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Actualités - CHRONOLOGIE

Esclavage - Une page cruciale de l'histoire américaine La goélette de la liberté va prendre la mer

C’est une goélette en bois de 39 mètres, flambant neuve, ancrée dans le port-musée de Mystic (Connecticut, nord-est des États-Unis). Mais l’«Amistad», vedette annoncée de la grande concentration navale du 4 juillet à New York, est surtout l’incarnation d’une page cruciale de l’histoire américaine : l’aboutissement d’un rêve fait il y a 25 ans par une poignée de passionnés. Ce deux-mâts est la réplique de l’«Amistad», arraisonné en août 1839 au large de Long Island avec à bord 53 Africains vendus comme esclaves à Cuba. Ils s’étaient mutinés pendant un transfert le long des côtes cubaines et tentaient de se faire reconduire, par les deux marins espagnols qu’ils avaient épargnés, vers le royaume Mende (aujourd’hui Sierra Leone) où ils avaient été enlevés et vendus. Leur odyssée, popularisée en 1997 par le film de Steven Spielberg du même nom, a marqué une étape cruciale dans le combat antiesclavagiste aux États-Unis : libérés sur ordre de la Cour suprême, alors que le président Martin van Buren entendait les remettre à l’Espagne, 35 survivants ont été ramenés en Afrique à bord d’un navire battant pavillon américain. «L’idée de construire une réplique de l’“Amistad” est née en 1976, lors de la parade des grand bateaux dans le port de New York. Une goélette avait été temporairement baptisée “Amistad”», raconte Bill Pinkney, capitaine du navire, seul Noir américain à avoir bouclé un tour du monde en solitaire. «Il nous en fallait une vraie». Dix-sept essences de bois Le lieu de construction de la «goélette de la liberté» était évident : avec 500 employés à plein temps, dont tous les corps de métiers de la marine à voile, le port-musée de Mystic entretient la plus importante flotte de navires historiques au monde. Son chantier naval dispose de tout l’équipement, moderne et ancien, notamment d’une scie en long datant de 1920, capable de transformer des arbres en pans de coques ou en mâts. «Nous maîtrisions toutes les étapes de la construction d’une goélette en bois. Nous savions tout faire mais n’avions jamais construit un bateau de A à Z», se félicite Quentin Snediker, coordinateur du projet. À quelques jours du départ, une dizaine de spécialistes s’affairent, sourires aux lèvres et mètres-ruban à la ceinture, sur et sous le pont de la goélette que viennent admirer écoliers et touristes. Pendant deux ans, les visites n’ont pas cessé. L’État du Connecticut a versé 2,5 millions de dollars et le budget de construction (3,1 millions) a été bouclé grâce à l’apport de commanditaires privés. Dix-sept essences de bois ont été utilisées : tropicales (venues d’Amérique du Sud) pour la charpente, chêne d’Amérique et iroko, le «teck africain», offert par la Sierra Leone pour le pont. Ne disposant pas des plans d’un navire sorti vers les années 1835 d’un chantier naval cubain, Quentin Snediker s’est inspiré, après trois ans de recherches, d’une gravure et du rapport détaillé rédigé par les douanes américaines au moment de l’arraisonnement. Pour satisfaire aux exigences de sécurité et de navigabilité des garde-côtes, la réplique est légèrement plus longue que l’original, permettant l’installation de deux moteurs de 140 chevaux. Son voyage inaugural mènera l’«Amistad», le 2 juillet, de Mystic à New York, où elle sera l’une des vedettes de l’Opsail 2000, gigantesque parade navale où sont attendus des dizaines de milliers de navires. Ensuite la goélette, qui pourra accueillir 49 personnes pendant une journée et en loger seize, entamera une série sauts de puce le long de la côte est des États-Unis. À chaque escale sera présentée une exposition retraçant l’histoire des mutins. En 2002, une tournée des Grands Lacs américains est prévue et, plus tard qui sait, une escale à Cuba ou en Sierra Leone.
C’est une goélette en bois de 39 mètres, flambant neuve, ancrée dans le port-musée de Mystic (Connecticut, nord-est des États-Unis). Mais l’«Amistad», vedette annoncée de la grande concentration navale du 4 juillet à New York, est surtout l’incarnation d’une page cruciale de l’histoire américaine : l’aboutissement d’un rêve fait il y a 25 ans par une poignée...