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Actualités - REPORTAGES

Y revenir encore, à Khiam, toujours, et exorciser(photo)

Atika Sleiman a 36 ans. Elle est originaire de Kfarchouba et elle a passé deux ans et demi dans les geôles de Khiam. Vendredi dernier, il y a trois jours, Atika retournait, pour la troisième fois depuis sa sortie en 1991, à Khiam, on y célébrait la journée du prisonnier. Atika avait été arrêtée en 1989, «j’aidais la Résistance», nous a-t-elle dit, tout en understatements… «Mais non, n’ayez pas peur, ne soyez pas gênés, posez les questions que vous voulez, ne vous inquiétez pas, en reparler, même au bout de neuf ans, ça m’aide encore à surmonter…». Et Atika, belle, digne, altière, qui raconte ses tortures, l’électricité, le fouet, les seaux d’eau, «à l’intérieur de la prison, pour nous garder, nous surveiller, c’étaient des femmes, elles étaient tellement insolentes, se souvient-elle, un petit rictus amer qui lui tord le coin des lèvres. Et pour nous interroger, c’étaient des hommes, mais là, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?…». Et Atika se souvient de cette femme aveugle, de 85 ans, que l’on a emprisonnée un jour, elle se souvient des «superbes relations» qu’elle entretenait avec les autres prisonnières, «nous formions une véritable famille, chrétiennes comme musulmanes». Atika est toujours célibataire, les rétines encore pleines de toutes ces images dont elle ne s’est pas encore défaite, et 8 ans de résidence forcée à Kfarchouba… Et l’État, jusqu’à maintenant, ne l’a aidée en rien. Ne lui a rien donné. Mohammed Jaradi, lui, y a passé 4 ans, à Khiam, entre 91 et 95. «La pire des souffrances que j’ai subies pendant tous ces mois, ce n’était pas la torture physique, mais la psychologique : pendant 22 jours, mes geôliers me répétaient qu’ils avaient capturé ma femme et me racontaient, avec tous les détails, comment ils la traitaient». Mohammed raconte qu’on l’a emmené trois fois en Israël, qu’on l’a soumis au détecteur de mensonges, qu’on l’a privé d’eau pendant 3 jours consécutifs, de nourriture, qu’on le torturait sans cesse à l’électricité, «ce n’est qu’au bout de 5 mois que l’on m’a autorisé à avoir mon Maalox près de moi, et mon ulcère qui me rendait fou, complètement fou». Mohammed en a cauchemardé pendant des années, ses tortures qui revenaient interminablement, «torturé pour ne pas avoir collaboré avec l’ennemi, pour avoir refusé d’avertir les profs de l’école de Kfarchouba que les Israéliens voulaient organiser des voyages, pour les enfants, de l’autre côté de la frontière.» Et à sa sortie ? «Ma fille, que je n’avais pratiquement jamais vue, a passé des mois à exiger de sa mère que je parte, elle avait peur de moi, elle refusait de me voir…».
Atika Sleiman a 36 ans. Elle est originaire de Kfarchouba et elle a passé deux ans et demi dans les geôles de Khiam. Vendredi dernier, il y a trois jours, Atika retournait, pour la troisième fois depuis sa sortie en 1991, à Khiam, on y célébrait la journée du prisonnier. Atika avait été arrêtée en 1989, «j’aidais la Résistance», nous a-t-elle dit, tout en...