre réciproquement en valeur». Les 11 et 12 novembre prochain, c’est à Villa d’Este qu’il y aura «un échange à différents niveaux de Med-BN. C’est là que nous collecterons les fruits du travail effectué par chacun de nous, aux différents niveaux du réseau» D’ici là, les pays partenaires auront adressé au comité promoteur du projet des lettres d’intérêt dans lesquelles ils identifieront les éventuels bailleurs de fonds locaux et exposeront les secteurs qu’ils souhaitent intégrer au réseau Med-BN dans leurs pays respectifs.
Ambitieux, le projet de création d’un réseau euroméditerranéen de coopération entre les PME et les PMI des pays riverains, l’est sans doute. Ses avantages sont nombreux. Pour les pays du sud et du sud-est méditerranéens son importance réside, entre autres, dans le fait qu’il les dote d’instruments solides leur permettant de s’intégrer dans le processus de...