RFY - L'opposition serbe redoute une extension de la vague de violence Draskovic blessé dans une tentative d'assassinat au Monténégro (photo)

Le principal dirigeant de l’opposition serbe, Vuk Draskovic, est sorti légèrement blessé d’une tentative d’assassinat à l’arme automatique jeudi soir à Budva, au Monténégro. La police monténégrine a arrêté plusieurs suspects a annoncé l’agence yougoslave Beta, citant la télévision monténégrine. La télévision a indiqué que l’une de ces personnes, dont les identités n’ont pas été révélées, avait franchi le mur d’enceinte de la maison, avait grimpé sur un balcon et avait tiré à l’arme automatique par la fenêtre sur M. Draskovic, qui se trouvait dans la salle à manger, selon Beta. Danica Draskovic, épouse de l’opposant serbe Vuk Draskovic, a affirmé de son côté hier que le président yougoslave Slobodan Milosevic et son épouse Mira Markovic étaient derrière une tentative d’assassinat de Draskovic. «Il est clair que derrière cela se tiennent Slobodan Milosevic et son épouse Mira Markovic et leurs escadrons de la mort qui dévastent la Serbie et maintenant le Monténégro, a déclaré Danica Draskovic. Il est encore trop tôt pour dire quels seront leurs prochains gestes», a-t-elle ajouté. L’événement, qui survient après une série d’assassinats inexpliqués en Serbie, a suscité l’inquiétude dans l’opposition serbe, où des responsables redoutaient «une extension de la vague de violence» et un risque de «déstabilisation». M. Draskovic, 53 ans, président du Mouvement serbe du renouveau (SPO), a été touché à une oreille et à une tempe par deux balles lorsqu’un ou plusieurs inconnus ont ouvert le feu sur lui, a indiqué un de ses conseillers, Ognjen Pribicevic. M. Draskovic se trouvait dans une maison que possède sa famille à Budva, station balnéaire sur la côte adriatique monténégrine. «C’est un miracle qu’il soit vivant», a déclaré le conseiller. Il a indiqué que la maison avait été «criblée de balles» et que M. Draskovic était seul à l’intérieur au moment de l’attaque. Le quotidien monténégrin Pobjeda, citant des témoins, affirme que trois hommes postés devant la maison ont ouvert le feu au pistolet automatique et que cinq balles ont été tirées. Des témoins cités par le journal ont vu le chef du SPO sortir de la maison, la tête en sang, accompagné de policiers et de médecins. L’agence officielle yougoslave Tanjug, citant le directeur de l’hôpital de Kotor, Nebojsa Bjelica, a indiqué que M. Draskovic avait été soigné pour deux blessures, une balle ayant traversé une oreille et une autre ayant provoqué une blessure de sept centimètres de long et un centimètre de large à la tempe. Après avoir reçu des soins à l’hôpital de Kotor, à 20 kilomètres environ de Budva, M. Draskovic a regagné la maison, et s’y trouvait toujours hier, sous forte protection de la police monténégrine, a indiqué M. Pribicevic. L’épouse de M. Draskovic, Danica, s’est rendue hier à Budva et a seulement déclaré que le chef du SPO «allait bien», selon le conseiller. La police monténégrine, qui avait déployé d’importants moyens de contrôle dans la nuit, bloquait hier toutes les entrées de Budva, a indiqué un journaliste. Interrogé sur l’origine possible de l’attentat, dont le ou les auteurs n’ont pas été retrouvés, le conseiller a répondu que le SPO n’avait pour le moment «aucune idée ni aucune supposition». M. Pribicevic a dit qu’au moment de l’attentat, M. Draskovic n’avait aucun dispositif de sécurité autour de lui. Le Parti démocratique (DS) de Zoran Djindjic, rival de M. Draskovic au sein de l’opposition serbe, a exprimé son inquiétude. «Il y a un grand danger que la vague de violence ne s’étende, que ne se poursuivent pendant des mois les assassinats de personnalités diverses, hommes politiques, hommes d’affaires», a déclaré Zoran Zivkovic, vice-président du DS. Une série d’assassinats inexpliqués ont été commis à Belgrade ces dernières années, dont ceux de personnalités appartenant au régime du président yougoslave Slobodan Milosevic ou proches de ce pouvoir. Le 31 mai, la vague a atteint le Monténégro avec l’assassinat par un inconnu de Goran Zugic, 38 ans, conseiller pour la sécurité nationale du président réformiste monténégrin Milo Djukanovic, le plus sérieux adversaire de M. Milosevic. Pour Goran Svilanovic, président de l’Alliance civique de Serbie (GSS), «l’atmosphère de peur sera plus grande» après la tentative d’assassinat contre M. Draskovic. «C’est l’un des moyens grâce auxquels on déstabilise le pays et on le dirige par la terreur», a déclaré M. Svilanovic. M. Draskovic affirme avoir déjà été victime d’une tentative d’assassinat en octobre. Lors d’une collision routière au sud de Belgrade, quatre responsables du SPO avaient été tués et M. Draskovic légèrement blessé. Le chef du SPO affirme qu’il s’agissait d’une tentative pour le tuer déguisée en accident de la route, dont il accuse des milieux proches du pouvoir. Depuis, le SPO dénonce régulièrement une «terreur d’État».