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Actualités - REPORTAGES

Liban-Sud - Dispensaires ambulants et villages désertés Bint-Jbeil et Debl : entre prise en charge et abandon

Seize jours déjà que l’armée israélienne s’est retirée du Liban-Sud. Quelques centaines de gendarmes libanais ont été déployés dans la zone. Tandis que l’armée se fait toujours attendre, la région qui était contrôlée militairement jusqu’au 24 mai dernier par l’Armée du Liban-Sud (ALS) l’est actuellement par le Hezbollah et ses alliés. Ce sont les combattants et les militants du parti de Dieu qui sont désormais maîtres du terrain. Dès le mercredi 24 mai, non seulement ils ont pris en charge les positions militaires et frontalières mises en place par les membres de l’ALS, mais aussi l’infrastructure sociale que ces derniers avaient créée au fil des ans. Ainsi dans la localité de Bint-Jbeil et ses environs, les travaux de réhabilitation ont commencé. L’association du Djihad pour la construction a entamé la restauration des maisons de ceux qui se sont réfugiés depuis plus d’une quinzaine d’années dans la banlieue sud de Beyrouth et dans d’autres zones du pays. Les familles qui bénéficient de l’aide de l’organisme pourront donc rentrer dans leur village bien avant que l’assitance du ministère des Déplacés ne leur soit assurée. Une autre association médico-sociale celle-ci, le comité islamique pour la santé, qui dépend également du Hezbollah, tient l’unique établissement hospitalier privé de l’ancienne zone de sécurité : l’hôpital de Bint-Jbeil. L’ancien directeur, un médecin de Aïn Ebel, est actuellement en prison. Le jour du retrait israélien, il s’est livré aux autorités libanaises. Construit par le gouvernement libanais au début des années soixante-dix, cet établissement de Bint-Jbeil a été détruit par les raids israéliens durant l’opération du Litani (1978). Au début des années 80, le commandant Saad Haddad ancien chef de l’ALS, décide d’édifier un important dispensaire au même endroit. Quelques mois plus tard, le dispensaire s’agrandit pour devenir un hôpital ayant une capacité de 41 lits et dispensant divers services vitaux pour les habitants de la zone, notamment une aile de pédiatrie et de soins intensifs. Depuis le retrait israélien, le comité islamique pour la santé a aussi mis sur pied une dizaine de dispensaires ambulants dans les villages de la bande frontalière. Ces ambulances fournissent des médicaments et des soins. Le même comité a aussi pris en charge, dans quelques villages chiites, les dispensaires créés au fil des ans par l’ALS et désertés à la suite du retrait israélien. Ils ne reviendront pas de sitôt Les dispensaires des villages chrétiens, qui relevaient de l’ALS, ont été abandonnés et leurs médicaments épuisés. À Debl par exemple, où l’infirmière en charge du centre a quitté la localité, les quelques habitants qui restent et qui sont pour la plupart du troisième âge comptent désormais sur les soins dispensés par Caritas et par l’Ordre souverain de Malte. Ces derniers sont présents dans certaines régions de la zone (comme à Yaroun), depuis plus d’une dizaine d’années. Pesante et triste est l’atmosphère de Debl. Des 2 300 habitants qui vivaient dans ce village exclusivement maronite avant le retrait israélien, moins de 900 sont restés sur place. Ce sont surtout des personnes assez âgées. Des hommes et des femmes qui ont collé sur les fenêtres de leurs maisons des portraits du président de la République Émile Lahoud et des drapeaux libanais comme pour éloigner on ne sait quelle malédiction. La malédiction : des familles entières originaires du village attendent toujours au bord du lac de Tibéraïde. «On a perdu tout contact avec eux… en tout cas, on ne les verra pas revenir de sitôt», notent avec rancœur des hommes qui ont dépassé la soixantaine et qui n’ont jamais vu leur village aussi désert. Livrées au désespoir depuis seize jours ces personnes, dont des membres de leurs familles ont fui derrière une frontière toute proche mais inaccessible, se demandent si l’angoisse cédera un jour le pas à l’espoir. Il y a quelques jours, des coups de feu avaient retenti dans le village de l’ancien numéro 2 de l’ALS, Akl Hachem, abattu le 30 janvier dernier et dont tous les membres de la famille et les parents proches se sont réfugiés en Israël. Quelqu’un s’était acharné sur un chien noir qui demeurait dans une petite maison abandonnée et brûlée à la lisière de la localité. Le berger allemand de Hachem gardait toujours le chalet où son maître avait péri. Plusieurs fois par jour, des convois du Hezbollah, décorés de drapeaux jaunes et diffusant une musique militaire à fond la caisse sillonnent les rues du village. «Ils viennent voir les collaborateurs», chuchote un homme avec amertume. «C’est comme si nous étions des bêtes de cirque», ajoute un autre avec consternation...
Seize jours déjà que l’armée israélienne s’est retirée du Liban-Sud. Quelques centaines de gendarmes libanais ont été déployés dans la zone. Tandis que l’armée se fait toujours attendre, la région qui était contrôlée militairement jusqu’au 24 mai dernier par l’Armée du Liban-Sud (ALS) l’est actuellement par le Hezbollah et ses alliés. Ce sont les combattants...