L'irréductible Bécharré

À Bécharré, c’était un dimanche juste comme les autres, il y a eu deux mariages. Sauf que, malheureusement, un jeune homme de 24 ans qui a tenté de se suicider samedi, terrible chagrin d’amour, est décédé hier. Il n’empêche, au lendemain de la mort, également, du président syrien, les fils de Bécharré soulignent l’intransigeante neutralité de leur ville, «il n’y a ni joie ni tristesse. Que Dieu ait son âme, il vaut mieux dire ça, non»? À Bécharré, ce sont les commerçants de la rue principale qui nous posaient les questions. Sur les répercussions de ce décès sur le Liban, ils sont optimistes, «les choses vont changer, il faut que les 35 000 soldats syriens s’en aillent, mais pas les travailleurs, sinon l’agriculture locale serait anéantie», préviennent-ils. À Bécharré la fière, il n’y a évidemment ni drapeaux ni portraits, les magasins de la ville ne fermeront pas non plus, «nous ne suivrons que les directives de l’État». Une dernière rencontre, avant de rejoindre Beyrouth, quatre jeunes de Bécharré, entre 17 et 19 ans, dont un Australien, leurs soucis sont autres, leurs mots tranchent au milieu de toute cette neutralité, de ce flou consensuel et implicite, «nous espérons que cette mort soit le prémisse d’un nouveau Liban, et si le fils agi comme le père, à quoi sert-il d’espérer, à quoi sert-il de demander la libération des trois quarts du territoire libanais des 35 000 soldats syriens ?» Irréductible Bécharré...