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Actualités - ANALYSE

Le sort politico-sécuritaire du Sud reste en balance

En attendant que la situation se décante, une double question se pose : –Va-t-on clore pour de bon le dossier Sud et stabiliser cette région une fois pour toutes, qu’il y ait la paix ou non ? – Va-t-on, en s’abstenant de déployer l’armée même après le départ des Casques bleus, opter pour une formule de trêve précaire dont l’éventuelle violation mettrait la région en danger de guerre ? Décryptant ces interrogations, un ancien ministre développe l’exposé historique suivant : – «Jadis, le conflit sur le rôle de la Résistance palestinienne avait suscité une controverse générale concernant les missions comparées de l’armée libanaise et de la Finul. C’est ce même thème, maintenant articulé sur le rôle de la Résistance islamique, que l’on retrouve après le retrait israélien. Faut-il rappeler qu’avant la 425, les Libanais étaient divisés sur le recours à une force internationale, indispensable selon les uns, tout à fait préjudiciable selon les autres. Les pôles d’influence, les députés de l’époque et même les pays arabes étaient partagés sur la question. L’OLP était hostile à une présence militaire internationale qui restreindrait la liberté de mouvement dont elle usait, sans trop tenir compte des répercussions sur le Liban. Les membres permanents du Conseil de sécurité n’étaient pas non plus d’accord entre eux sur les moyens à mettre en œuvre pour stopper les agressions israéliennes contre ce pays. Les États-Unis, tout en convenant qu’Israël ne devait pas faire irruption en territoire libanais, opposaient leur droit de veto à toute résolution condamnant uniquement l’État hébreu. Ils ajoutaient que la seule solution serait de résoudre le contentieux arabo-israélien dans son ensemble, ce qui se répercuterait favorablement sur le cas libanais. L’Union soviétique avait pour sa part publié un communiqué réclamant une telle condamnation et exigeant qu’Israël se retire. Les autres membres permanents du Conseil de sécurité restaient sur la réserve, la France et la Grande-Bretagne penchant toutefois pour l’envoi d’une force de paix, à condition qu’il y ait accord sur sa mission et sur sa composition. Israël pour sa part refusait de quitter le Liban-Sud sans garanties sécuritaires sur le terrain. Il faisait valoir que le Liban, en signant la convention du Caire en1969, avait laissé les coudées franches à la Résistance palestinienne et dénoncé de la sorte la convention d’armistice de 1949». «Finalement, après de laborieuses tractations entre Beyrouth et New York, le texte suivant a été adopté : “Le Conseil de sécurité appelle à un respect catégorique de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’indépendance politique du Liban, dans la limite de ses frontières internationalement reconnues. Le Conseil enjoint à Israël de cesser immédiatement ses opérations militaires dirigées contre l’intégrité territoriale libanaise, et de retirer aussitôt ses forces de toutes les terres libanaises. À la lumière de la demande du gouvernement libanais, le Conseil décide la création immédiate, sous son autorité, d’une force intérimaire relevant des Nations unies pour le Liban-Sud. Dans le but de vérifier le retrait des forces israéliennes, d’instaurer la paix et la sécurité internationales, d’aider le gouvernement libanais à s’assurer du rétablissement de son autorité effective sur la région. Les contingents de cette force seront formés par des pays membres de l’Onu”. «L’Urss, rappelle cet ancien ministre, était hostile au départ à la mise sur pied d’une force internationale et n’en a accepté la formation qu’à la condition expresse que des mesures directes soient prises pour que le gouvernement libanais rétablisse son autorité de fait au Sud. Cependant, les membres du Conseil ont été tous d’accord pour que la mission de la Finul ne fût pas assujettie au fameux chapitre sept, répressif, de la Charte des Nations unies. En d’autres termes, c’est une force de maintien de l’ordre et non une force de dissuasion qui allait être envoyée au Sud. La 425 a donc été publiée, l’URSS s’abstenant de voter et la Chine d’assister à la séance de promulgation. La résolution a été suivie de la 426 qui en est le décret d’application». «De ce passé, on retient notamment, poursuit le vétéran cité, que les deux superpuissances de l’époque, les USA et l’URSS, traitaient pareillement le cas du Liban-Sud comme faisant partie intégrante du contentieux global arabo-israélien. Israël en a profité pour s’incruster, créer ce qu’il appelait la ceinture de sécurité et continuer à perpétrer des agressions contre le Liban, sans hésiter parfois à prendre la Finul dans sa ligne de mire. Faute d’un soutien cohérent de la part des nations amies et surtout des Arabes, qui se dérobaient à cause de l’OLP, le Liban n’avait pu obtenir la concrétisation de la 425». «Aujourd’hui, ajoute cet ancien ministre, les positions par rapport au rôle de la Finul comme au déploiement de l’armée sont différentes de ce qu’elles étaient avant le retrait. L’Occident, USA en tête, souhaite voir le Sud pacifié, stabilisé pour de bon. Ce qui implique à son avis l’arrêt total d’opérations de résistance qui n’ont plus lieu d’être et le déploiement de l’armée. Les Arabes sont pour leur part divisés. Certains, comme l’Égypte, partagent le point de vue de l’Occident. D’autres soutiennent que la stabilisation est dans le seul intérêt d’Israël, ne permet pas la récupération de Chebaa ou du Golan ; et ne sert pas la réalisation d’une paix équitable dans la région. Les Libanais eux-mêmes sont divisés. Les uns veulent une pacification effective du Sud, pour promouvoir les investissements et le redressement économique du pays. Les autres affirment que la Finul ne doit pas avoir de contrôle et que l’armée ne doit être déployée qu’en temps opportun, pour que la carte du Sud puisse encore servir dans les négociations». Où règne le jumelage.
En attendant que la situation se décante, une double question se pose : –Va-t-on clore pour de bon le dossier Sud et stabiliser cette région une fois pour toutes, qu’il y ait la paix ou non ? – Va-t-on, en s’abstenant de déployer l’armée même après le départ des Casques bleus, opter pour une formule de trêve précaire dont l’éventuelle violation mettrait la région...