Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Bande frontalière - La zone de sécurité coupée en deux L'ALS se disloque, le Hezbollah à la frontière d'Israël (photos)

Les unités à majorité chiite de l’Armée du Liban-Sud se sont brusquement disloquées, hier, dans le secteur central de la zone occupée. Par dizaines, les membres de cette milice ont pris la fuite en ordre dispersé. Abandonnant leurs positions, les miliciens se sont rendus au Hezbollah, au mouvement Amal ou à l’armée. Pour effacer le goût amer de sa défaite, l’État juif a multiplié les attaques aériennes, les bombardements d’artillerie et même les bombardements de l’artillerie navale, pour contenir le flot de civils et miliciens envahissant les villages que ses soldats avaient cédés à l’ALS. Ces tirs ont fait cinq morts et une trentaine de blessés parmi la population civile et poussé le chef du gouvernement à déposer une plainte devant le Conseil de sécurité. À la suite de ces morts, le gouvernement israélien a ordonné à la population civile du Nord israélien de descendre dans les abris. La zone investie par les miliciens du Hezbollah et la population civile couvre une dizaine de villages, ainsi que la route Bint Jbeil-Marjeyoun, jusqu’à Aadaïssé, en passant par Aïnata, Aaïtaroun, Blida, Meiss el-Jabal, Houla et Markaba. La zone libérée comprend aussi les villages de Srobbine et Rchaf. Le lieutenant-colonel Robin Abboud, responsable de l’ALS dans le secteur déserté par les miliciens, a fait une dépression et a été hospitalisé à Marjeyoun, selon des sources médicales. Clivage confessionnel Le phénomène de désertion collective n’intéressait encore, hier, que le secteur centrale de la bande frontalière. Les secteurs à dominante chrétienne ou druze, comme Marjeyoun et Hasbaya, à l’Est, sont restés aux mains de la milice, de même que des villages de l’ouest de la zone, comme Rmeich et Aïn Ebel, à forte composante chrétienne. Toutefois, dans ces régions, notamment à Hasbaya, les prémices d’une dislocation d’autres unités sont perceptibles. Dans les villages à dominante chrétienne, il est hors de question de se livrer, sinon aux autorités libanaises ou aux forces internationales. L’effondrement des unités chiites de l’ALS semble le fruit conjugué de pressions militaires, confessionnelles et politiques. Le Hezbollah a notamment habilement joué du facteur purement confessionnel en prenant la tête des convois de civils qui attendaient impatiemment l’heure de pouvoir regagner leurs foyers dans les zones évacuées par l’armée israélienne. Comme la veille dans cinq autres villages, des milliers d’habitants, escortés par des combattants du Hezbollah ou d’Amal, ont regagné la dizaine de nouveaux villages désertés par l’ALS, que certains avaient fuis en 1978, lors de l’invasion israélienne. Les autorités israéliennes se sont déclarés suprises par ce flux de la population civile. Tirs de dissuasion Le retour ne s’est pas fait sans drames. Étonnamment, les tirs de dissuasion israéliens n’ont pas découragé les habitants, qui ont persévéré dans leur volonté de rentrer dans leurs foyers au risque d’être blessés par les hélicoptères Apache qui guettaient les routes et les points de passage. Non moins de cinq civils sont morts et 31 autres ont été blessés sous les tirs désordonnés, l’artillerie et l’aviation israélienne ayant fait feu pour tenter d’arrêter ce flot, qui menaçait de déborder sur les secteurs encore occupés par Israël. Hussein Karnib et Ali Jaffal ont été tués dans des chutes d’obus sur le village de Rchaf. Un jeune homme, Sleimane Rammal, a été fauché par un obus de char à Aadeïssé. Deux autres civils ont été tués par des tis de mitrailleuse qui ont touché leur voiture alors qu’ils se rendaient de Houla, qui venait d’être évacuée, vers Meiss el-Jabal. L’artillerie israélienne a tiré en matinée pour empêcher des centaines de civils de gagner Bint Jbeil, dans le centre ouest de la zone, les faisant refluer en désordre vers le point de passage de Beit Yahoun. Huit civils ont été blessés dans deux incidents distincts lors du bombardement du point de passage de Beit Yahoun. Sept habitants de Srobbine, un village adjacent, également abandonné par l’ALS, ont en outre été blessés par les éclats d’obus. À Rchaf, en outre, cinq habitants, dont une femme et deux enfants, ont été blessés dans la chute d’obus après l’abandon des miliciens de l’ALS de leurs postes dans cette localité. Sept autres civils ont été blessés par des tirs israéliens alors qu’ils se trouvaient sur les routes menant aux villages libérés de Markaba, Aadaïssé et Meiss el-Jabal. Par ailleurs, quatre miliciens d’Amal ont été sérieusement blessés par un obus à fléchette alors qu’ils se rendaient dans une position abandonnée par l’ALS à Baraachit. À un jet de pierre de Kyriat Shmona Quelques heures après les tirs sur le point de passage de Beit Yahoun, une centaine de miliciens venus de Bint Jbeil et de Aïnata, ont abandonné leurs positions, contourné le point de passage vers Beit Yahoun dont la barrière était fermée et se sont livrés en masse à l’armée, au point de passage de Beit Yahoun. Après cette reddition, des centaines de civils se sont avancés à pied ou en voiture vers Bint Jbeil, consacrant la coupure en deux de la zone de sécurité établie par Israël, déjà entamée par la récupération de Markaba et Aaïtaroun, sur la route de Marjeyoun. À l’issue de cette journée historique, la bande frontalière occupée a brusquement changé de visage. Dans des villages comme Aadaïssé, le Hezbollah n’est plus qu’à un jet de pierre de Kyriat Shmona. Les miliciens qui se trouvaient à Aadaïssé se sont repliés vers Kfar Kila, où un point de passage, «la porte de Fatima», est emprunté par les travailleurs libanais pour se rendre en Israël. Des tanks et des blindés supplémentaires ont en outre été acheminés ou postés à l’entrée de Kfar Kila, verrou de la région de Marjeyoun. Plusieurs obus ont été tirés en direction de Aadaïssé, ont constaté des témoins, sans attirer de réponse. Une cinquantaine d’officiers de l’ALS ont fui en voiture vers Israël avec leur famille, selon des information concordantes, alors qu’une atmosphère de débandade était perceptible dans les rues de Marjeyoun, quartier général des forces israéliennes et de l’ALS.
Les unités à majorité chiite de l’Armée du Liban-Sud se sont brusquement disloquées, hier, dans le secteur central de la zone occupée. Par dizaines, les membres de cette milice ont pris la fuite en ordre dispersé. Abandonnant leurs positions, les miliciens se sont rendus au Hezbollah, au mouvement Amal ou à l’armée. Pour effacer le goût amer de sa défaite, l’État juif...