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Actualités - REPORTAGES

Vie universitaire - Symbole de l'enseignement supérieur pour les couches sociales les moins favorisées L'UL ne paraît pas constituer une priorité pour le gouvernement

L’année universitaire est pratiquement achevée et l’attention des étudiants et professeurs est braquée sur les examens de fin d’année. La perspective des vacances d’été n’éclipse pas cependant les grands problèmes auxquels est confrontée depuis plusieurs années l’université nationale. Des problèmes aussi bien structurels que conjoncturels. Née des exigences socio-économiques des années cinquante, l’Université libanaise continue à symboliser les espoirs des couches sociales libanaises les moins favorisées. La situation interne au sein de l’UL a été rendue encore plus complexe par la guerre de 1975 avec son lot de transformations sociales et de bouleversements démographiques qui ont eu pour conséquences, notamment, la création des sections dans les régions périphériques du pays. Il y a eu d’abord les sections II, communément appelées les sections des régions Est, et ensuite les autres, celles du Nord, de la Békaa et du Sud. Ainsi, l’UL est devenue au cours des dernières années un vrai enjeu politique pour toutes les fractions libanaises qui jouaient un rôle prépondérant au niveau du mouvement estudiantin. Actuellement, les débats au sein de l’université portent essentiellement sur deux dossiers : la nomination de nouveaux doyens et celle des deux commissaires du gouvernement devant siéger au sein du conseil de l’université et dont les sièges sont vacants depuis plus de 18 mois. En juillet prochain, le mandat de la majorité des doyens actuels (douze sur quatorze) viendra à expiration. Sauf surprise de dernière minute, personne ne s’attend à de quelconques prorogations des mandats des doyens. Mais cette éventualité n’est pas totalement à exclure. Plus d’un précédent existe déjà sur ce plan, dont notamment le cas du recteur Assaad Diab lui-même. À la fin du mandat Hraoui, il a dû attendre plus d’un an pour se voir à nouveau confirmé à son poste. La nomination des doyens à l’université libanaise est un acte qui a une grande portée politique : n’est pas doyen qui le mérite toujours, mais est certainement doyen celui qui représente une fraction politique ou qui a l’appui de certains pôles d’influence. Normalement, un doyen est proposé par ses pairs qui présentent au conseil de l’université une liste restrictive sur base de laquelle l’Exécutif, qui est l’autorité de tutelle, aura à choisir un nom. Depuis que les appétits politiques se sont exacerbés, ce principe a été battu en brèche et on assiste actuellement à une course effrénée entre les uns et les autres pour l’obtention d’un décanat, porte ouverte à plus d’une promotion. Cette réalité a fait du conseil de l’université actuel un mini-Liban, un mini-Conseil des ministres, un mini-Parlement où le grand absent reste les valeurs académiques. Cette répartition politico-confessionnelle dans la nomination des doyens ne permet pas au conseil de l’université d’avancer aussi vite et aussi bien qu’il le devrait. Plus d’un dossier est actuellement en suspens, précisément au nom des intérêts politico-communautaires des fractions représentées par les doyens, membres du conseil de l’université. Y a-t-il moyen de voir l’université dépasser une telle réalité ? Malheureusement, les données présentes ne permettent pas d’être optimiste en la matière. Depuis des années, les appels s’élèvent de partout pour inviter les politiciens à ne plus se mêler des affaires de l’université. Des rapports ont été rédigés par plus d’une partie pour dénoncer cette réalité et pour expliquer que l’université ne peut jamais évoluer tant qu’elle continue à subir tous les desiderata, pour ne pas dire les diktats, des fractions politiques. Mais rien n’y fait. L’Exécutif semble se plaire à laisser l’UL en pâture à la classe politique. Rien ne semble indiquer que d’ici à juillet prochain, les choses pourront changer. Les commissaires du gouvernement Nous nous trouvons actuellement face à un problème qui peut illustrer un état de fait qui prévaut depuis des années au sein de l’université : il s’agit du problème des deux commissaires du gouvernement (au sein du conseil de l’UL) dont la place est toujours vacante depuis plus d’un an et demi. Au sein du conseil de l’université, l’Exécutif est représenté par deux «commissaires du gouvernement». Leur présence au sein du conseil est impérative et ils doivent apposer leur signature au bas de chaque document approuvé par le conseil de l’université. Le gouvernement nomme ses commissaires parmi les personnalités reconnues dans le monde de la culture. Elles peuvent être choisies parmi les professeurs de l’université ou bien de l’extérieur. Les deux derniers commissaires ont été MM. Élie Assaf, actuellement directeur général à la présidence de la République, et M. Marwan Sayed, membre du comité de dialogue islamo-chrétien. Le mandat de MM. Assaf et Sayed a expiré depuis plus de 18 mois. Dans ces conditions, le travail du conseil de l’université peut certainement être entaché d’illégalité. Bien que le silence soit fait sur la question, il est unanimement admis que le conseil se devait de poursuivre son travail en dépit du fait que les décisions prises depuis que ces deux postes sont vacants puissent faire l’objet d’un recours devant le Conseil d’État pour non conformité avec les règlements internes de l’université. À part l’aspect réglementaire du problème, les commissaires du gouvernement peuvent jouer un rôle régulateur et modérateur au sein d’un conseil profondément politisé. Ils peuvent, à eux seuls, tirer la sonnette d’alarme au moment où un quelconque déséquilibre viendrait à se manifester. Cette réalité confirme le fait que l’UL ne paraît pas constituer une priorité gouvernementale. Comment expliquer, autrement, cette négligence de la part du gouvernement qui laisse fonctionner une institution en l’absence de ses propres représentants dont le rôle de modération et de régulation est de première importance ? D’aucuns affirment, pour défendre la position de l’Exécutif sur ce plan, que «le ministre de tutelle, en l’occurrence le ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, peut, lui, remplacer ces deux représentants du fait que c’est à travers lui que les dossiers de l’université transitent pour aboutir sur la table du Conseil des ministres». Mais un tel argument ne tient pas compte de la connivence qui est susceptible de se créer entre le conseil de l’université et le ministre de tutelle, parallèlement aux «marchandages» qui pourraient s’ensuivre. Dans les coulisses de l’université, nombreux sont ceux qui dénoncent cette réalité. Certains soulignent sur ce plan que plus d’une décision qui frise l’irrégularité, prise au sein du conseil de l’université, n’aurait pas pu passer sans la couverture de l’autorité de tutelle. Ces données apportent la preuve, si besoin est, que le sort de l’Université libanaise ne semble pas intéresser les autorités en place. Plusieurs milieux s’interrogent sur les causes de cette apparente indifférence. Est-ce pour la laisser en pâture aux politiciens ? Est-ce pour l’utiliser comme lot de consolation aux uns et aux autres? Comment un État peut-il se désintéresser de la sorte du sort de 52 mille étudiants dont il a la charge en autorisant le conseil de l’université à travailler dans l’illégalité ? Toutes ces interrogations ont été soulevées par plus d’une partie et les réponses se font toujours attendre au grand dam de tous ceux qui ont fait du sort de l’université nationale le centre de tout leur engagement social.
L’année universitaire est pratiquement achevée et l’attention des étudiants et professeurs est braquée sur les examens de fin d’année. La perspective des vacances d’été n’éclipse pas cependant les grands problèmes auxquels est confrontée depuis plusieurs années l’université nationale. Des problèmes aussi bien structurels que conjoncturels. Née des exigences...