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Actualités - ANALYSE

Législatives - Echec de la campagne visant à sauver la saison touristique La compression du scrutin suscite des interrogations

L’alchimie politique, qui se concocte dans le secret des Cabinets ministériels, offre décidément bien des mystères. Si M. Michel Murr a voulu surprendre son monde en annonçant ex abrupto la compression du scrutin législatif, qui de trois étapes passe à deux, il a parfaitement réussi. Les professionnels s’attendaient à tout, sauf à ce soudain excès de confiance du gouvernement dans ses capacités d’organisation. Car jusque-là, les responsables soutenaient qu’il n’y avait pratiquement pas moyen, faute d’effectifs, de prévoir moins que trois phases, ajoutant même qu’en réalité quatre ou cinq leur auraient mieux convenu. Comment vont-ils s’arranger, maintenant qu’en plus ils doivent faire voter le Sud et la Békaa-Ouest libérés...? Les professionnels se montrent donc étonnés. D’autant qu’à leur avis le prétexte invoqué, sauver la saison de villégiature, aurait été bien mieux servi si l’on avait tout simplement reporté les élections d’un mois, pour les commencer à dater du 29 septembre. Mais cette suggestion, soutenue comme on sait par le secteur touristique, hôteliers en tête, tombe définitivement à l’eau. Car, en fixant publiquement les dates au 27 août et au 3 septembre, le pouvoir s’interdit de faire machine arrière, sous peine de perdre toute crédibilité. D’ailleurs, assez paradoxalement, la hâte qu’il manifeste risque de valoir au Cabinet des critiques acerbes sur son laxisme et sa mauvaise gestion des affaires publiques. En effet, gouverner c’est prévoir et les fans du ballon rond, soit les trois quarts des Libanais, commencent à grogner autant que les candidats : ils se demandent en effet comment, dans la houle des élections, le pays va pouvoir accueillir la coupe d’Asie de football dont l’organisation lui échoit cette année. De leur côté, les postulants députés affirment qu’il y a beaucoup plus d’électeurs qui n’ont pas encore leur carte électorale que l’Intérieur ne l’avoue. Un report, mais aussi le maintien des trois étapes, auraient été les bienvenus. «Les éditions précédentes, qui se déroulaient en quatre tranches, étaient néanmoins émaillées d’incidents sécuritaires divers. Comment M. Murr va-t-il pouvoir assurer le scrutin calme qu’il promet sur deux étapes seulement, et en rajoutant les régions libérées ?» Les sources proches du département de l’Intérieur répondent en affirmant que «le Sud va être traité comme toutes les autres régions. Les Sudistes libérés vont pouvoir voter dans leurs localités respectives et il n’y aura plus de bureaux pour eux à Beyrouth. Le ministre Murr a signé le décret convoquant le collège électoral pour le 27 août et le 3 septembre, décision qui sera paraphée par le président du Conseil puis par le président de la République sous 48 heures, avant d’être publiée dans le Journal officiel jeudi 6 juillet prochain. L’arrêté précisant la localisation des bureaux de vote dans les différentes circonscriptions paraîtra dans les délais légaux, c’est-à-dire avant le 21 juillet. On va, comme toujours, retenir principalement les écoles publiques ou, à défaut, les sièges des municipalités et les dispensaires. Rien n’est laissé au hasard, les mohafez, les caïmacams et les makhatirs sont alertés et tout devra rouler comme sur des roulettes». Reste la question, vue sous l’angle électoral, des Sudistes réfugiés en Israël. Des sources de la région indiquent à ce propos que «des contacts avec des parties internationales ont lieu pour convaincre ces fugitifs de retourner. Comme la plupart d’entre eux sont partis par peur pure et n’ont jamais collaboré avec l’armée israélienne, ils ne risqueraient pas d’ennuis s’ils revenaient et pourraient participer tranquillement au vote. Mais bien sûr, il faut prendre des mesures pour les rassurer. Et la meilleure initiative ce serait sans nul doute de déployer l’armée». Comme cela paraît hors de question pour le moment, il est douteux que l’on puisse compter sur les voix de ces expatriés volontaires.
L’alchimie politique, qui se concocte dans le secret des Cabinets ministériels, offre décidément bien des mystères. Si M. Michel Murr a voulu surprendre son monde en annonçant ex abrupto la compression du scrutin législatif, qui de trois étapes passe à deux, il a parfaitement réussi. Les professionnels s’attendaient à tout, sauf à ce soudain excès de confiance du...